Satan est une femme

06. Ex-femme (2)

Briser la glace avec Ariès m'a énormément détendu concernant ma rencontre avec Hugo. C'est elle, l'élément instable dans cette affaire, je redoutais vraiment ce que cette révélation lui avait fait, les ravages sur la psyché. Je suis à la fois étonnée et pas si étonnée qu'elle s'en sorte si bien.

Espérons qu'Hugo s'en sorte tout aussi bien.

Justement le voilà qui ouvre la porte de mon cabinet. Contrairement à sa compagne- son ex, il s'arrête à l'entrée et me regarde et aussitôt je vois qu'il est sur le point de craquer.

Ok... peut-être que c'est Hugo l'élément instable dans cette affaire.

— Bonsoir..., dit-il la voix étranglée.

— Bonsoir Hugo...

Il reste là, devant la porte, l'air inconfortable, presque comme s'il attendait que je lui donne la permission d'entrer dans mon espace. Je vérifie ma théorie.

— Tu peux aller t'asseoir.

Il soupire presque de soulagement et marche- boite- il boite jusque sur le sofa. Une fois assis, il regarde les alentours à la manière de quelqu'un qui craint qu'on ne l'écoute ou que l'on ne s'en prenne à lui.

Le Hugo confiant, arrogant et lumineux que j'ai côtoyé pendant deux ans n'a rien à avoir avec l'être apeuré par je ne sais quoi si ce tient devant moi.

— Hugo.

Son regard alerte revient vers moi.

— Est-ce que ça va ?

Il semble réfléchir à ce qu'il va me dire, mais ne trouve visiblement pas les mots, car il se contente de secouer la tête alors que des larmes embrouillent ses yeux.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Question stupide me direz-vous ? Oui, c'est vrai. Je sais très bien ce qui ne va pas et je sais que c'est à cause de moi que ça ne va pas. Mais souvent le travail de psy, c'est de poser des questions que les patients n'osent pas se poser à eux-mêmes, des questions auxquelles nous avons déjà la réponse.

Pour seule réponse, les larmes s'échappent de ses yeux, il semble encore chercher les mots pour exprimer son mal. Je sens un début de pincement au cœur en le voyant aussi troublé.

Ne pleure pas Luna, ne pleure pas.

Comme il n'y parvient pas, je lui donne un coup de main.

— De quoi as-tu peur ?

— Je... j'ai été victime d'un règlement de compte.

Je lève les sourcils. Ça alors... Je croyais que les blessures sous ses bandages résultaient d'un accident ou d'automutilation, mais ça...

— Comment ?! De qui ? Pourquoi ?

Il fronce les sourcils et son regard se fait fuyant. Il protège quelqu'un... Ariès ? Ariès s'en serait prise à lui pour se venger ?

Comment est-ce possible ? Elle ne m'en a pas parlé tout à l'heure ? Tout avait l'air d'aller si bien-

Oh non... Elle faisait semblant ? Ou tout allait bien justement parce qu'elle s'était vengée ? Serait-elle suffisamment tordue pour faire cela ?

— Ce n'était pas Ariès, intervient-il en devinant le cours de ma pensée. C'était son amie. Chanel.

La pression dégringole.

— Son amie ?

Il hoche la tête.

— Elle est venue me rendre les souffrances que j'ai infligées à Ariès. Elle... Elle prévoyait également de- de m'émasculer.