Le pensionnat Keppel

Chapitre 47

Lana Parker

Les hauts parleurs grésillent quand j'arrive au réfectoire lundi matin. Le volume sonore de la pièce diminue pour laisser entendre l'annonce qui suit alors que je m'installe. Adam est convoqué dans le bureau de la directrice.

Il fallait bien que ça arrive.

- Il va se faire engueuler tu crois ? demande Astrid.

- Il s'est envolé pour New York avec une carte bancaire à sa mère sans la prévenir, donc...

- Donc oui, conclut Kally.

Elle me tapote la main avec un sourire.

- Tu le réconforteras.

Je n'ai pas le temps de répliquer, je vois Simon et Noah arriver ensemble derrière elle, et Noah paraît de mauvaise humeur, pour changer.

- Tu n'arrêteras donc jamais de faire la gueule, je commente alors qu'il s'assoit.

- Pas tant que tu sera dans ma vie.

Simon met une main près de sa bouche comme pour s'adresser à part à Astrid et Kally.

- Ils se sont réconciliés hier, informe t-il.

Astrid hoche la tête.

- Ça se voit.

Noah m'adresse un micro sourire avant de se remettre à bouder.

- Bon, et c'est quoi ton problème cette fois ? je demande.

- J'ai perdu cinquante point...

- Encore ? Mais tu le fais exprès ?

- Bien sûr, je fais exprès, ça m'amuse beaucoup !

- Si c'est pas volontaire c'est consternant.

- Mais comment t'as fait ? demande Kally.

- J'ai sauté des repas, et la directrice m'a averti que je perdrais dix point à chaques fois.

- Donc tu en a sauté cinq, je déduis. C'est n'importe quoi, t'abuses.

Simon lui pose une main sur l'épaule pour l'empêcher de répliquer.

- Je pourrais aller voir la directrice avec toi pour négocier, propose-t-il. On dira que tu te sentais mal ces jours-là. C'est même pas un mensonge.

- Je sais pas, soupire Noah. Je veux pas la voir.

- Il faudra faire un effort alors, intervient Astrid. Simon a raison, la directrice fait souvent semblant d'être bienveillante quand on s'adresse à elle directement. C'est ta chance.

Noah reste réticent, et alors que tous les autres argumentent pour le convaincre, je pense à Adam. Il doit être avec sa mère en ce moment-même. Je me demande ce qu'elle va lui dire, je me demande si elle va parler de moi et poser des questions sur ma présence à New York.

Je sais promettre grâce à Adam. J'espère qu'il saura mentir grâce à moi.

Quand je me rends devant ma salle de classe avec Astrid, il n'est toujours pas revenu. Il n'arrive que dix minutes après le début du cours et s'assoit au premier rang sans traîner. Comme il est dos à moi et qu'il ne m'a pas jeté un seul regard, impossible de savoir à quel point il est contrarié.

Je dois attendre une heure avant de le retrouver dans le couloir pour l'interroger :

- Ça va ? Ta mère t'as dit quoi ? Elle t'as engueulé ?

- Ça fait beaucoup de questions...

- Réponds dans l'ordre.

- Oui ça va. Ma mère m'a dit que j'avais été irresponsable, que je devais faire attention à la façon dont j'étais en train de changer, que c'était bien d'évoluer mais que je devais rester fidèle à mes valeurs... Bref, elle m'a fait la morale plus qu'elle m'a engueulé. Elle m'engueule jamais.