36* Demande

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Je n'ose pas ouvrir les yeux. J'ai peur de me retrouver dans une nouvelle situation étrange, où je serais contrainte de regarder le cadavre de mes amis. Pourtant, mes sens m'indiquent que cette fois, le réveil pourrait être différent : le soleil qui m'éblouit même à travers les paupières closes, l'odeur familière de désinfectant et une légère douleur sur le dessus de la main gauche. J'ai d'ailleurs une furieuse envie de me la gratter.

J'essaie de bouger ma main droite qui est entourée d'une inhabituelle chaleur. Ce n'est pas le soleil, je le sais. Alors qu'est-ce que c'est ? Curieuse, j'essaie de remuer les doigts : à mon plus grand soulagement, ils bougent. J'ai l'impression d'être une machine rouillée, mais j'arrive à bouger, ce qui n'est déjà pas trop mal.

A peine ai-je bougé les doigts que je sens quelque chose remuer tout près. Le froissement des vêtements m'indique que quelqu'un est là, juste à côté. Serait-ce donc une main qui tient la mienne ? Ce serait logique.

Rassurée, j'ouvre les yeux, lentement. Un plafond blanc, des murs blancs, des draps blancs... si la douleur dans ma main et mon flan n'était pas présente, je pourrais me croire morte.

Je tourne la tête sur le côté et retiens une exclamation de surprise quand je vois Levi me fixer intensément. Je cligne les yeux plusieurs fois pour m'assurer que ce n'est pas un mirage. Non, il est toujours là. Et son air renfrogné, ses yeux gris acier et ses lèvres minces tellement pincées qu'elles en sont réduites à une fine ligne rose m'indiquent qu'il est réel.

-Caporal ?

Ma voix est rauque. J'ai l'impression d'être un titan ayant poussé un grognement. Très classe.

-Bon retour parmi les vivants, morveuse. Tu as pris ton temps.

Je souris. Oui, ce Levi est bel et bien le vrai. Il n'y a que lui pour être aussi chaleureux envers quelqu'un de comateux.

-J'ai été un peu ralentie, dis-je d'une voix toujours un peu rauque. Des visions étranges posant des questions existentielles, vous voyez le genre ?

-Vu ton niveau intellectuel, je veux bien croire que ces conneries t'ont ralentie. Je suis même surpris que tu aies réussi à revenir malgré ça.

Je me renfrogne. Le silence tombe doucement entre nous. En attendant, j'essaie de voir quelle est l'étendue des dégâts sur mon corps après des heures clouée au lit. Mes orteils bougent, mes jambes aussi, ma tête n'a pas l'air d'avoir trop souffert... quand je serre de nouveau mes mains, je me rends compte avec surprise que la paume de Levi est placée dans la mienne. Sans pouvoir m'en empêcher j'admire mes doigts pâles entre les siens. C'est une vision très singulière. Levi suit mon regard et pour mon plus grand regret retire sa main de la mienne. Pour une raison que je ne comprends pas il semble contrarié.

Je porte mon attention sur ma main gauche, celle qui me démange furieusement. Je vois avec horreur une espèce d'aiguille reliée à un petit tuyau en plastique enfoncée sur le dessus de ma main. Repensant aux nombreuses injections que j'ai reçues, je commence à retirer l'aiguille quand Levi m'arrête :

-Tu ferais mieux de garder ça, gamine.

-C'est quoi ce produit ? demandé-je en essayant de dissimuler ma panique.

-C'est pour la douleur, tu en as besoin.

-Mais je n'ai pas mal !

-Evidemment, puisque le produit fait effet.

Mon regard suspicieux indique à Levi que je ne suis pas convaincue pour le moins du monde. Il soupire et se pince l'arête du nez.

-Ecoute-moi bien : tu as besoin de ce produit, peu importe ce que tu peux en penser. Contrairement à ce que tu crois, tu n'es pas totalement guérie : tes foutus pouvoirs n'ont pas fait tout le boulot, et il se trouve que tu souffres d'un mal que cette fichue binoclarde n'a pas encore identifié. Pendant ton coma tu as convulsé, crié et vomi du sang. Tu as souffert, et ce produit est la seule chose qui a pu te soulager. Alors libre à toi de t'en priver, mais ne viens pas pleurer parce que tu as mal, compris ?

A choice with no regrets (Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant