Un Jour Ils Comprendront - Tome 2

Chapitre 29

Le paysage défilait à vive allure à l'extérieur. Zeik appuya son front contre la vitre du train et se perdit dans ce paysage flou. Une musique se déversait dans ses oreilles, sans qu'il n'y prête vraiment attention. En réalité, tout le monde qui l'entourait semblait bien loin de lui. Il était plongé dans ses pensées. Assis dans ce train, écouteurs sur les oreilles, il n'avait pas réellement autre chose à faire.

- Tu veux que je vienne avec toi ?

Ekel lui avait posé la question lorsqu'il lui avait annoncé devoir retrouver ses parents. L'aîné avait d'abord été étonné, puis il avait compris. Il y allait pour soutenir sa mère et avec un mince espoir d'être accepté par son père.

Il aimait Ekel, il l'avait aidé à traverser une rivière violente, à progresser, à aller plus loin. Il avait toujours été là et il restait présent même maintenant. Il était le mieux placé pour l'aider une nouvelle fois face à son père. Mais, il lui avait donné la même réponse qu'à Ash.

- Je vais y aller seul.

Son portable vibra dans sa main. Il jeta un rapide coup d'œil. Ekel. C'était le troisième qu'il lui envoyait depuis qu'il était monté dans ce train. Il n'avait répondu à aucun. Non parce qu'il souhaitait ignorer son copain, mais plutôt parce qu'il était trop perdu dans ses pensées pour le faire. Son copain s'inquiétait, c'était normal. Il retournait voir sa mère, son père, au même moment que lui repartait plusieurs jours pour le travail.

Même s'il se sentait touché, Zeik n'avait pas besoin d'ajouter l'inquiétude d'Ekel au fil de ses pensées. Sa tête était déjà bien assez encombrée.

- Tu m'appelles au moindre problème, je viendrais !

Il le lui avait dit juste avant qu'il ne monte dans le train. Zeik savait qu'il pouvait compter sur cette promesse, sur son copain. Après tout, il ne quittait pas le pays, il pouvait toujours revenir rapidement.

Mais...

Oui il y avait un « mais ». Le sportif ne voulait pas réclamer de l'aide. Il espérait ne pas avoir besoin de compter sur son copain. Comme pour beaucoup d'épreuve qu'il affrontait, il voulait le faire seul. Pourtant il avait bien vu qu'Ekel n'était pas un fardeau, qu'il s'en sortait mieux lorsqu'il était à ses côtés.

Zeik était têtu !

Son portable vibra une nouvelle fois. Un coup d'œil rapide, s'attendant à voir le nom d'Ekel s'afficher. Ce ne fut pas le cas. Ash venait de lui envoyer un message. Lui aussi s'inquiétait pour l'Asiatique. Il connaissait son histoire, son traumatisme, c'était normal de faire part d'une pointe d'inquiétude après tout. Lui aussi était prêt à l'aider, le soutenir, si besoin.

Deux personnes rien que pour lui. Certains auraient sans doute envié sa place. Lui non. Chaque nouvel élément le perdait un peu plus. Il ne savait plus quoi penser.

Il aimait son copain, c'était indéniable mais il ne pouvait ignorer Ash et tout ce qu'il s'était passé avec lui. C'était impossible pour lui.

À travers sa musique, il entendit l'annonce de sa gare d'arrivée. Il prit son sac et descendit. Musique toujours dans les oreilles, il sortit du grand bâtiment de pierre, à la recherche de la voiture de sa mère. Il n'avait pas répondu à son ami non plus.

Ce n'était pas la meilleure des idées, mais il voulait garder le silence... Pour le moment du moins.

- Zeik, je suis là !

Il vit les grands gestes de sa mère plus qu'il ne l'entendit parler. Sans un mot, il retira ses écouteurs et chargea son sac dans la voiture. Il monta à la place du passager et attendit que sa mère dise le premier mot.