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L'idée du calendrier m'a été inspirée par missbutterfly016, même si l'histoire reste complètement différente ! Profitez en pour aller visiter son compte <3

Je sais que le mois de décembre est particulièrement chaud en Australie et que jamais on y verra de la neige en cette période, mais laissez moi dans mon déni pour le bon déroulement du mood de cette histoire.

Bonne lecture !



Les rues de Sydney en période de fête m'ont toujours fait rêver. Quand j'étais petit, j'attendais cette période avec hâte, les yeux rivés sur le calendrier, cochant avec excitation les jours qui passaient trop lentement à mon goût. Et quand enfin, les premières décorations venaient orner les allées et impasses, je n'attendais que de pouvoir sortir me promener avec mes parents et mes sœurs pour tout voir de plus près et savourer pleinement l'ambiance de Noël qui envahissait l'air. 

Aujourd'hui je suis adulte, c'est vrai. Mais j'aime toujours autant la fin de l'année, la neige, les sapins gigantesques à tous les coins de rues, l'odeur des gâteaux, la bonne humeur des commerçants. C'est une atmosphère unique que je chéris chaque année. Et pouvoir revenir dans mon pays et ma ville natale pour vivre ces instants avec ceux que j'aime le plus au monde me comble de joie. Je n'attendais que ça. 

Je pense déjà aux retrouvailles avec ma famille ce soir. Je vais les surprendre avec mon retour, et leur faire plaisir en annonçant que je reste en ville pendant un mois, jusqu'aux fêtes de fin d'année. Je vois déjà l'immense bonheur que va se peindre sur le visage de ma mère, et je sens déjà l'étreinte de mes sœurs. Mon père va paraître un peu plus détaché, mais je sais que je lui manque et je saurai lire sa joie camouflé par sa fierté. Mon cœur bat plus vite rien qu'en y pensant. 

J'ai froid, mais j'aime ça. Je rentre mes mains dans mon sweat pour les protéger du vent hivernal et expire une légère buée, le sourire aux lèvres, vagabondant dans les rues de Sydney, tournant dans des rues au hasard, trop heureux d'être ici pour choisir une destination, un fin sourire aux lèvres. 

L'odeur de la boulangerie sur le trottoir d'en face chatouille mes narines, et je me décide spontanément de m'y rendre pour satisfaire ma soudaine envie de sucré. Après tout, c'est bientôt Noël, la période durant laquelle manger toutes les sucreries du monde est autorisé. Je vais en profiter pour acheter de quoi manger un dessert ce soir à ma famille, en plus des nombreux cadeaux de retrouvailles ramenés de Corée. 

Juste à côté du commerce aux bonnes odeurs, debout face à une vitrine, une petite fille seule attire mon attention. Mon regard se pose distraitement sur ses petites boucles blondes, et ses grands yeux noirs qui ne se détachent pas de la boutique voisine, parfaitement immobile. Elle semble attendre quelque chose, ou quelqu'un. Sûrement ses parents qui achètent quelque chose dans un magasin alentour. Pourtant, elle a l'air si seule, perdue dans des pensées qui lui appartiennent, que je me demande si elle est vraiment accompagnée.  

Je détourne finalement le regard et entre dans la boulangerie pour acheter mon encas, et celui pour ma famille ce soir. Face au vendeur, j'hésite une demi seconde et achète finalement une douceur de plus, repensant à cette enfant juste dehors. Et quand je ressors quelques minutes plus tard, elle est toujours là. Sans que je ne sache pourquoi, cette vision me serre le cœur et m'intrigue à la fois, comme si sa présence cachait un grand secret. 

La petite n'a pas bougé. Le vent pourtant si froid ne semble pas l'affecter, alors même qu'il s'engouffre sans mal dans son manteau trop grand pour elle, la faisant paraître encore plus petite et vulnérable. Ses yeux sont toujours fixés sur la devanture du magasin que je devine être une sorte de boutique qui ressemble à un antiquaire. Elle est immobile, muette, perdue dans son propre monde. J'hésite.  

Je m'avance d'un pas quelque peu incertain. Cette enfant semble si différente que je suis presque timide à l'idée de venir lui parler. Je tapote finalement doucement son épaule, et elle sursaute, tournant vivement son regard vers moi, surprise. Et je frissonne en croisant ses yeux. Elle a quelque chose dans le regard qui pourrait faire fondre toute la neige hivernale en une seconde, le temps d'un regard. Un Soleil, une aura positive, profondément humaine et pure, aussi pure que l'innocence elle-même, émane d'elle. Ce petit corps qui semble si fragile, dégage en réalité quelque chose de très fort, qui me dépasse et me déstabilise. 

- Tu attends tes parents ? demandais-je enfin. 

Elle secoue vigoureusement la tête, tordant ses doigts, détournant ses yeux des miens avec vivacité. Elle semble soudain très nerveuse, et j'ai pu lire une lueur de panique au fond de ses iris. Comme si me parler lui faisait peur. Et j'ai soudain l'impression qu'en cet instant, nous sommes pareils. Intimidés l'un par l'autre sans vraiment de raison apparente.   

- Tu es toute seule ? 

Elle ne répond pas, alors je balaie la rue du regard, un peu inquiet soudain. Cette fillette semble bien trop jeune pour se promener sans accompagnant. Je devrais sûrement faire quelque chose, mais je suis bien trop impuissant et illégitime. 

- Tu veux que je t'amène quelque part ? proposais je alors. Tu es perdue ?

Elle répond négativement une fois de plus, sans ouvrir la bouche, agitant simplement sa tête de gauche à droite. Un peu dérouté, je ne sais pas quoi faire. J'ai envie d'agir mais cette enfant ne semble pas décidée à me faciliter la tâche. 

- Tu as quel âge ? 

Seul le silence me répond, une fois de plus. Je soupire, quelque peu frustré de ne rien pouvoir faire de plus, puis murmure d'une voix douce :

- Bon... Tiens, je t'offre ton goûter. Ne reste pas dehors seule trop longtemps, d'accord ? Tu devrais rentrer chez toi, tes parents t'attendent sûrement. 

La fillette accepte mon cadeau silencieusement, posant de nouveau ses yeux noirs sur moi. Il fait froid et pourtant son regard me donne chaud. Cette petite est solaire. Un Soleil seul et égaré en pleine rue gelée par le vent, qui me déstabilise profondément. 

J'hésite à ajouter quelque chose, mais je n'ai rien à dire. Je ne sais pas quoi dire qui pourrait la faire réagir, l'aider. Je sens qu'elle a tant de choses à partager, qu'elle a tant d'émotions à montrer, tant d'amour à donner. Et pourtant rien, le silence. Un silence glacé en contradiction avec son cœur brûlant. 

- Bon et bien... Au revoir. 

Je la salue de la main, jette un dernier regard à la vitrine qu'elle regardait avec insistance et tourne les talons, les mains dans les poches et l'esprit préoccupé. Juste avant de changer de rue, je me retourne une dernière fois. La petite est toujours aussi immobile, devant cette vitrine, dos à moi. Elle mange. 

Deux bouts de carton et une ficelle ➳ 𝔉𝔢𝔩𝔦𝔵Where stories live. Discover now