Chapitre 37.1

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Ekel se frotta plusieurs fois les yeux. Il avait la sensation de ne pas avoir vu la lumière naturelle du jour depuis des jours. En réalité, on n'était pas si loin de la vérité. Durant les dernières semaines passées, il avait passé plus de temps dans l'obscurité, allongé sur le canapé dans le salon de Mickey, qu'ailleurs. Les rayons du soleil l'éblouissaient. Il ne s'était pas vu dans le miroir avant de partir, mais il était certain d'être plus blanc qu'un cachet d'aspirine.

Il secoua la tête. Il se fichait pas mal de savoir à quoi il ressemblait. Il n'allait pas à un défilé de mode. Non. Mickey l'avait obligé à sortir. Forcé de le rejoindre à ce café, « pour t'aérer la tête » qu'il avait dit.

Il n'avait pas envie.

Il n'avait pas le choix.

Mickey l'avait menacé de le mettre définitivement à la porte s'il ne sortait pas aujourd'hui. Son ami plaisantait souvent, c'était sa manière à lui de communiquer. Cette fois, Ekel savait qu'il était des plus sérieux. Il était réellement capable de le mettre dehors, avec juste son sac sous le bras. Ce n'était pas par méchanceté. Non, c'était plutôt une manière de le bouger, le motiver, lui faire ouvrir les yeux.

Effectivement, la situation ne pouvait pas durer ainsi bien longtemps. Pourtant, au fond de lui, il gardait cette envie de ne rien faire d'autre que dormir sur le canapé. Ce fut cette envie qui le poussa à lâcher un long soupir alors qu'il n'était plus très loin du café où Mickey lui avait donné rendez-vous.

Pourquoi avait-il choisi ce café précis d'ailleurs ? Dans cette rue ? Non loin de l'appartement de Zeik ? « Son » appartement aussi ?

Le café ils pouvaient tout aussi bien le boire chez son meilleur ami. Celui que faisait sa petite machine Senseo était vraiment bon. Du moins tout à fait convenable pour Ekel. Non... Il devait « s'aérer la tête ». Voilà pourquoi il ne pouvait pas rester simplement chez Mickey pour boire le café. Un autre soupir échappa au photographe. Son ami pouvait vraiment se montrer têtu lorsqu'il le voulait.

Le petit établissement, lieu de rendez-vous, n'était plus très loin. A quelques mètres seulement indiquait le GPS. Ekel leva les yeux du téléphone pour vérifier de ses propres yeux. Effectivement, il était juste là, au coin de la rue. Encore quelques pas et il se retrouvait au milieu des tables installées sur le trottoir, prêt à accueillir toutes personnes désirant s'asseoir là. Ce qu'il vit surtout de ses yeux fatigués encore mal habitués à la lumière du jour, ce fut ses deux personnes assises à une table – la seule occupée – attendant patiemment. Il ne les avait pas vus depuis longtemps – une des deux surtouts – pourtant il n'eut aucun mal à les reconnaître.

Il s'arrêta, les fixa un instant, regarda autour cherchant Mickey du regard. Introuvable. Son meilleur ami ne se trouvait pas là. Pourquoi les deux femmes étaient présentes et pas son ami ? Il commençait à comprendre. Il s'était fait avoir, il venait de tomber dans un piège. Mickey ne voulait pas juste qu'il « s'aère la tête ». Il avait prévu tout autre chose et il avait bien réussi son coup. L'obliger à sortir, le forcer à aller dans la rue, sortant un prétexte nul, mais persuasif. Tout cela dans le seul but de rencontrer Sâme et la mère de Zeik. C'était bien joué. Il pouvait encore décider de ne pas y aller. Faire demi-tour et rencontrer à l'appartement. Il avait le choix : fuir cet instant ou l'affronter. Il savait, sentait au plus profond de lui, que le premier choix ne jouait pas en sa faveur. Il hésita pourtant encore quelques secondes avant de remettre à marcher et aller s'installer à la table avec les deux femmes.

Il y eut d'abord un silence entre eux trois. Chacun attendant que l'autre prenne la parole le premier. La situation avait quelque chose d'étrange, presque angoissant pour Ekel. Même s'il avait une petite idée de ce que voulaient les femmes, il ignorait ce qu'elles allaient lui dire précisément.

Un Jour Ils Comprendront - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant