chapitre 35

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Lana Parker

Il est déjà dix-neuf heures quand quelqu’un vient frapper à la porte de ma chambre. Je m’attend à trouver Adam, mais c’est sa mère qui me fait face quand j’ouvre. Elle jette un œil à l'intérieur de la pièce et fronce les sourcils.

— Vous êtes venu jusqu’ici pour faire chambre à part ? 

Merde. Ça commence mal. 

— Non, on… On va rester là tous les deux, Adam est juste parti se changer dans sa chambre. 

— Ah, très bien… 

Elle toise ma tenue de haut en bas avec la même désapprobation que lui au fond des yeux. 

— C’est ce que je voulais te proposer aussi, avant de descendre dîner.

J’accepte de la suivre. L’idée de devoir m’habiller pour dîner aurait pû me paraître pompeuse, mais cette maison est trop élégante, le décor donne envie de jouer le jeu, et puis, je dois faire bonne impression devant ma belle-mère.  

Elle me conduit jusque dans un dressing plus grand que mon salon à New-York, et l’étrangeté de la situation me met une claque quand je vois nos deux reflets l’un à côté de l’autre dans le miroir en pied qui fait face à la porte. Être ici, avec elle, dans sa maison… C’est presque surréaliste. Il y à quelques jours à peine je n’aurais même pas pu l’envisager. Mais c’est la réalité, pas juste un rêve tordu malgré que ça y ressemble, et c’est une chance énorme. Je suis prête à parier que cet endroit regorge d’éléments compromettants à son sujet. Il faut seulement qu’elle reste persuadée que je ne suis pas là pour ça, mais pour son fils. 

J'espère qu’Adam saura jouer le jeu jusqu’au bout. 

— Tu es à l’aise avec des talons ? 

Je détache les yeux de mon reflet pour regarder la multitude de paires de chaussures que la directrice me désigne sur une étagère. 

— Oui, plutôt…

— Très bien, dans ce cas, choisis-en une paire. Rien ne t’ira sinon, tu es minuscule.

Je m'exécute, et profite du fait qu’elle se mette en quête d’une tenue à me prêter pour envoyer un message à Adam. Je lui explique que sa mère s’est étonnée de ne pas nous trouver dans la même chambre, et répète l’excuse que je lui ai donné. J’ai dis qu’il se changeait, maintenant il faut qu’il le fasse vraiment. C’est sur des détails de ce genre qu’on risque de se faire griller. 

Il ne m’a pas encore répondu quand sa mère en revient à moi. Elle me donne un pantalon en toile et une chemise noir tous les deux, puis quitte le dressing pour me laisser me changer. Je garde les yeux rivés sur mon portable, mais toujours aucune réponse jusqu’à avoir enfilé ma tenue. Je termine par les chaussures qui me rehaussent de dix bon centimètres, et soupire face à mon reflet. La directrice a toujours l’air aussi impeccable qu’implacable, j’aimerais renvoyer la même chose face à elle, mais la couleur de mon ensemble souligne toutes les traces laissées par le manque de sommeil sur mon visage. J’ai juste l’air d’un vampire. 

Je continue de fixer mon portable quand je rejoins le rez-de-chaussé, et me retiens de souffler de soulagement en voyant qu’Adam est déjà là, bel et bien changé. Sa mère termine de mettre la table un peu plus loin, j’en profite pour m’approcher de lui. 

— T’as bien vu mon message ? 

— Oui…

J’avais pris soin de le terminer par “confirme moi que tu as vu ce message” précisément pour m’éviter l’angoisse de ces dernières minutes, mais j’ai l’impression qu’il fait exprès de ne pas coopérer. Sa mère nous jette un coup d'œil. Je me force à sourire et me penche pour chuchoter à son oreille :

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant