Chapitre 19

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Le portable vibra juste à côté de sa tête. Des vibrations incessantes qui le tirèrent de son sommeil. Un gémissement plaintif lui échappa. Il n'avait pas envie de se réveiller, d'ouvrir les yeux, de quitter les bras de Morphée. Malgré un sommeil sans rêve, il savait que, s'il le quittait, tous les événements de la veille lui reviendraient en pleine face. Il voulait retarder ce moment-là. Mais les vibrations persistèrent. Qui que ce soit, il voulait qu'il réponde.

À contre cœur, Zeik ouvrit enfin les yeux. Il jeta un rapide coup d'œil au nom qui s'affichait. Il voulait savoir qui il engueulerait pour l'avoir réveillé.

Sâme. Évidemment.

- Je te déteste Sâme.

« Bonjour à toi aussi Zeik. Ravie de te savoir en vie. Pourquoi tu me détestes ? »

- Tu m'as réveillé. J'étais bien dans ma bulle de sommeil, je crois...

« Tu dormais ? Tu as vu l'heure qu'il est ? »

- Non.

En répondant il décrocha son portable de l'oreille et regarda l'heure. Déjà treize heures passées. Les yeux ouverts, encore brumeux de sommeil, il n'avait pas l'impression d'avoir dormi si longtemps.

- Je me suis couché tard hier.

« Ce qui explique l'échec de mes premiers appels. »

- Parce que tu m'as déjà appelé ?

« Oui, deux fois ce matin. J'avoue je commençais à m'inquiéter. Comme Ekel est absent je me suis dit « c'est bon il part en dépression il ne veut plus parler à personne ». J'étais prête à venir si je n'avais aucune nouvelle d'ici dimanche. »

Il retrouvait là la Sâme qu'il connaissait si bien. Soucieuse, attentionnée et bavarde, c'était la Sâme qu'il aimait. Allongé seul dans son lit, il réalisa que, elle aussi, elle lui manquait. La dernière fois qu'ils avaient pu se voir, c'était durant le mois d'Août. Juste avant la rentrée, avant qu'il ne déménage avec son copain. Depuis, ils avaient chacun leurs études, leur nouvelle vie, ils étaient loin. Zeik aurait aimé qu'ils soient moins loin, qu'ils puissent se voir plus souvent. Ils s'étaient fait la promesse de se revoir, il devait lui montrer son appartement. Ce n'était toujours pas arrivé.

Zeik prit une grande inspiration. Il sentit un nouveau poids peser sur lui. En plus de l'absence d'Ekel, de la révélation de Ash, il y avait Sâme, le fait qu'il ne la voyait pas assez. Bien sûr ils se téléphonaient souvent, mais ce n'était pas suffisant. Il le sentait.

Un soupir lui échappa et il s'installa un peu mieux dans son lit. La lumière naturelle du soleil passait au travers des rideaux. Il avait au moins eu la force de les fermer la veille, à défaut des volets.

« Tout va bien » Reprit Sâme à l'autre bout du fil. Elle avait ce petit grain soucieux qui faisait vibrer sa voix.

Oui, sa meilleure amie lui manquait vraiment.

- Ça va. Juste un peu fatigué.

« En te réveillant à treize heures ? »

- Je t'ai dit, je me suis couché tard. Si ça peut te rassurer, j'étais à une soirée hier si ça peu te rassurer, avec l'équipe et d'autre de la fac entre autres.

« C'est bien, vraiment bien. Ça me rassure en effet. Tu ne restes pas enfermé tout seul malgré l'absence de ton copain. »

- Je sais me sociabiliser tu sais !

« Sans vouloir te vexer, ce n'est pas évident te concernant ! »

Le sportif eut un petit sourire amusé. Son amie n'avait pas tort. Il avait toujours du mal à aller vers les autres. Quand il voyait les rencontres qu'il pouvait faire – sans nommer personne – il comprenait son propre comportement.

- Tu me manques Sâme, lâcha-t-il.

Il replaça un oreiller sous sa tête, bien décidé à ne pas quitter ce lit. C'était le week-end, il n'avait rien de prévu, pour une fois, il pouvait s'autoriser un moment de détente sur le vieux matelas de leur chambre.

- On devait se voir, je devais te montrer l'appartement qu'on a avec Ekel mais on ne l'a toujours pas fait.

« C'est vrai, je suis désolé. »

- Ce n'est pas ta faute.

« Tu m'as l'air tout triste mon petit Zeik ! »

- Sans doute un peu oui. Je vais mettre ça sur le compte de la fatigue.

« Et d'autre chose, j'en suis certaine. Je te connais »

Cela pouvait être étrange, mais il aimait que son amie le perce toujours à jour comme elle le faisait à cet instant. Il ne pouvait rien lui cacher mais, au fond, ça lui faisait du bien. Il savait qu'il avait un endroit, qu'il l'avait elle, pour parler se libérer quoi qu'il arrive.

« Écoute, c'est bientôt les vacances de Noël, je vais enfin avoir des jours pour mettre les études de côté, alors je te promets de venir ! Je prendrais n'importe quel train et je viendrais ! Tu as prévu quelque chose pour le vingt-cinq ? »

Elle avait un don pour lui redonner le sourire assez rapidement. Sâme aurait été un homme, Ekel aurait eu de la concurrence.

- Je n'ai rien de prévu. Ekel n'est pas là tu le sais. J'appellerais sans doute ma mère mais je ne pourrais pas y aller. Elle le fête toujours avec mon père. Ils iront sans doute voir des amis, rien qui me concerne.

Sâme sentit une nouvelle pointe de tristesse dans la voix de son ami. Elle choisit de ne pas relever, il n'en avait pas besoin, elle le sentait. Il voulait entendre du positif, être motivé. C'était ce qu'elle faisait.

« Parfait, alors je viendrais pour Noël. On le fera ensemble et je te promets que ça sera le meilleur Noël que tu passeras ! »

- Merci Sâme. Fait attention, Ekel a déjà mis la barre haute de ce côté-là en trois ans !

« J'avoue, on ne pourra pas finir la soirée au lit... »

- Tout de suite, rigola le japonais

« Mais on passera un moment magique rien que tous les deux ! »

- Et ta famille alors ? Noël c'est familial !

« Mes parents comprendront, ne t'inquiète pas. On en profitera pour parler de tout ce qui te tracasse, d'accord ? »

Zeik s'assit dans son lit, enfin prêt à se lever. Sâme avait réussi à lui donner la motivation dont il avait besoin.

Parfait, on fait comme ça alors. 

Un Jour Ils Comprendront - Tome 2Where stories live. Discover now