2 - Eeva

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- Mais où est-ce que vous étiez ?? Ça fait vingts minutes que l'on vous cherche partout ! s'exclame ma mère lorsque je reviens des bois.

Je lance un regard complice à Elías, regard qu'il me retourne. Ah, si elle savait.

- J'avais besoin de prendre un peu l'air, je lui réponds simplement.

Ou alors, j'ai omis de te dire que lorsque je fumais ma clope je me suis faite dépucelée par mon tout nouveau mari, qui me semble au passage vraiment très bien membré.

- Bon, d'accord. Mais viens t'asseoir, la soirée n'est pas terminée !

Coucher, j'en aurais eu l'occasion des centaines de fois avant de me marier autant avec des mecs qu'avec des filles, mais je tenais à rester vierge. Je me disais que l'attente ne rendrait que le moment encore plus bon. Et ça a été le cas !

- Eeva, tu m'as entendu ? Viens t'asseoir, dit ma mère en me prenant le bras.

J'ai immédiatement un geste de recule et la repousse. Elle me regarde en fronçant les sourcils.

- Euh... excuse-moi, je suis un peu fatiguée.

C'est tout ce que je trouve à dire. Elle ne me répond pas et repart s'assoir, alors je la suis. Ça m'arrange, puisque je suis assise à côté d'Elías.

- Tiens, mange un peu de gâteau, tu n'as rien avalé de la soirée, dit-elle.

Je prends l'assiette qu'elle me tend avec un sourire et la pose à côté de moi avec dégoût. Ça fait plusieurs années déjà que je n'arrive pas à manger correctement. Ou bien j'ai des phases d'anorexie maladive, ou tout le contraire, je fais des crises de boulimie, c'est-à-dire que je mange jusqu'à n'en plus pouvoir et la plupart du temps, ça me fait vomir. Ça s'est déclenché à la puberté, à cause du regard et des commentaires des hommes sur mon physique. Il faut tout le temps que je sois « parfaite », et même si j'arrive à l'être à l'extérieur et à montrer une confiance en moi inébranlable, mon intérieur est beaucoup plus faible que ce que je ne laisse paraître.

Pendant qu'Elías discute avec mon père de l'avenir qu'il voit pour la mafia, je jette un coup d'œil à Liris, sa cousine. Elle est un peu plus jeune que moi à ce qu'on m'a dit mais elle est très têtue. Comme elle est elle aussi assise à côté de moi, j'en profite pour lui parler.

- Alors, c'est toi la cousine qu'il ne faut pas embêter ?

- Exact, fait-elle avec un petit sourire triomphant. Contente qu'on t'ait parlé de moi. J'avais entendu parler de toi avant que tu ne sois désignée comme épouse pour Elías.

- Ah oui ? Et qu'est-ce que l'on disait ?

Elle plisse les paupières.

- Tu es sûre de vouloir le savoir ?

Honnêtement, non. Ça doit tout le temps être la même chose. Mais comme je n'ai rien d'autre à faire, alors je l'encourage à continuer.

- Les mecs voudraient tous t'avoir dans leur lit. Apparement tu es un très, très gros fantasme pour eux, grâce à tes cheveux foncés et tes yeux clairs.

Elías se tourne alors dans notre direction.

- Qui est le fantasme de qui ? demande ce dernier.

- Ta femme, répond Liris. Tu sais que tout les mafieux présents ce soir aimeraient se la taper ?

- Ouais, je sais. En attendant, ce n'est pas eux qui viennent de la baiser dans les bois. Oh, et le premier qui pose un regard un peu trop insistant sur elle finit six pieds sous terre.

Un rire m'échappe devant la tête ahurie de Liris.

- Non attends, c'est pas vrai... vous venez de baiser dans les bois ??

- Bah ouais qu'est-ce que tu crois ? Elle n'a pas su résister à mon charme. C'était cuit pour moi à l'instant même où elle m'a vu.

Je lève les yeux au ciel.

- Tu n'as pas eu l'air de rejeter mon envie à ce qu'il me semble, je lance en haussant les sourcils.

- Effectivement.

Je tourne la tête en sentant un regard sur moi, il s'agit de Neala Mulligan, ma belle-mère. Je lui envoie un petit sourire, qu'elle me retourne.

- J'aime beaucoup ton tatouage sur le bras, lance soudain Liris, me faisant détourner le regard.

- Oh, merci !

C'est un petit tatouage niché juste au dessus de l'avant-bras et qui signifie « ad vitam » (nda : 'à vie' en latin).

- Qu'est-ce qu'il signifie ?

Un sourire gênée prend place sur mon visage.

- Tu ne vas peut-être pas me croire, mais je ne me souviens absolument pas l'avoir fait.

Cette fois-ci, c'est le regard de mon père que je sens peser sur moi. Je l'interroge du regard, et celui-ci détourne la tête. Je fronce les sourcils mais ne dis rien.

- Tu l'apprécies mon cousin ? demande alors Liris.

- Il m'a l'air cool pour le moment.

- Ça, c'est parce que tu ne l'as pas encore supporté pendant une crise psychotique ou alors de démence.

- Ta gueule Liris, lance son cousin.

- Je ne fais qu'évoquer un fait, même si tu n'es pas aussi atteint que ton père semblait l'être, tu n'es pas totalement saint d'esprit pour autant. Tu vois cette cicatrice ? fait-elle en se tournant vers moi.

Elle m'indique une petite tache au dessus de son sourcil gauche.

- Ça, il me l'a fait en me cognant la tête contre un mur lorsqu'il ne se contrôlait plus.

Je hausse les sourcils et me tourne vers mon nouvel époux.

- Si tu me touches, je te tranche la gorge.

Un sourire provocant naît sur ses lèvres.

- Tu en serais bien incapable maintenant que tu sais ce que je peux faire de mon corps.

Sa phrase me réchauffe instantanément.

- Et toi là, fait-il en se tournant à nouveau vers sa cousine, je t'assure que je te fais la même chose que mon père a fait à ta mère si tu continues à ouvrir ta bouche.

- Mouais, et je te ferai la même chose que ta mère a fait à ton père dans ce cas.

- Au moins je connais l'identité de mon père moi.

Un silence s'installe et Liris fait un doigt à Elías.

- Alors les enfants, il serait peut-être temps d'aller consommer votre mariage ! lance Carita en nous prenant tous les deux par les épaules.

- Ouais... bien sûr, fait Elías.

Tout le monde autour commence à crier. Lui et moi nous levons, et sans que je m'y attende, il m'attrape par le bras et vient me coller à lui. Et là, il pose sauvagement ses lèvres sur les miennes et commence à m'embrasser en y mettant toute l'envie qu'il ressent. Je l'embrasse en retour, sous les cris des convives. Puis, je le prends par la main et nous quittons la salle sous des cris d'encouragement. Il me monte jusqu'à sa chambre, qui est désormais notre chambre, et lorsque nous y parvenons, il ferme la porte derrière lui.

- Je te préviens, pas plus de sexe ce soir, j'aurais du mal à le supporter.

- Ok, mais dans ce cas que pouvons-nous bien faire, madame Mulligan ?

The Mafia's Wedding LIVRE ÉDITÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant