Satan est une femme

32. Ma femme (2)

La maisonnée s'affaire a se vêtir chaudement, Darryl distribue les torches trouvées dans les rangements de son père, s'assure que tout le monde a un téléphone. Je ne suis pas encore dehors et pourtant je tremble déjà à l'idée de ne pas le trouver.

— Cherchons en groupe de deux. Ariès, viens avec Riley et moi. Willow, tu restes ici au cas où il reviendrait au chalet avant qu'on le trouve.

Elle acquiesce.

Nous sortons. Rajeev et Borsha prennent son Hummer pour longer le sentier vers la route pendant que Tristan, Ivy, Sarah, Chanel, Darryl, Riley et moi nous enfonçons dans la forêt où nous nous éparpillons en petits groupes.

Le prénom d'Hugo emplit la nuit alors que nous le gueulons tous à en perdre la voix, dans l'espoir d'obtenir une réponse. Mais rien. Les autres sont à des centaines de mètres de moi, mais je les entends, alors pourquoi ne nous entend-il pas lui aussi ?

Pendant les recherches, je demande à Darryl et Riley comment personne n'a remarqué son absence. Je sais qu'Hugo se fait généralement discret comme Sarah, mais tout de même. Il m'explique qu'après la révélation accidentelle de Chanel, Sarah leur a expliqué la situation depuis le début. La nuit, la France, la dernière année, ce que Chanel a fait à Hugo. Ils étaient tous absorbés par le récit et Darryl lui n'en revenait juste pas. « Je cherchais la force de lui pardonner ce que j'ai entendu... je suis désolé... » m'a-t-il confié.

Le fait qu'il neige fort à cause de la tempête n'aide en rien, la visibilité est presque nulle, il fait froid et marcher dans tous ces décimètres de neige est chose ardue.

Par moment, je panique, m'imaginant déjà le pire, mais Darryl s'évertue à me remonter le moral et me donner espoir en me répétant qu'il va bien et qu'on va le retrouver.

Mais au bout d'une heure de recherches infructueuses, lui aussi commence à perdre son calme et son sang-froid. Sa voix porte moins ; soit parce qu'il a mal, soit parce qu'il se retient de pleurer.

— HUGO !!!!

— HUGO !!!!

Toujours rien. Seul le vent glacial nous répond en soufflant d'une telle force qu'il emporte avec lui toujours un peu plus de notre énergie. Darryl craque et se met à frapper dans un arbre.

— Pourquoi ?!! Pourquoi fallait-il qu'il s'éloigne autant de la maison alors qu'il sait qu'il ne retrouvera pas son chemin ? Qu'est-ce qu'il avait à faire dans la forêt de si important ?

Quand il prononce ces mots, je m'arrête net.

Je ne me suis même pas posé cette question. Qu'avait-il à faire de si important ? Pourquoi s'éloigner autant du chalet ? Que cherchait-il ? Et pourquoi n'a-t-il pas fait demi-tour quand il s'est perdu ? Et si... et s'il avait trouvé ce qu'il cherchait ? Et s'il ne s'était pas perdu ? Et s'il ne s'était même pas éloigné du chalet ?

La réalisation me percute avec une violence inouïe.

Je me souviens.

De son regard fixe vers cet endroit, presque obsédé, comme s'il fantasmait dessus.

Le lac.

Oh non...

— Il ne s'est pas perdu... Je sais où il est.

— Quoi, mais-

Je me tourne et me mets en courir en direction du chalet. J'entends les pas de Darryl et Riley derrière moi alors qu'ils me crient de leur expliquer, de les attendre, mais c'est comme si je ne les entendais pas. Mon corps se meut de lui-même. Je tire dans toutes mes capacités physiques pour aller plus vite.