Chapitre 7 : la Parade

22 1 0
                                    

Après avoir pénétré dans le centre de Transformation, nous sommes remis aux mains de notre équipe de préparation. La mienne se compose de deux femmes - Venia et Crissa - ainsi qu'un homme, Flavius. On peut voir que tous ont déjà fait appel à des esthéticiens, comme la majorité des Capitoliens. La mode favorisant les « investissements » à long terme, la plupart des habitants ont des tatouages, ou des colorations de peaux. Certains se sont même rajoutés des attributs animaliers, tels des moustaches de chats, des queues, ou même des branchies - c'est le cas d'un ami de mon père, le trésorier en chef de Panem. Personnellement, je ne me vois pas avec des tatouages dorés, des cheveux orange ou des spirales roses mouvantes partout sur le corps, mais bon, c'est un style. C'est le genre de look un peu original qui parait marrant sur les autres, mais que tu n'essayeras jamais.

Venant du Capitole, en plus d'être la fille d'un ministre, j'ai déjà eu affaire à de nombreux esthéticiens par le passé, si bien que mon équipe de préparation se retrouve légèrement désœuvrée, ce qui n'a pourtant pas l'air de les gêner. La « transformation » ne prend pas plus d'une heure, pendant laquelle ils n'arrêtent pas de discuter des nouveaux potins du Capitole, me demandant parfois mon avis sur telle ou telle personne. Je ne sais pas si c'est moi, ou s'ils font cela pour tous les tributs habituels du Douze, mais si c'est le cas, les pauvres adolescents de doivent pas comprendre un mot de ce qu'ils racontent.

Lorsque j'enfile mon peignoir pour aller rencontrer mon styliste, le seul changement notable par rapport à mon arrivée, c'est ma coiffure. J'imagine que c'est une demande en rapport avec ma tenue. Mes cheveux sont rejetés en arrière, de façon à découvrir mon visage, puis séparés sur les côtés avant d'être enroulés en queue de cheval. Le résultat est vraiment agréable à voir, cette coupe me va très bien.

Nous sortons ensuite de la salle de préparation, pour nous diriger vers celle où se trouve mon styliste. Alors que nous tournons à gauche, je remarque du coin de l'œil une salle à l'opposé de celle où nous nous dirigeons. A l'intérieure, bien en évidence derrière une vitre translucide, un costume de mineur brille de sa médiocrité. La tenue de cette année ou une des précédentes ? Impossible à dire. Entre le casque, la combinaison et la pioche sur le côté, elles se ressemblent toutes. En voyant cela, je frissonne : je risque probablement d'être vêtue de la sorte pour la parade. Suivant mon regard, un Muet se trouvant près de la porte s'empresse de la fermer. Je détourne les yeux. Apparemment je n'étais pas censée voir ça.

*

Après avoir changé de salle, je rencontre enfin mon styliste : Dru. Cela fait plusieurs années qu'il dessine les costumes du district Douze. Il s'agit d'un petit homme rond, d'une cinquantaine d'année, brun avec des mèches vert fluo, doté d'énormes yeux violets. Honnêtement, je ne tiens pas à savoir comment obtenir des yeux d'une telle largeur est possible. Comme souvent, il est vêtu d'une longue tunique violette avec des épaulettes dorées et des spots lumineux qui descendent le long de son corps en diffusant un aura bleuâtre. Le résultat final ne parait pas vraiment à son avantage, mais il est le seul à ne pas s'en rendre compte.

D'un autre côté, il suffit de regarder les costumes des années précédentes pour se donner une idée du personnage. Cette idée des tributs totalement nus, avec juste une couche de charbon, c'était vraiment minable. Ce n'est pas ça qui risque de leur attirer des sponsors. D'ailleurs, preuve ultime de son échec, il n'a pas repris l'idée l'année suivante.

J'ose espérer que nous n'aurons pas quelque chose d'aussi médiocre cette fois-ci. Je sais bien que la honte ne tue pas, mais quand même...

Quand il me voit, Dru s'arrête de tourner en rond dans la salle et s'éponge rapidement le front, soudain très pâle. Puis il doit penser à quelque chose, puisque son visage reprend ses couleurs habituelles. Il s'approche vers moi et s'exclame avec un entrain forcé :

Ariona Maltais - les 73e Hunger GamesWo Geschichten leben. Entdecke jetzt