039 | Être là, en même temps

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━━━━━━━━ Juillet

La porte grinça alors que William fit son entrée dans la vieille bâtisse. Son regard survola la pièce. Des affiches sur lesquelles étaient inscrites des citations de motivations tapissaient les murs. Une sensation étrange crispa l'estomac du garçon.

D'un pas hésitant, il se dirigea vers une jeune dame aux cheveux roux.

Pardon, je cherche la cafétéria, demanda William

La rousse leva les yeux vers lui. Les lèvres sur son visage s'étirèrent pour lui offrir un sourire chaleureux.

Bien sûr, au bout du couloir, à droite. Bonne journée.

William hocha la tête pour remercier la jeune femme. Les mains enfouies dans ses poches de pantalon, il longea le couloir.

De la bienveillance des personnes qu'il croisa à l'ambiance rassurante, tout de cet endroit se voulait accueillant. Pourtant, William ne sentait pas qu'il était à sa place. Les questionnements résonnèrent dans son esprit au même rythme que ses pas. Que faisait-il ici?

William tourna le coin au bout du couloir, et fit face à la grande salle. Des néons éclairaient la cafétéria communautaire presque bondée. La pièce était remplie de visages qui lui étaient inconnus.

Et même si William repéra rapidement la personne qu'il cherchait, il ne put s'empêcher de garder cette impression d'inconnu.

Assis seul dans le coin de la pièce, Marc Côté était méconnaissable. L'homme avait la tête penchée vers le journal qu'il tenait entre ses mains. William pouvait tout de même voir les traits fatigués sur le visage de son père. Sa barbe de quelques jours le vieillissait. Ses cheveux étaient plus foncés qu'auparavant. Ses yeux aussi; les nuances émeraudes dans ses iris s'étaient assombries.

Sentant le poids du regard de William sur lui, l'homme leva les yeux pour croiser ceux de son fils. Le jeune garçon avala de travers.

Le cœur battant à un rythme effréné, William s'avança vers la table. Il n'avait plus aucune issue. Le garçon n'avait jamais été du genre à reculer, mais, à cet instant précis, il ne s'était jamais senti aussi vulnérable. Toutes parcelles de courage avait quitté son corps.

Il avait reçu l'appel de Marc Côté il y a quelques jours déjà. Depuis, il n'avait cessé de redouter leurs retrouvailles.

Lorsqu'il arriva devant son père, William fut incapable de dire un mot. Sa gorge le piquait. Il était envahi par une émotion étrange. Lui qui avait entendu ce moment depuis tellement longtemps, il était complètement figé.

William. J'tai reconnu tout de suite. Dès que je t'ai vu...

Marc Côté s'arrêta. Il se pencha et fouilla dans son sac en plastique du Dollorama. Après des secondes qui parurent interminables pour William, l'homme sortit un papier journal.

William lut le titre de l'article et son cœur se serra.

« Un produit de la ligue Junior de Québec repêché par les Sénateurs d'Ottawa »

Marc Côté pointa l'image qui accompagnait l'article. C'était une photographie de William prise lors de la soirée du repêchage. Sur la photo, le propriétaire de Sénateurs d'Ottawa lui remettait le chandail de son équipe.

Un moment inoubliable pour le jeune homme. Le simple fait de revoir cette image faisait revivre toutes les émotions qu'il avait vécues durant cette soirée. Et la fierté qu'il lut sur le visage de son père le chamboula encore plus.

DétourTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon