Chapitre 9.1

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Ekel eut un bâillement en refermant la porte. Il n'était pas rentré si tard chez lui depuis un moment. Depuis plusieurs jours il travaillait sur une publicité qu'une grande compagnie lui avait demandée. Faire des pubs ce n'était pas ce qu'il préférait, c'était loin de sa passion de la photographie et de ce qu'il voulait transmettre à travers cet art. Cela lui permettait en revanche de pouvoir payer le loyer de cet appartement.

Il posa son sac au sol et regarda autour de lui, s'attendant à trouver un jeune basketteur à moitié endormi sur le canapé. Il n'y était pas. En revanche, la lumière était allumée, preuve qu'il était quelque part dans cet appartement. Il jeta un coup d'œil à l'œil sur l'heure à son portable. Il était encore trop tôt pour que son copain soit endormi ou alors c'était que sa journée avait vraiment été épuisante.

Ses yeux clairs passèrent de l'écran du téléphone, aux chaussures abandonnés au sol. L'une non loin de la table basse, l'autre un mètre plus loin, preuve évidente lancée en les enlevant et non rangé comme il le devait.

Un soupir lui échappa. Il aimait son copain mais pas son côté désordonné.

- Zeik Kaîda ! Je t'ai déjà dit de ranger tes chaussures et de ne pas jouer au basket avec dans l'appartement !

Il n'eut aucune réponse, ni même aucun bruit trahissant la présence du plus jeune. Dormait-il vraiment ?

Non sans un soupir, l'aîné ramassa les chaussures de son copain et les rangea à leur place, à côté des siennes. Il s'apprêtait à aller voir ce qui leur restait dans le frigo, lorsqu'il entendit de l'eau couler. Il n'y avait pas fait attention jusque-là – ou alors venait-elle tout juste de s'allumer ? – la douche était utilisée. Zeik ne dormait pas finalement.

Il attrapa un reste de sandwich qui traînait et referma le réfrigérateur d'un coup de pied. Son ventre, satisfait d'être enfin alimenté, Ekel se dirigea vers la salle de bain. La porte était ouverte, évidemment ! Ils ne la fermaient jamais de toute manière, ils n'avaient aucune raison de le faire.

En rentrant dans la salle de bain, Ekel s'attendait à trouver son copain, dans son corps parfaitement taillé de jeune basketteur, l'eau chaude ruisselant sur son corps, le tout baignant dans une buée chaude et agréable. Une vision qu'il avait déjà pu voir à plusieurs reprises et qu'il appréciait.

Le tableau qui se dessina sous ses yeux fut tout autre. Aucune vapeur chaude, juste un air glacial qui régnait dans cette pièce humide. Zeik était bien là, assis au fond de la douche, sous un rideau d'eau qui semblait gelé au vu de son corps qui tremblait. Le japonais était recroquevillé sur lui-même, les genoux contre la poitrine, enlacés par ses bras, la tête plongée entre eux, cachant ainsi son visage. L'eau coulait sur lui sans qu'il ne semble s'en soucier. Installé ainsi, il paraissait plus chétif qu'athlétique. Ekel ne l'avait pas vu ainsi, aussi attristé et renfermé sur lui-même depuis bien longtemps.

- Zeik ? Qu'est-ce qui t'arrive ?

Il ne répondit pas. En fait, il ne releva même pas la tête. Avait-il au moins entendu son aîné rentrer et lui parler ? Il en doutait. Le son de l'eau coulant, se répercutant sur les parois de la douche et le carrelage du sol devait atténuer tout autre bruit.

Sans se soucier de mouiller ses vêtements et sans se poser plus de questions, Ekel alla sous la douche et coupa l'eau, eau qui était effectivement plus froide que de raison. Le corps de son copain était glacé. Il allait se rendre malade s'il ne se réchauffait pas vite. Attendant avant de prendre la parole, il le prit dans ses bras. Zeik releva légèrement la tête et s'abandonna dans le réconfort et la chaleur qu'Ekel lui proposait. Le temps défila ainsi, sans que ni l'un ni l'autre ne bouge. Le plus grand savait que son copain préférait parler de lui-même s'il s'en sentait capable, plutôt que d'être poussé à répondre à des questions. Après presque trois ans de relations, Ekel savait comment il devait réagir avec lui.

