- Disons simplement que nous sommes trop différents, confessai-je.

- Tu sais ce qu'on dit à propos des différences Kayla ?

- Non, mais je suis sûre que ça ne s'aurait tarder, répondis-je d'une voix aimable.

- Les différences sont la clé de l'amitié, finit-il par décréter.

Je rigolai avec humeur.

- Il y a toujours l'exception qui confirme la règle, renchéris-je.

Le reste de la journée se déroula au ralenti, alors quand l'heure pour mon dernier cours sonna, je me sentais soulagée. En entrant dans la salle de français j'aperçus Ed qui assit sur sa chaise parlait à un grand jeune homme aux cheveux impeccablement hérissés, Thomas. Il faisait partit de cette catégorie de garçons qui avaient un peu trop abusés de la musculation et qui ne se privaient pas pour l'afficher. Alyson les rejoignit et se lança dans une longue tirade marquée par une gestuelle particulièrement ridicule, à l'image d'elle même.

Je m'assis à ma place habituelle au même moment où Emma fit son entrée. Elle prit place à mes côtés puis s'exclama d'un air mélodramatique:

- Qu'est ce que je dois faire pour que Sam comprenne ce que signifie le mot monogamie ? Demanda t-elle d'une voix animée.

- Voyons Em, Sam ne t'intéresse pas alors cesse de lui chercher des poux, ai-je laisser échapper.

- Je n'ai jamais prétendu le contraire, rétorqua t-elle.

- Dans ce cas, quelle importance ?

-Je pense juste qu'il en va de ma réputation. Il ne peut pas inviter une fille différente à chaque soirée. Je passe pour une de ces autruches quelconques et de passage.

Je ne pus m'empêcher d'étouffer un rire.

- Bien sur que non, la rassurai-je. Il ne s'agit que de simples soirées, rien de bien grave.

- Je dis juste qu'il pourrait arrêter de jouer les parfaits crétins, persista t-elle.

- On parle bien de ces types prétentieux, qui aiment la facilité et draguent ouvertement ?

Ce fut à son tour d'éclater de rire. Juste au même moment, Mr Groomer entrait. Il s'avança vers son pupitre en ordonnant le silence. Ce prof intimait le respect, il fallait l'avouer. Par le plus grand des hasards, au cours de ces cinquante minutes de cours, il réussit à susciter notre curiosité sur le Romantisme, assez pour qu'on ne voie pas le temps passer.

A la fin de l'heure, je me hâtai à rassembler mes affaires.

- Tu devras finir la disserte seule.

Levant la tête, je découvris Ed qui affichait une attitude totalement impartiale. Lui arrivait-il parfois de commencer une conversation par les politesses ?

- Monsieur Groomer a bien précisé avoir besoin de deux avis, protestai-je sur la même lancée.

- Pas de problème. Je venais juste te donner mon opinion sur le sujet, m'expliqua t-il en me tendant une feuille. J'aurais pourtant adoré passer du temps avec toi mon ange, mais pour cela il faudrait que tu me donnes de bonnes raisons d'abandonner mes projets.

Il pencha légèrement la tête de côté, étudiant ma future réaction. Je décelai de l'amusement teinté d'une pointe de provocation dans son regard.

-Tu te montrais plutôt convaincante hier soir. Voyons si tu as épuisé ton quota, continua t-il en ponctuant ses paroles par un clin d'oeil.

- Laisse tomber, je me débrouillerais seule.

Il s'esclaffa et secoua la tête. J'avais la désagréable impression que j'amusais que trop régulièrement mon binôme. Pourquoi étais-je toujours un sujet risible avec lui ?

- Parfait ! Bonne soirée, lança t-il.

Alors qu'il s'éloignait d'une démarche svelte, je jetai un coup d'oeil à la feuille qu'il venait de me remettre. Un instant... elle était vierge, totalement blanche. Se moquait-il de moi ?

- Hé ! l'interpellai-je en le rejoignant dans le couloir. Tu n'as rien écrit ! M'écriai-je attirant les regards de certains dans notre direction.

- Bien sur que si, dit-il vaguement moqueur en continuant d'avancer. Retourne là.

J'obtempérai en m'évertuant à maîtriser la colère qui montait peu à peu en moi. Je m'immobilisai dans le couloir. Au bas de la feuille, en fines lettres, Ed avait inscrit une simple phrase "L'amour commence toujours par la haine.", suivie d'une série de chiffres que je supposais être son numéro de portable. J'étais si furieuse que je dus me retenir à mainte reprise de hurler à plein poumons contre cet odieux personnage qu'était Ed Larkin.

- C'est quoi ton problème ? Braillai-je devant tout le monde.

- Merci de t'en soucier mais je n'ai aucun problème. Je me porte même plutôt bien, répondit-il malicieusement.

Est-ce qu'il pouvait arrêter de me prendre pour une idiote ?

- Qu'attends-tu de moi à la fin ? Demandai-je finalement en détachant chaque mot pour contenir ma rage.

HEAVEN [en pause]Onde histórias criam vida. Descubra agora