Chapitre 7

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Je me rappelle d'un moment heureux que j'ai pu passer lorsque tout allait bien : c'était en fin juin, la chaleur était bien présente, les rayons de soleil tapaient sur les recoins de ma salle à manger. Les cigales chantaient, les fleurs resplendissaient dehors, les piscines étaient de nouveaux de sortie, ça sentait l'été. Ilario et ma mère cuisinaient ensemble tandis que moi, j'aidais à décorer la table. Comment oublier cette journée si spéciale, où tout le monde passait un bon moment ensemble sans créer de problème, comme de bons vieux amis. De dos, je les admirais faire à manger, ma mère engueulant mon pauvre amant, le menaçant de lui enlever la cuillère s'il n'arrêtait pas de la lécher et lui, rétorquant qu'il ne voyait pas de quoi elle parlait, la bouche remplie de chocolat.

"Madame, je vous trouve un peu tendue ces temps-ci !

— Et à qui la faute ! Espèce de sale gamin mal élevé, hors de ma vue, allez ! Lui ordonne-t-elle le frappant avec une cuillère en bois qu'elle venait de trouver dans un tiroir d'une commode.

— Aïe, Madame Octavia ! J'ai mal, si vous continuez comme ça, je vais finir par croire que vous m'aimez bien finalement.


— Va-t'en, j'ai dit ! Tu ne fais que me ralentir."

Elle avait raison, il ne faisait pas grand-chose à part regarder par-dessus son épaule et lui piquer quelques ingrédients pour son propre estomac. L'"aider" était un bien grand mot sur ce coup-là, je ne pouvais retenir mon rire devant cette scène de ménage, Ilario se protégeait tant bien que mal avec ses bras devant les coups puissants de ma chère mère, qui elle aussi ne pouvait pas cacher son large sourire. Cette affection pour Ilario ne cessait de grandir, je le sentais au plus profond de moi qu'elle l'aimait comme le fils qu'elle n'avait jamais eu, sans doute pour remplacer le manque qu'a causé Léyna en s'en allant sans prévenir.

" À quoi tu penses ?"

Ses larges bras costauds, m'enlacèrent par la taille, sa tête posait sur mon épaule, il me fixa avec son énorme sourire dévastateur qui ne manque pas de me faire tomber amoureuse à chaque fois que je le vois me sourire de la sorte.

" Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es enfuie ?

— Oui, ta mère me faisait trop peur, j'ai préféré la laisser de mon plein gré."

J'éclatais de rire devant son air de chien battu, ses bras se resserrèrent encore plus, Ilario finit par nicher sa tête dans le creux de mon cou laissant de léger baisers au passage.

"Pas que je veuille t'empêcher de travailler, mais t'es si mignonne quand tu rigoles Oddyce. Comment, j'ai fait pour être chanceux comme ça ? Hein, dis moi.

— Je ne sais pas, mais je suis contente que tu sois avec nous, je veux dire dans cette famille."

Je me retourne pour lui faire face, les mains posées sur le rebord de la table, mon cœur ne cesse de battre depuis qu'il m'a touché. Ses pupilles se dilatent lorsque je croise son regard, cette fois-ci, il ne peut pas le nier. Je sais qu'il est à ma merci et qu'il m'aime comme moi, je l'aime. J'ai connu l'amour grâce à lui, je ne le remercierais jamais assez d'être rentré dans ma vie.

" Moi aussi, déclare-t-il, mais ne finit pas par me considérer comme ton frère, parce que ce n'est pas ton frère que tu vas embra-

— C'est bon, j'en ai marre ! J'en ai plus qu'assez de vous entendre vous bécoter derrière moi. J'ai des oreilles, je vous signale."

L'interruption de ma mère dans notre discussion me fit sursauter de surprise. Oups, j'avais oublié la présence de ma maman. J'éclate de rire devant son visage déboussolé contrairement à Ilario qui sourit timidement. Cet épisode de ma vie, je veux la stopper, la regarder encore une fois, la revivre, rien que pour un instant. D'un paradis prématuré à un enfer artificiel, qu'avais-je pu faire à part croire en une vie heureuse, à ma vie parfaite. Cette vie qui commençait à s'envoler petit à petit, l'instant même où je reçus un éclat de verre sur ma tempe. Cette douleur que je ressentais me tira un cri de surprise. Si ce n'est pas moi qui l'ai visé, alors qui ? J'ouvris lentement les yeux et vis l'homme qui mettait drôlement familier étendu au sol, sa jambe en sang.

— Mais patron ! Qu'est-ce que je vous ai fait ?

— Ah Noah, parfois, je me demande si tu te rends compte de la chance que tu as à être avec moi plutôt que dans ton village paumé d'où je t'ai sauvé.

— Bien sûr ! Je vous ai toujours servi alors pourquoi vous m'avez tiré dessus !

— Je l'ai dit, aucune personne ne doit me manquer de respect ou salir ma réputation. Ce n'est pas ce que tu as fait lors de la livraison ?

— Je... Non ! Je n'ai absolument rien dit !

— Alors ton coéquipier m'a menti ?

— Si c'est cet enfoiré de Rub-

— Non, c'est moi enfoiré. Déclare une voix forte venant de derrière moi, qu'est-ce qu'il y a, hein ? Pourquoi tu ne parles plus avec la même énergie que t'avais juste avant ?

La présence de Monsieur X se rapprochait lentement de mon siège.

L'homme dégluti lorsqu'il croise le regard de son coéquipier.

— Je... Ce n'était pas mon intention, ce n'est pas ce que vous croyez.

— J'aurais bien aimé dire "Je n'aime pas les menteurs", mais comment dire ? C'est mon métier.

Il sort un mouchoir de la poche arrière de son pantalon, puis le frotte doucement contre son arme, il me jette un coup d'œil en me faisant un clin d'œil, il pointe son arme sur Noah. L'air complètement détendu, il tire... Dans la tête cette fois-ci.

Les membres de mon corps avaient cessé de fonctionner, le son du coup de feu résonnait encore dans mes oreilles, ça ne pouvait pas être réelle. L'ex coéquipier de Noah m'attrapa le bras de force, mes jambes et mon autre bras pendaient dans le vide, il m'emmena en face du corps sans vie, ses yeux encore ouverts et un énorme trou entre ses yeux. Non ! Non ! Non ! Pourquoi ! Pourquoi ! Pourquoi !

— ... Tu viens d'assister à un meurtre Oddyce. Je ne peux pas te laisser partir, tu comprends ? Pas après ce que tu viens de voir, tu pourrais nous nuire.

D'une voix qui se voulait douce, ce meurtrier s'approcha de moi lentement me caressant les joues remplies de larmes.

— Il va falloir que tu obéisses à mes ordres pour éviter de finir comme lui, hein. Me chuchote-t-il tout près de mon visage. Et arrêter de vomir sur un de mes clients. Est-ce que tu as compris ?

Je voyais flou, mais les images de son cadavre repassèrent en vain dans ma tête, sa peau devenu livide et l'espace d'un moment, j'ai cru le voir agoniser sur le sol. Tout ça... Me dégoûte, me répugne tellement que sans attendre, je vomis sur la table. Monsieur X m'avait lâché le bras, je me tords de douleur, une migraine atroce ressurgit.

— Oh, mais putain, c'est dégueulasse, qu'est-ce qu'elle a, à vomir sans arrêt, c'est une maladie ?

Juste à ce moment, une sonnerie de téléphone résonne, je tourne la tête m'essuyant la bouche avec ma main vers l'homme qui venait de prendre une vie. Il s'éloigna de nous pour répondre à l'appel, en même temps, je m'écroulai sur mes jambes et sans le vouloir, je jetais un coup d'œil à Noah où il baignait désormais dans son propre sang. Je voulais crier, mais tout ce que je pouvais faire était de pleurer, encore et encore au point d'avoir mal à la tête.

Quelques minutes après, j'entendis un verre se casser, ma tête devenue trop lourde pour la relever, je me fiais au bruit. Des grands pas s'approchèrent en vitesse et avant que je ne dise quoi que ce soit, un objet me percuta la tête sauvagement au point de me rendre inconsciente pourtant les seuls mots que j'avais entendu étaient : "Changement de plan".



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