CHAP 17 (P-III): Un soleil qui ne doit jamais se coucher

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"Avelen ? C'est vous ?"

La silhouette, désormais familière, de Thranduil lui apparut alors. Ce n'était pas la première fois qu'ils se retrouvaient, mais là, elle ne ressentit qu'une intense joie. Quelque chose de profond qu'elle n'arrivait pas à expliquer. Comme si elle se sentait revenue à la maison. Oui, c'était ça, elle se sentait à la maison.

"Je suis revenue Aran nîn Murmura la jeune femme

- Mais vous êtes blessée !"

Le roi elfe se précipita vers elle et passa immédiatement le bras droit autour de la taille de la jeune femme pour la soutenir. Il hésita quelques secondes avant de la conduire vers le bâtiment ou l'infirmerie de la ville s'était installée.

"Un soigneur ! Vite !"

Reconnaissant sûrement la voix, Airin surgit de derrière un paravent et ouvrit de grands yeux ronds en voyant Avelen. Il fallait dire qu'elle était dans un sale état. Son bras blessé pendouillait misérablement et sa jambe brisée tout autant et d'autres blessures attendaient, sous ses haillons, d'être découvertes. Ce n'était pas un spectacle très réjouissant. La jeune soigneuse se précipita alors à leur rencontre et vint aider son roi à supporter Avelen.

"Avelen, que s'est-il passé ? Demanda Airin, inquiète

- J'ai été prise dans une embuscade, je pense que ma jambe et mon bras sont cassés... mon épaule est aussi disloquée"

Airin la força à s'asseoir puis à s'allonger. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait son amie dans un sale état. Elle l'avait vue mordue par une araignée, puis inconsciente, car épuisée par ses blessures. Non, ce n'était pas la première fois. Toutefois, quelque chose semblait avoir changé. Malgré ses blessures, elle se tenait plutôt bien, elle n'avait pas perdu connaissance et parlait clairement. Est-ce que c'était encore une fois son manque de considération personnelle qui parlait ou autre chose ? Ça, c'était la question.

Airin manipula Avelen pendant une dizaine de minutes alors que Thranduil restait là, planté, littéralement. Il avait gardé son calme, car ils étaient en public, mais ces derniers jours. Il avait été très inquiet. En le voyant, Avelen fronça les sourcils, elle ignorait combien de temps, elle était partie.

"Suis-je partie longtemps Thranduil ?

- Cela fait plus de trois semaines que nous n'avons plus aucune nouvelle Avelen, j'étais extrêmement inquiet Lui répondit l'elfe avec le plus de calme possible

- Nous l'étions tous, Ajouta Airin en terminant ses manipulations bon, tu as, en effet, l'épaule disloquée, le bras cassé et la jambe aussi, j'examinerais plus en détail plus tard, car tu as de nombreuses brûlures et des ecchymoses un peu partout"

Elle parlait de "plus tard" car elle pouvait sentir l'inquiétude du roi et l'hésitation d'Avelen. Il était évident que le sinda était très inquiet et elle n'aurait pas voulu que sa présence incite Avelen à cacher d'éventuels traumas.

Dès que le roi fut reparti, rassuré par Airin, celle-ci s'occupa de son amie. Elle lui replaça l'épaule et immobilisa son bras. Elle savait grâce au roi que Avelen était capable de cicatriser seule, mais en la voyant dans cet état elle avait un doute.

"Avec les marques que tu as sur le corps, Avelen... on pourrait croire que tu t'es fait torturer, que s'est-il passé dans les montagnes ? Demanda Airin avec précaution

- Tu ne diras rien au roi ?

- Tu as ma parole, je serai muette

- J'ai été capturée par des orcs... menés par Bolg qui... apparemment avait survécu à la bataille et qui avait très envie de se venger... ils m'ont disloqué l'épaule, ils m'ont brûlée au tison et puis ils m'ont battue pendant, je ne sais pas combien de temps... Elle avala nerveusement sa salive et aussi, ils m'ont fait inhaler quelque chose d'étrange, j'ignore ce que c'est... mais ça me faisait encore plus mal... et puis ils riaient, ils riaient... "

Le regard de la jeune immortelle s'était perdu dans le vide alors qu'elle parlait. Elle était comme absente. Ce qui n'était absolument pas rassurant. Airin lui nettoya doucement le visage en attendant de l'aider à se nettoyer complètement et lui mit une couverture sur le corps.

"Tu as dû avoir très peur, comment as-tu fait pour t'en sortir ?

- Ton frère, il... m'est apparu, Avoua Avelen en sentant sa gorge se serrer il m'a dit qu'il me pardonnait et... ça m'a libérée... Alors, je les ai tués et je me suis enfuie"

Ce fut au tour de la soigneuse de paraître hors de ce monde. Elle sourit mystérieusement et embrassa le front de son amie.

"Tu dois dormir, reprendre des forces, le couronnement aura lieu demain, et ensuite, nous retournerons à Lasgalen"

Avelen n'avait pas la force de protester alors, elle ferma lentement les yeux. Et, doucement, elle se sentit s'endormir alors que ses pouvoirs se retiraient. La nuit fut agitée et elle se réveilla plusieurs fois en sueur, paniquée, sentant sa peau la brûler et ses poumons aussi. C'était comme si elle avait l'impression d'être encore dans cette maudite prison.

D'ailleurs, elle finit par ne plus pouvoir se rendormir et quand l'infirmière vint lui apporter son petit déjeuner, elle était prostrée dans son lit. Dès qu'elle fermait les yeux, elle pouvait sentir le tison contre sa peau, entendre le rire de ses tortionnaires et puis ce sentiment de désespoir, de fatigue. Elle pouvait sentir à quel point elle avait peur de ne jamais rentrer. À quel point elle avait espéré que Thranduil sente sa détresse. Mais, non, c'était à elle de se sortir de là.

"Je n'ai pas très faim

- C'est bon pour votre système immunitaire, dame Avelen, vous devez le manger"

L'infirmière lui sourit gentiment et apporta une cuiller près de son visage. La jeune femme sentit une peur intense lui monter et elle donna un violent coup dans la cuiller et par la même occasion, sur la main de la femme. En voyant qu'elle avait blessé l'infirmière, elle se mit à murmurer des dizaines d'excuses et voulut sortir du lit. Avant qu'elle ne pût le faire, la silhouette de Thranduil apparut et il ramassa la cuiller et le bol.

"Je vais prendre le relai"

La voix de l'elfe était calme, a contrario du cœur d'Avelen qui battait à cent à l'heure. L'espace de quelques secondes, elle avait cru que cette cuiller était un tison. Elle s'était vue en train de se débattre. Elle avait cru que l'infirmière était un orc. Et, elle avait mal réagi. Tout cela lui donnait un puissant haut le cœur et surtout... envie de pleurer. En voyant cela, Thranduil posa le bol et sans un mot s'assied auprès de la jeune femme pour la prendre dans ses bras.

"Tout va bien Avelen, tout va bien, pleurez si vous avez besoin, vous êtes à la maison"

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Ces derniers jours ont étés chaotiques mais je suis contente d'avoir pu vous publier la suite en temps et en heure! Je vous souhaite un beau week end!

En tête à tête avec un ange "La femme aux yeux de ciel"Where stories live. Discover now