Chapitre 15 : Jour 1

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Sur le chemin je croise quelques chiens et chats errants, ainsi qu'une multitude de pigeons qui se perchent sur les toits des maisons. Aucune de ces bêtes ne montre d'animosité ou de signe particulier, mais je me méfie des mutations. Le Capitole peut transformer jusqu'au plus inoffensif des animaux en un monstre cauchemardesque. Surtout s'il a créée lui-même cette arène. Sur ce point-là, le mystère reste entier. Quoique je ne serais pas étonnée que les Juges soient allés jusqu'à reconstituer une ville entière juste pour le show.

Après une bonne demi-heure de marche, je parviens jusqu'à une longue esplanade entourée de bancs et de plans de fleurs. En me tournant, je remarque que je me tiens dans la continuité d'une immense avenue qui part d'une sorte de monument carré derrière moi et qui se poursuit sur des kilomètres jusqu'à un autre édifice que je n'aperçois même pas d'ici. Si l'arène couvre la totalité du terrain entre ces deux constructions, y retrouver quelqu'un reviendrait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Les Jeux risquent de s'éterniser.

Je remonte finalement l'esplanade vers ce qui me parait être la plus grande des tours. Il s'agit d'une immense flèche composée de trois branches de plus en plus grandes. Entièrement en verre, je peux voir le soleil se refléter dans ses vitres, renvoyant un immense éclat blanc. Lorsque j'arrive au pied du gratte-ciel, il m'est même impossible d'en voir le sommet tant le bâtiment s'élève en hauteur.

Les portes étant totalement éventrées, je n'ai aucun mal à me glisser entre les battants. Je me retrouve alors dans un hall gigantesque, uniquement composé d'un grand bureau circulaire en son centre, que devaient certainement occuper les réceptionnistes. Une large couche de poussière recouvre le meuble en accajou. Ce lieu, comme tous les autres aux alentours, est inhabité depuis de très nombreuses années, probablement plusieurs décennies, comme l'attestent les toiles d'araignées, les morceaux de plâtres qui jalonnent le sol et les tonnes de saleté qui recouvrent la totalité du hall.

En faisant le tour, je distingue les portes qui donnaient accès aux ascenseurs. Inutilisables. C'aurait été trop simple je suppose. Je me rabats donc sur les escaliers de services, et me retrouve bientôt dans l'étroit conduit, à lever la tête pour tenter d'apercevoir la fin de cet interminable escalier. Un vrai bonheur.

Lorsque j'atteins enfin le soixante-douzième et dernier palier, je m'effondre sur le sol, massant mes jambes pour réduire la crampe qui est apparue au cinquantième étage. Par chance j'ai de quoi me désaltérer un peu. En fouillant mon sac contenant la bouteille d'eau, j'ai découvert deux autres bouteilles pleines, ce qui me permettra de gagner au moins quatre jours pour trouver une source d'eau potable.

En sortant de la cage d'escalier je pénètre dans un vaste espace divisé en bureaux, séparés les uns des autres par de hautes cloisons en plâtre. Visiblement, j'ai atterri dans le siège social d'une grande entreprise aujourd'hui disparue. Sur les murs j'entrevois ce qui devait être le logo de la compagnie : une demi-roue crantée dans une sorte de chapiteau, en dessous duquel il est encore possible de lire « Future Industries ». Un nom ironique quand on voit ce qu'est devenu leur siège principal.

Je m'approche ensuite des vitres qui font office de murs et offrent une vue plongeante sur la ville entière. J'aperçois surtout l'esplanade par laquelle je suis entrée dans l'immeuble, ainsi qu'une multitude d'autres gratte-ciels. En fond les habitations de taille plus modeste se succèdent, et la cité semble s'étendre à l'infini, aussi loin que porte mon regard. Soit le Capitole a créé l'une des plus grandes arènes de l'histoire des Hunger Games, soit c'est une illusion très réussie.

Je remarque aussi que la forêt ne s'étend que sur quelques centaines de mètres, comme je m'y attendais. Une vive déception m'envahit tout de même. Que vais-je bien pouvoir manger durant ces Jeux ? Mon point fort était ma connaissance en herbologie, mais dans cette cité en ruine seules quelques mauvaises herbes ont réussi à pousser. Et les seuls animaux que j'ai repérés jusque-là sont des pigeons et quelques chats. Vu mes performances physiques, je n'ai presque aucune chance d'en attraper un à mains nues, et je n'ai pas grand-chose pour faire un collet. Il va falloir que je trouve rapidement de quoi me nourrir ou je ne ferai pas long feu. Sauf si je reçois de l'aide de la part de mes sponsors. Tout dépendra de la longévité de Dust.

Ariona Maltais - les 73e Hunger GamesWhere stories live. Discover now