- Merci Ekel...

Il quitta ses bras, Ekel l'observa s'envelopper dans une grande serviette. Il quitta la salle de bain sans rien ajouter. Ekel le suivit, jusqu'à la chambre où lui aussi quitta ses vêtements mouillés pour enfiler quelque chose de plus confortable et surtout plus sec. Toujours sans lâcher le moindre mot, Zeik se réfugia sous les couvertures et lui tendit les bras pour l'inviter à le rejoindre. Le plus grand ne pouvait résister à une telle demande mêlée à cet air si mignon qu'il venait de prendre malgré ses yeux rougis.

Si tout d'abord les draps et le lit en lui-même étaient froids, l'ambiance se réchauffa bien vite. Zeik se blottit contre lui, comme un chat cherchant de l'affection. Dans un silence qui aurait pu être pesant pour certains, Ekel se mit à lui caresser le dos, délicatement, du bout des doigts. Il traçait de petits cercles, dans un geste qui se voulait le plus réconfortant possible. Ils restèrent encore un moment ainsi, sans que rien ne puisse les déranger, pas même le sommeil.

- Tu as passé une bonne journée ? Finit par demander le plus jeune.

- Fatigante, je dois bien l'avouer. Ceux qui m'ont demandé cette pub sont durs à satisfaire. Et toi ? Osa-t-il demander à son tour.

Zeik ferma les yeux et se blottit un peu plus. Ekel le savait, il n'aurait sans doute pas dû demander. Il sentit un frisson parcourir le corps du plus jeune. Autant pour le réchauffer que le rassurer, il le prit un peu plus dans ses bras.

- De manière générale, ça a été, un peu sous pression je dois avouer, mais ça va. J'ai eu Sâme au téléphone aussi. Elle va bien. Sa fac lui plaît vraiment.

- Je suis content pour elle. Et toi, qu'est-ce qu'il y avait de différent aujourd'hui pour que tu sois sous pression ?

Ekel marqua un moment d'arrêt. Avant même que son copain n'ait le temps de répondre, il se redressa dans le lit, frappé parce ce qui venait de lui revenir en mémoire.

- C'était aujourd'hui que tu savais si tu étais titulaire ou pas, c'est ça ?

Zeik affirma simplement d'un signe de tête lent.

- Je suis désolé, j'avais complètement oublié, j'aurais dû t'envoyer un message pour savoir. Excuse-moi.

- Ce n'est pas grave Ekel.

- Ça ne s'est pas bien passé ?

- Si plutôt bien en fait, je suis titulaire.

Malgré le petit air triste que son copain avait, Ekel ne put s'empêcher d'avoir un sourire réellement content pour le basketteur. Il le reprit dans ses bras et posa un baiser affectueux sur son front. Zeik savait que c'était sa manière à lui de le féliciter autrement qu'avec des mots. En soit, c'était vraiment mignon et Zeik aimait lorsqu'il le faisait.

- Et est-ce que tu t'es disputé avec Sâme ?

- Non bien sûr que non. Tout va bien entre nous.

- Bien très bien.

L'aîné n'insista pas. Il savait qu'il ne devait pas le faire. Il avait posé suffisamment de question pour pousser son copain à parler de ce qui venait de se passer. S'il avait compris le message sous-entendu, il parlerait.

- Tu veux savoir pourquoi j'étais sous une douche glacée lorsque tu es arrivé ?

Enfin.

- Je ne t'oblige pas à le faire si tu ne le veux pas.

- Si... Si je dois en parler à quelqu'un. Sâme n'a pas réussi à savoir, elle espérait que je t'en parlerais.

Ekel ne le lâchait pas, le gardant dans ses bras pour lui montrer que quoi qu'il arrive, quel que soit le problème, il était là.

- D'accord, je t'écoute. 

Un Jour Ils Comprendront - Tome 2Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon