Chapitre 65 : Les excuses.

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LÉANDRE.

Antoine est parti à une vitesse fulgurante avec Paul, sûrement pour se calmer. Je n'ai même pas eu le temps de voir par quelle direction ils sont partis. La sécurité emmène tous les joueurs français et italiens dans leurs vestiaires respectifs. Le match est sensé reprendre dans dix minutes, mais sera retardé d'une demie-heure le temps de régler la situation, selon mon oncle.

Alors que je suis avec Elsa et d'autres joueurs, dans les vestiaires, en train de discuter de ce qu'il vient de se passer, Didier apparaît dans les vestiaires avec le sélectionneur italien et le joueur en question. Mon sang bout en moi, je n'ai qu'une seule envie : lui décoller mon poing en pleine figure. Cependant, je me retiens. Je ne peux pas laisser ma haine parler, je ne peux pas. Pour mon oncle, pour moi-même, ni même pour Antoine dans son tout nouveau poste de capitaine de l'équipe.

Les garçons ont l'air super énervés eux-aussi. Je suis quand même satisfait de voir leur réaction, ça montre qu'ils tiennent quand même à Antoine et qu'ils le soutiennent. Je comprends qu'ils ne disent rien et ne fassent rien, ce n'est pas leur rôle.

— Où sont Antoine et Paul ? Demande mon oncle en me regardant.

Je ne réponds pas. Je vois dans son visage qu'il a l'air super remonté et ça m'énerve encore plus. Putain.

— Partis, répond Kylian à ma place.

Mon regard est rivé sur l'homophobe aux côtés de son sélectionneur. Il est là, comme si rien ne s'était passé. Il feint d'être désolé alors qu'on sait tous ici qu'il ne l'est pas. Les gens comme ça ne sont jamais désolés d'être homophobes. Ils prétendent l'être pour ne pas subir les conséquences ni même obtenir des répercussions qu'ils ne souhaitent pas avoir. Mais être réellement, véritablement désolé ? Je n'y crois pas. Et je sais que c'est ce que nous allons obtenir de sa part : de plates excuses.

— Pas grave, je vais le dire ici et je leur dirai à eux-aussi. Le joueur Giacommetti est désolé de son comportement inapproprié envers Antoine. J'ai beaucoup discuté avec Roberto Mancini ici présent, un tel comportement ne se reproduira plus. Préparez-vous, le match ne saura tarder de reprendre.

Le sélectionneur prononce quelques paroles en italien à mon oncle que je ne comprends pas. Et là, j'ai l'impression de tomber au sol. Comment ça c'est tout ? Il n'a même pas prononcé une seule parole ce connard et il va retourner sur le terrain comme si rien ne s'était passé ? C'est une vaste plaisanterie j'espère ?

— C'est tout là ? Demandé-je avant qu'ils ne franchissent le seuil de la porte.

Je peux entendre mon oncle soupirer. Les joueurs sifflent et montrent aussi leur mécontentement. Les deux sélectionneurs et le joueur ne quittent donc pas la pièce, s'étant retourné vers moi.

— Il ne va même pas être puni pour ce qu'il a dit ?! M'exclamé-je, me levant de mon siège. De plates excuses ne peuvent suffire pour un tel comportement.

Je m'approche de mon oncle. Je le vois bien que ça le met dans l'embarras ce que je suis en train de faire, mais je m'en fiche. Je ne peux pas laisser ça couler. Là, ce n'est même pas que par rapport à Antoine. C'est pas rapport à nous deux, à lui et à moi. Je ne peux pas laisser un connard prononcer à tout-va des propos homophobes concernant mon couple.

— Je le sais bien, Léandre. Dit mon oncle. Mais que veux-tu que je fasse ? Je ne peux pas revenir dans le passé et empêcher ce qu'il s'est produit.

— Non, parce que de telles paroles ne peuvent pas être effacées, rétorqué-je en dévisageant le joueur italien.

— Qu'est-ce que tu voudrais que je fasse, hein ? Me demande Didier, s'énervant. Dis-moi.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant