Chapitre 33 : Lyon.

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ANTOINE.

Clinique Part Dieu, Lyon.

Il y a une raison pour laquelle j'avais décidé de rester seul après ma rupture avec Erika. Pas parce que je pensais être heureux seul. Mais parce que j'avais peur de tomber tellement amoureux de quelqu'un et que tout partait en vrille.. Je ne pourrais pas m'en remettre. En vérité, c'est plus facile d'être seul. Parce que j'avais peur de redécouvrir ce sentiment de dépendance.. ce sentiment d'être tellement amoureux de quelqu'un.. de redécouvrir ce que c'était d'avoir l'amour de cette personne.. de se reposer totalement sur quelqu'un.. de reconstruire toute sa vie autour de cette personne. Et soudainement, tout s'écroule. Est-ce que j'aurais encore la force de devoir surmonter autant de souffrance ? Perdre la personne qu'on aime, c'est comme mourir de l'intérieur. La seule différence entre la mort et le souffrance ? C'est que la mort mène à une fin, quant à la souffrance.. ça peut durer infiniment.

Dans des moments comme ça, on se met à penser à tout. Tout ce qu'on voulait dire et que nous aurions dû dire. Parfois, on laisse passer chaque opportunité qui pouvait nous permettre de dire à quel point on aime une personne. Mais « je t'aime », ce n'est pas suffisant. Pas quand c'est la personne qu'on aime comme un fou. Léandre.. j'aurais tellement dû lui dire plus que ça. J'aurais dû lui dire à quel point il m'a sauvé la vie — littéralement. À quel point il a changé ma vie, et pas négativement. Positivement. J'aurais dû lui dire que je veux jamais passer une seule seconde de plus sans lui dans ma vie. Tant de choses qui me viennent en tête. Tant de choses qui me font mal. Tant de choses qui me détruisent de l'intérieur. Tant de choses. C'est ça.. tant de choses. Tant de choses à déclarer car, tout ce qu'on a aujourd'hui, il faut en profiter au maximum car, du jour au lendemain, tout peut disparaître.

Je suis seul, assis dans cette salle d'attente. Je ne sais pas quoi faire. Que suis-je sensé faire ? Ça fait des heures que je suis assis là, dans cette clinique. Aucune nouvelle, rien. Je ne suis pas de la famille, je ne peux rien savoir. Et en plus, je suis obligé d'être sous cette foutue casquette, sous ces foutues lunettes de soleil et sous cette foutue capuche pour que personne ne me reconnaisse de près ou de loin. J'ai l'impression de mourir sur ces chaises, l'impression de m'enraciner tellement le temps est long.

— Antoine ? Me demande une voix familière.

Je relève la tête et je vois une femme que je ne connais pas, mais c'est sa voix qui me fait l'identifier. C'est la mère de Léandre. Elle est grande pour une femme, ça me change de d'habitude et ça me fait paraître petit. Elle a les cheveux acajous en carré, ses yeux sont marrons comme Léandre. Je me lève et elle me prend dans ses bras. Elle se met à pleurer et je la serre contre moi instinctivement.

— Les médecins t'ont dit quelque chose ? Me demande-t-elle en retirant son étreinte.

Elle essuie ses larmes et on vient s'asseoir.

— Non, ils ne veulent rien me dire. Je ne fais pas partie de la famille, expliqué-je.

— Tu es donc sans nouvelles depuis ?

— Hormis l'appel que j'ai eu de votre part me disant que vous veniez et qu'il était ici, je n'ai rien eu. Je suis venu immédiatement et j'attends depuis. Ils n'appellent que la famille proche dans ces cas-là.

Je la vois soupirer et baisser les yeux au sol.

— Vous voulez un café ? Lui demandé-je.

— Je veux bien, oui.

Je pars donc vers la machine à café. Je mets les pièces jaunes que j'ai dans la poche et je prends deux cafés. Je rejoins la mère de Léandre et je lui tends.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Where stories live. Discover now