Chapitre 11 : L'évaluation

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Malgré ce que j'ai raconté à Dust, les choses n'ont pas vraiment changé en cinq jours. Quotidiennement, nous nous rendions dans le Centre d'Entraînement avec les autres tributs pour aller essayer de nouveaux ateliers dans notre coin. Après la scène entre Dust et les Pacificateurs le premier jour, personne n'a osé arriver en retard durant tout le reste de la semaine.

Mon camarade de district et moi-même avons souvent réalisé nos entraînements en même temps, bien que nous ne restions pas continuellement ensemble. Sans surprise, aucun de nous deux ne s'est découvert un don inné pour le combat et le maniement des armes. Néanmoins après plusieurs séances, j'ai tout de même réussi à maîtriser les mouvements de base de la lutte, déclenchant les félicitations de mon professeur.

A l'image du premier jour les Carrières, eux, sont restés exclusivement aux ateliers de maniement d'armes, dédaignant aussi bien la survie que les parcours d'entraînement. Une stratégie risquée mais visiblement payante, étant donné que seuls leurs coups d'éclats ont réussi de temps à autres à attirer l'attention des Juges. Ces derniers, perchés dans leur salon privé, ont alterné les moments de fête et de festin - parfois même avec de la musique, ce qui est extrêmement déconcentrant quand on essaye de traverser un ponton étroit en courant -, et les moments d'ennui profond où ils discutaient mollement les uns avec les autres, un verre à la main. C'était souvent dans ces instants-là qu'ils observaient les différents tributs, faute d'une activité plus intéressante à faire.

Il faut cependant leur reconnaître que malgré les efforts désespérés des Carrières pour attirer leur attention, la plupart des adolescents préféraient les ateliers plus calmes, à l'opposé de l'embrasement attendu lors des Jeux. Même les tributs les plus prometteurs, tels les duos du Sept et du Neuf, préféraient s'isoler dans des coins sombres pour s'entraîner en silence et sans éclat.

L'ambiance globale au Centre était donc extrêmement solitaire, froide, et de plus en plus tendue au fil des jours, tout le monde étant méfiant et sur ses gardes. L'atmosphère pesante rendait l'approche des Hunger Games encore plus tangible, et une entente entre les différents tributs totalement chimérique. Il était impossible d'approcher l'un des moissonnés sans s'attirer un regard suspicieux de la part des tous les autres.

Le soir à l'inverse, ravie d'échapper à cet aura lugubre, je rejoignais Effie et discutais avec elle avant le dîner. Nous parlions la plupart du temps des différents sponsors et offres proposées aux tributs, bien que la plupart me soient destinées. En effet, malgré la décision de Haymitch, mon chaperon n'a pas cessé de me chercher des appuis. En moins d'une semaine, et alors que les Jeux n'ont même pas encore commencé, Effie a déjà réussi à faire signer une bonne demi-douzaine de contrats à mon mentor. Ce dernier passe toujours la majeure partie de ses journées dans les bas quartiers du Capitole, d'où il rentre systématiquement torché - quand il en revient. Mais malgré tout, il a accepté de rencontrer les sponsors qu'Effie lui a présentés, et de discuter de temps à autre avec Dust quand il était suffisamment sobre pour aligner des phrases cohérentes. Pour ma part, je n'ai dû lui adresser la parole qu'une ou deux fois depuis qu'il m'a retiré son soutien.

Enfin, je notais chaque soir dans un carnet toutes les informations que j'avais récoltées durant la journée en observant mes adversaires. J'ai pris soin durant toute la semaine de faire attention à tous, afin de pouvoir brosser grossièrement le caractère et les compétences de chacun des tributs des 73e Hunger Games. Quelques fois, il m'arrivait même de m'assoir dans un coin du centre et de me contenter de regarder mes concurrents s'activer et dévoiler leurs atouts et leurs points faibles. Et le soir, à l'aide de ma mémoire infaillible, je retranscrivais presque tout ce que j'avais vu durant la journée.

Ces observations m'ont également permis de réaliser quelques statistiques sur le déroulement des Jeux, notamment ceux qui ont le plus de chance de se rendre à la Corne d'Abondance et d'y mourir, ou encore les meilleurs en survie. Ne connaissant ni l'arène de cette année, ni les mutations qui y seront lâchées, les résultats sont donc très approximatifs. Cependant cela m'a permis de réaliser un premier classement des tributs ayant les plus grandes probabilités de gagner les Jeux. Actuellement, Pyrite est bon premier, sans réelle surprise, bien que Glad et Varin le suivent de peu. A l'inverse, la petite du district Trois, Iris, me paraît difficilement capable de survivre plus d'une journée aux Jeux. De même, malgré mon étrange affection pour lui, Dust n'est classé que quinzième sur vingt-trois - je ne me suis pour ma part pas incluse dans ce tableau, mon jugement par rapport à mes propres capacités n'étant pas vraiment objectif.

Ariona Maltais - les 73e Hunger GamesWhere stories live. Discover now