02 | S'échapper - seconde partie

50 14 2
                                    

L'entrée de Gladius ne se trouvait qu'à quatre kilomètres, aussi y arrivai-je vers sept heures et demie. Pendant que je traversais les collines aux abords du village, j'avais réfléchi au fait de trouver un véhicule là-bas pour pouvoir m'éloigner de manière plus significative de mon ancienne vie. Mais après tout, Gladius était une ville immense et possédait des quartiers et habitants tous plus différents les uns que les autres ; j'y trouverais forcément des abris où je pourrais me cacher. Voire même m'y installer. Vivre comme une vagabonde était toujours mieux que d'être obligée de me rendre dans une école dirigée par des pions du gouvernement.

Mais chaque chose en son temps, songeai-je en arrivant devant les portes grandes ouvertes de la ville, où quatre gardes barraient le passage, serrant leurs pistolets dans leurs énormes mains veineuses. Je vais d'abord entrer.

— On passe pas ! beugla un des gardes en guise de bonjour lorsque j'arrivai à son niveau. C'est quoi ton nom ?

— Cassiopée.

J'avais la voix mal assurée et le regard rivé vers le sol.

— Cassiopée quoi ? aboya le second en resserrant sa prise sur son arme.

— Cassiopée, répétais-je.

Je sentis le regard crispé du garde se faire agressif. Il fit gonfler les muscles de ses bras épais, puis soupira.

⸺ Bon, écoute-moi bien, gamine. Tu m'as tout l'air d'être une mineure, c'est-à-dire forcément en fugue, et j'pourrais te faire enfermer pour ça avant de demander une rançon à tes parents. J'pourrais te faire passer si j'le voulais, mais j'aime pas qu'on s'foute de ma gueule. Alors tu vas répondre à ma question et me donner ton nom complet. Et regarde-moi dans les yeux !

J'eus un étrange rictus et relevai la tête, inquiète. Mon sweat à capuche trop grand voilait ma silhouette maigre, mon jogging présentait de nombreuses traces de terre, et mes chaussures semblaient avoir souffert. Je ne devais pas leur paraître très honnête. Je ne l'étais absolument pas, d'ailleurs. La meilleure chose à faire, c'était de répondre aux questions du garde barbu qui me fusillait du regard.

— Je m'appelle Cassiopée, monsieur, répétai-je, tâchant de me montrer la plus accommodante possible. Je n'ai pas de nom de famille. Je ne connais pas mes origines. Ni mes géniteurs.

C'était à moitié faux. Mais à moitié vrai, si l'on y réfléchissait bien. Je ne lui mentais pas... pas vraiment.

— Bon, même si j'décide de t'croire, c'qui est loin d'êt' dit, t'as bien vécu de manière civilisée, à en voir tes fringues et tes autres affaires. T'as forcément été adoptée par quelqu'un, non ? Tu portes pas l'nom de famille de tes responsables légaux ?

— Je... fis-je, sans trop savoir quoi répondre.

Je me mis à danser d'un pied sur l'autre. Ce garde ne me prenait visiblement pas au sérieux. Mes yeux se posèrent sur son pistolet, qu'il tenait fermement. Ses veines ressortaient sur ses épaisses mains, donnant une étrange couleur bleue et rougeâtre.

— Allez, réponds, la p'tite ! J'vais pas te tirer dessus, t'sais. T'es bien trop gringalette pour représenter un danger pour qui qu'ce soit.

— Sur tous les papiers administratifs qui me concernaient que j'ai pu voir depuis que je suis enfant, il y a toujours eu marqué « inconnu » aux côtés de mon nom de famille. Je regrette monsieur, je ne sais pas. Je m'appelle Cassiopée. Juste Cassiopée.

— Et t'as quel âge, Juste Cassiopée ? fit-il, narquois.

— J'ai dix-sept ans depuis hier, monsieur, mentis-je sans ciller.

La course des étoilesМесто, где живут истории. Откройте их для себя