Chapitre 3.1

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Lana Parker

Astrid et Kally s'agitent autour de moi depuis déjà plusieurs minutes quand je daigne enfin sortir de mon lit. Le ciel s'éclaircit à peine dehors. Je traîne des pieds jusqu'à la salle de bain, et enfile mon uniforme sous les grognements de Kally qui m'ordonne de me dépêcher à travers la porte.

Il est classique : jupe, chemise, veste orné d'un "K" stylisé pour former l'emblême du pensionnat, et des teintes rouges et noires qui me vont bien. Elles accentuent la couleur de ma bouche, le gris de mes yeux et la clarté de ma peau, qui contrastent déjà d'ordinaire avec mes cheveux noirs. 

J'hésite à me maquiller pour renforcer encore ces traits qui me plaisent, et surtout pour avoir l'impression que tout va bien, que tout est normal. Parce que si tout était normal, pour un premier jour de cours, c'est ça que je ferais : prendre le temps de me préparer, de me maquiller… Mais les coups frappés contre la porte m'obligent à me presser. Quelques minutes plus tard, je suis en chemin pour le réfectoire avec Astrid et Kally. Passer la journée de la veille en leur compagnie m'a déjà appris quelques bases. Astrid parle peu, a l'exception de certains sujets la rende au contraire trop bavarde, tandis que Kally ne perd jamais en énergie et s'exprime sans filtres. 

— Je t’apprécie pour l’instant, lâche-t-elle justement. Mais tu vas devoir faire un effort.

— Pour ?

— T'intégrer. 

— Si tu m’apprécie déjà après moins de vingt-quatre heures je m’en sors bien.

— La première impression est rarement la bonne, commente Astrid.

— Et de toute façon ce n'est pas moi le problème, c'est les autres, ajoute Kally. À partir de maintenant fait profil bas, où ils vont tous te prendre pour cible. 

Ce genre de directives n'arrêtent pas depuis hier. Astrid et Kally ne cessent de me mettre en garde, mais sans aucune explication concrète. Avant de leur obéir je vais avoir besoin de savoir pourquoi je le fais. 

On entre dans le réfectoire, bruyant et déjà plein à craquer. Kally repère un ami à elles qui leur a gardé une table, et on charge nos plateaux avant de le rejoindre. 

— C'est qui ça ? demande-t-il après m'avoir jeté un coup d'œil. 

— Lana Parker, se charge de répondre Astrid, elle vient d'arriver. 

— Et Lana je te présente Noah, enchaîne Kally. 

Comme il prend le temps de m’observer je lui rend la pareille, passant en revue ses cheveux bruns, ses yeux marrons, le bandage sur sa main… Il semble fatigué, et de mauvaise humeur, c’est la seule conclusion que j'arrive à en tirer. 

— Comment ça se fait que tu arrives en troisième année ? demande-t-il. 

— J'ai été... "invité" ici. 

J'évite de parler du procès. Ce n'est pas la première chose que j'ai envie qu'on apprenne à mon sujet. Il hoche la tête sans poser plus de questions, et se met à discuter avec Kally, au sujet des emplois du temps, des professeurs... Des bavardages de lycéens classiques, qui me donnent un peu plus l’impression d’être à ma place, mais surtout de passer à côté de quelque chose. Ils s'interrompent lorsqu'une voix s'élève depuis les hauts parleurs fixés au plafond. 

— La répartition des classes va débuter, veuillez rester attentif à l'appel de votre nom. 

Un silence de mort s'installe dans le réfectoire jusqu'alors agité. Une première classe est citée, la première A, suivie d'un enchaînement de noms Plusieurs minutes s'écoulent avant que l'appel en arrive enfin au troisième années. Je me redresse sur ma chaise et constate que tout le monde autour de la table fait de même. Kally et Noah sont appelés ensembles, mais pas Astrid, citée dans une autre classe juste avant un nom qui m'interpelle : 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant