Chapitre 14

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Lana Parker

Depuis quelques jours, les couloirs du pensionnats d'ordinaire bondé ont été déserté. Seuls une petite poignée d'élèves y airent encore, alors que la plupart sont rentrés chez eux, ou se massent comme moi dans les salles de repos pour voir s'écouler des journées interminables. C'est bien la première fois que je pense comme ça, mais je suis soulagée que les congés de Novembre ne durent qu'une semaine ici. 

— C'est qui les équipes au-dessus de nous pour récapituler ? demande Noah, assis en face de moi. 

On ne s'était pas parlé depuis le début des vacances, mais j'imagine que c'est l'ennui qui à finis par nous y pousser. La conversation s'est automatiquement tournée vers le seul sujet qu'on partage tous les deux : la course. 

— Jake et Charles, Rosa et Amy, et évidemment Liam et Eryn, j'énonce. 

Noah hoche la tête, les yeux plissés. Il y a quinze équipes en tout, et après une course en situation réelle le dernier vendredi avant les vacances, Noah et moi sommes arrivés quatrième. Un bon score, mais pas suffisant. 

— Je connais un peu Jake, lâche Noah, on est déjà sorti fumer ensemble quelque fois, peut-être que s’il le fait encore je pourrais demander à Tyler de le coincer, et de lui mettre une retenue le jour de la course. 

— Oui, ou on pourrait aussi pousser Eryn dans les escaliers la veille pour lui péter les deux jambes, je marmonne. 

Noah roule des yeux. 

— Fait pas comme si t'avais peur d'ébranler ton super sens moral, rétorque t-il. 

— Je suis sérieuse. On pourrait tout aussi bien s'entraîner plus et gagner sans tricher. 

— Mais c'est moins sûr et on à tout les deux besoin de ces cinquante points !

Je soupire. C’est pour ça qu’on évite de s’adresser la parole d’habitude… 

— Écoute, tu fais ce que tu veux, mais tu m'implique pas, je déclare. Ça te vas ? 

— Ouais, comme ça tu te conforte dans l'idée que tu vaux mieux que moi, grogne t-il.

Je lâche un claquement de langue agacé. Il a appuyé sa tête sur une main et regarde le sol, comme si c'était à lui d'être lassé.

— J'ai pas dit ça et je le pense pas, arrête un peu de faire la victime !

Comme il reste silencieux je suis sur le point de croire qu'il va lâcher l'affaire, mais sans lever les yeux vers moi, il souffle :

— Ce que tu fais avec Adam c'est pas mieux. 

— Qu'est-ce que je fais avec Adam ? 

Je veux juste le sortir de son déni. Au fond c'est même lui rendre service. 

— Tu te sers de lui, assène Noah d'un ton tranchant. Tu fais amis-amis avec lui pour tes propres intérêts. Maintenant tourne le comme tu veux, mais ça reste amoral. 

— Je fais pas "amis-amis"... 

Je ne lui parle que lors de nos cours de soutien, ce qui ne s'est d'ailleur pas avéré très efficace jusque-là. Il ne veut rien entendre, peu importe comment je tourne mes avertissements. Je maintiens que personne n'est impossible à convaincre, mais personne ne m'avait jamais donné autant de fil à retordre non plus. Peut-être que si je le connaissais un peu mieux... 

— Mais c'est pas une mauvaise idée, je m’exclame soudain. Il faut que je fasse amis-amis avec lui ! 

Noah fronce les sourcils, l'air de jauger si je me fou de sa gueule ou pas, puis il lâche un rire dépité en comprenant que je suis sérieuse. Au moins je l'aurais remis de bonne humeur. Je ne reste pas avec lui plus longtemps et passe le reste de la journée à cogiter, cloîtrée dans mon dortoir désert. Je ne suis même pas sûr que j'en aurais parlé à Astrid et Kally si elles avaient été là. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant