Chapitre 61 : Dans cet hôpital.

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LÉANDRE.

Le lendemain.

Ça fait maintenant des heures que nous attendons qu'il se réveille. Des heures qu'il est revenu de son opération. Des heures que je ne peux m'empêcher de réfléchir encore et encore. Je ne sais même pas trop ce que je fais ici à attendre. J'aurais pu aller quelque part, j'aurais pu tourner en rond ailleurs. Mais non, je suis là, dans cette chambre à attendre qu'il se réveille. Putain, ça me fait tellement mal de le voir dans cet état dans ce lit d'hôpital.

Dieu merci, il est toujours parmi nous. J'ai tellement eu peur qu'il ne s'en sorte pas. Tellement peur que je perdre encore un frère. Tellement peur de perdre encore quelqu'un.

Assis sur une chaise, je suis à son chevet. Ça me fait penser à Antoine. J'ai l'impression d'être de retour en novembre où il était dans un lit et où j'étais à son chevet, attendant qu'il se réveille. Décidément, je me demande si ce n'est pas juste une fatalité pour moi. Si je ne suis pas destiné à devoir être le spectateur dans cette vie, regardant tout ceux que j'aime mourir ou presque.

La porte de la chambre s'ouvre sur Antoine. Je relève ma tête alors qu'il s'approche de moi. Il vient déposer un baiser dans ma chevelure, posant ses mains sur mes épaules.

— Ta mère est dans la salle d'attente, elle veut te voir. Me chuchote-t-il. Je prends le relais.

Je viens regarder Estéban. Il n'est toujours pas réveillé. Les médecins disent que ce n'est qu'une question d'heures, que tout va bien et ira bien. Je viens déposer un baiser sur sa main que je tiens entre les miennes. Je me lève et pars en direction de la salle d'attente.

Je ne sais pas trop ce que ma mère fait ici. Je ne lui ai pas parlé depuis ce fameux soir où j'ai eu des pensées sombres. C'est assez ironique au vu de la situation. Je n'ai toujours pas avalé ce qu'elle a demandé à Antoine de faire. Elle lui a demandé de me quitter — même si brièvement, ça reste quand même une rupture. Comment a-t-elle pu penser que c'était la solution ? Je l'appelais pour lui dire que j'avais envie de mettre fin à ma vie, et elle demande à mon mec de me quitter pour que j'aille mieux ? Où est la logique dans tout ça ? J'ai beau remuer cette situation dans tous les sens, il n'y en a aucun où je peux décoder un semblant de logique.

Je la vois, seule, assise sur une chaise. Elle remarque ma présence grâce aux bruits de mes pas. Elle se lève et se dirige vers moi. Elle veut pour me prendre dans ses bras mais je l'en empêche. Je n'ai clairement pas envie de l'enlacer. Après tout, je ne lui ai certes pas parlé pendant tout ce temps, mais elle n'a pas non plus cherché à me contacter. Certes, elle est venue à ma fête de fiançailles. Et ? On ne s'était qu'à peine parlé lors de ce jour. Depuis, rien.

— Tu voulais me voir ? Demandé-je, impassible.

— Oui, j'ai su. Je me suis dit que je devais passer voir comment tu allais, ainsi qu'Estéban.

— Il ira bien. Merci de t'en soucier. Justement, je vais retourner à ses côtés.

Je ne veux pas discuter avec elle. Je ne veux pas parler avec elle alors que j'ai tant de choses sur le coeur et alors qu'elle a elle aussi tant de choses à déballer qu'elle ne fait pas. C'est ainsi que je tourne les talons et commence à repartir vers la chambre de mon frère. Cependant, elle m'en empêche.

— Tu voulais mettre fin à tes jours, Léandre ! S'écrie-t-elle. J'ai pensé sur le moment à ce que je pensais de meilleur pour toi.

Je me stoppe et je me tourne vers elle.

— Tu veux vraiment faire ça ici ? Dans cet hôpital ? Dans l'hôpital où... 

Je ne dis rien de plus. Mais elle ne relève pas non plus le mot sur ma question. Super, ici ce sera alors. Putain. Et puis quoi ? Elle a pensé à moi ? A-t-elle vraiment pensé à moi lorsqu'elle a demandé à Antoine de me quitter ? 

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Where stories live. Discover now