Chapitre 34

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Lana Parker


L'horloge qui surplombe la porte sonne dix heures précises quand je retrouve Adam dans le Hall. J'étais encore au réfectoire il y a cinq minutes, mais j'ai dû écourter mon petit-déjeuner. Je sais à quel point il déteste quand j'arrive en retard. 

— C'est bon, t'as tout ce qu'il te faut ? demande-t-il. 

Je hoche la tête. J'ai juste bourré mes rechanges dans mon sac à main, ça suffira. Adam me scanne rapidement de haut en bas avant de pousser la porte pour sortir. 

— Tu aurais pu t'habiller. 

Je baisse les yeux sur mon jogging et les personnages de scooby doo qui ornent mon t-shirt. 

— Ok je dors avec, mais ça reste des vêtements, et puis on va enquêter, c'est dans le thème. 

Il ne dit rien. Sa remarque était froide, et son regard le reste alors qu'on s'engage dans l'allée qui mène au grillage. Je me retiens de lui rétorquer que porter l'uniforme pendant les vacances est bien pire que de rester en pyjama. Sérieusement, personne à part lui ne s'inflige ça. 

— Tu pourrais suggérer à ta mère de ma part d'utiliser l'argent qu'elle se fait sur le dos de ses élèves pour acheter des uniformes plus confortables ? je suggère pour briser le silence. 

Il soupire bruyamment. 

— J'ai pas envie de parler à ma mère en ce moment. Et si tu plaisantais, j'ai pas envie d'en rire non plus. 

— Ok, pardon. 

Je comprends, j'aurais dû me taire. On s'arrête au niveau du grillage. C'est Tyler qui est en charge de le surveiller aujourd'hui, bonne coïncidence puisqu'on a aucune autorisation de sortie. La mère d'Adam ne doit surtout pas être au courant qu'on s'en va. Je m'apprête à lui faire signe de nous laisser sortir quand Adam prend la parole : 

— Ma mère a dit que je pouvais sortir, mon chauffeur m'attend. Vous pouvez ouvrir. 

Son ton est autoritaire. Je ne dirais pas que ça ne lui ressemble pas, il me parlait toujours comme ça au début, lors de nos cours particuliers, et chaque fois que mon attitude en classe ne lui plaisait pas, mais Tyler est un adulte, et de surcroît un tuteur. Adam a toujours respecté la hiérarchie au sein du pensionnat. Je ne sais pas si c'est une bonne chose qu'il s'en défasse. En d'autres circonstances peut-être, mais après ce qu'il s'est passé, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter du moindre changement de comportement. 

Tyler ouvre le grillage sans rien dire. L'hématome autour de son œil a gagné du terrain. Je n'arrive pas à savoir si c'est ça qui lui donne un air si maussade ou s'il l'est vraiment. Je ralentis un peu le pas pour pouvoir lui parler alors qu'Adam pars devant, mais ce dernier marmonne aussitôt :

— Dépêche toi Lana. 

Je dissimule un soupir avant de le rejoindre. On longe la forêt sans y pénétrer sur plusieurs mètres, et je suis surprise lorsque ce petit chemin coincé entre le grillage qui entoure le pensionnat et la lisière des arbres débouche sur une grande route en béton. 

Elle n'est pas visible depuis le toit du pensionnat, ça m'avait toujours donné l'impression qu'il n'était accessible que par les rails - supide vue le nombre le nombre de voiture qu'il y avait a mon arrivé. 

C'est un modèle tout aussi luxueux que je découvre arrêté pour nous attendre. Un homme en costume est à demi assis sur le capot, une cigarette entre les lèvres. Je ne peux pas m'empêcher de sourire. 

— Putain il est beau ton chauffeur. 

— Il a le double de ton âge. Arrête d'être déplacé comme ça. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant