Chapitre 6

30 3 6
                                    

Lorsque nous traversons cette immense porte, un silence de mort envahissait la pièce, nos pas résonnaient à telle point de me rendre mal à l'aise. Une seule immense table figurée au milieu de la salle à manger. Parmi elle, se tenait un homme au bout de table, l'allure, le maintien, la prestance forcés à l'admiration, pendant un bon bout de temps, j'ignorais si cet homme était bien réel malgré le fait que je suis myope. Plusieurs mètres nous séparaient, tête baissée, il mangeait dans son assiette, je ne pouvais pas le voir très clairement, ça suffisait pourtant à me faire frissonner. J'ai faim, maintenant que j'y pense, seul le bruit de ses couvercles s'entrechoquant sur l'assiette résonnaient dans la salle. Une gigantesque main placée sur mon dos me sortit de ma rêverie, je levai la tête pour croiser le regard du propriétaire de celle-ci et son hochement de tête me fit comprendre que je devais avancer. Monsieur X me mit donc à quatre chaises de son patron, en me rapprochant, je remarquais tardivement les silhouettes de ces gardes du corps entourant la table, personne ne regardait leur chef, et même si mon esprit est embrouillé, une des silhouettes en face de moi mets familière. Où est-ce que je l'ai déjà vu ?

— J'ai beaucoup entendu parler de toi, une jeune fille aussi douce ; soi dit-il apparemment, fini par vomir sur un de mes clients.

Il ne nous regardait pas, ne montrant aucun signe d'agressivité, pourtant sa voix perçante suffisait largement à avoir le sang qui se glace dans les veines.

— Étonnement, non ? Reprenait-il posant ses couvercles sur la serviette posée à côté de son plat, je ne l'aurais jamais cru, qu'une fille comme toi puisse déjà m'emmerder. Mais tu sais quoi ? Ce n'est pas de ta faute, c'est moi qui ai fait une erreur.

Une erreur ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Je vais être relâchée ?

— J'ai été trop confiant sur ce coup-là, j'aurais dû me douter que prendre de la marque allait me causer quelques risques.

Je n'étais vraiment qu'une vulgaire marchandise pour eux ? Je ne comprends rien, il n'a même pas posé un seul regard sur moi que j'ai l'impression qu'il me connaît si bien. Je manque de respirer lorsqu'il se lève de sa chaise et décide enfin de me regarder, oui, ses yeux sombres font de son regard imperceptible cela manque de me faire rater un battement au cœur, je comprends désormais Monsieur X lorsque son expression avait changé devant la porte, cet homme n'est pas là pour rigoler aucune once de bonté se reflétait sur son visage. Debout, il longea lentement la table tout en bougeant son assiette ne me quittant pas une seule seconde des yeux. Oh, il est colossal, un corps d'athlète. Arrivé à ma hauteur, il posa ses mains sur le rebord de la table me coinçant entre ses bras musclés. Je pouvais sentir sa respiration sur mes cheveux, il finit par poser la tête sur mon épaule gauche, voyant du coin de l'œil son léger rictus. Je le voyais enfin distinctement, sa peau matte brillait légèrement, ses sourcils noirs étaient épais et sous son œil droit se trouvait un tatouage, mais je ne sais pas vraiment comment le décrire. Ses cheveux bruns courts bouclés et sa bouche pulpeuse lui donnait un côté... Charmant encore plus sa barbe bien taillée avec sa moustache ça le rendait irrésistible. Je n'arrive pas à croire que c'est à ça que je pense dans un moment pareil alors que c'est lui, l'homme qui m'a sans doute ordonné de me faire du mal !

Ayant repris mes esprits, je n'osais plus bouger, même respirer en sa présence. Il s'approche doucement de mon oreille et dans un souffle me murmura : "Mange, tu es hideuse."

Le fait de me l'avoir susurré à l'oreille me rend bien compte que j'étais présente avec lui dans cette pièce, tout proche d'un homme autre qu'Ilario qui en plus de ça voulait me voir prendre une bouchée de sa viande saignante. Je le voulais, mais en avais-je vraiment le droit ?

— Quoi ? Tu veux que je te nourrisse moi-même en plus de ça ?

Je secouai la tête en guise de réponse, je pris à la main la viande dégoulinante encore de son sang, je le mis à la bouche, j'avais tellement oublié à quel point c'était bon. À quel point manger faisait du bien que je ne pus m'empêcher de le dévorer, je voulais tout mettre dans ma bouche, les restes de petit-pois et le bout de pain que je manquais de m'étouffer, peu importe, ça m'importait peu, ça faisait longtemps que je n'avais aussi bien mangé. J'aurais eu honte de dévorer ma nourriture comme je le fait maintenant devant tant de personne avant, mais il fallait me comprendre, je serais capable de lécher l'assiette s'il le faillait pour ne laisser aucune miette. Je m'en mettais partout sur ma robe, mes doigts, autour de mes lèvres et mes lèvres elles-mêmes. Quel crève-la-faim, je fais. Je me sens misérable.

— J'ai une règle ici, continue-t-il sans même m'être rendue compte qu'il n'était plus derrière moi, mais en face de moi à côté de l'homme en costard noir si familier. Cette règle, c'est qu'aucune personne ne doit me manquer de respecter ou salir ma réputation. Malheureusement, c'est-ce que tu as fait.

Tête baissée, il sortit une arme à feu de derrière son dos, cette fois-ci ce n'est pas ma respiration qui s'arrêta, mais mon cœur aussi. Devant sa décision de mettre fin à ma vie, après avoir tant lutté pour demander de l'aide, ça allait être ma fin ?

— J'aurais aimé que ça se passe autrement. Souffle-t-il.

Non ! Je veux vivre ! Je veux... Je veux... Vivre. Me crispant, je fermai les yeux, instantanément entendant seulement le bruit d'un coup de feu et sentant une intense blessure envahir mon corps.

——————————

Un chapitre très court et à la va vite cette fois-ci, enfaite ce chapitre devait apparaître dans le chapitre précédent mais ça allait être si long que j'ai préféré le couper par peur de vous ennuyer. 

Merci d'avoir lu jusque-là, mais je me demande si notre Oddyce va bien...  

OddyceWhere stories live. Discover now