Chapitre 4

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Je n'arrivais plus à suivre la cadence tandis qu'il pressait le pas, les miennes quant à eux, ne le suivait plus depuis longtemps maintenant. J'essayais tant bien que de mal, de ne pas tomber lamentablement par terre, je n'avais fait que ça depuis mon arrivé forcé dans cet endroit lugubre. Où est-ce qu'il m'emmenait et qu'est-ce qu'il voulait dire par satisfaire le plaisir des hommes ? Ce à quoi je pense ne peut pas être réel... C'est absurde ! Ces femmes, qui vendent leurs corps, n'ont pas été obligées, je n'ai pas à m'en faire. Je n'ai en aucun cas donné mon autorisation. On passait dans un couloir éclairé par des lumières violettes accrochées au plafond, une légère odeur de cigarette flottait autour de nous me provoquant instantanément un léger dégoût, cette envie de vomir mes intestins me prit de court. Pourtant, l'odeur de cigarette ne m'a jamais autant perturbé comme aujourd'hui. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Lorsque je lève les yeux vers mon agresseur, je le vis dévisager la porte devant laquelle nous faisions face désormais depuis un bon moment. Mon bras toujours entre ses mains, il s'avance tout près de mon oreille pour me murmurer entre deux soupirs : "J'aurais bien aimé t'apprendre le métier, mais le client semble vouloir le faire soi-même."

Entendre ne serait-ce qu'une seule seconde de plus sa voix tout près de mon oreille m'horripilais les poils, le regarder dans les yeux serait vouloir m'écœurer de mon propre chef alors, mon regard se posèrent sur cette vieille porte répugnante où la peinture ne tenait qu'à un fil. Je ne sais toujours pas où il voulait en venir lorsqu'il m'a affirmé de tels propos tout à l'heure ni ce que je fais ici, si c'est une blague d'Ilario ou s'ils se sont réellement trompés de personnes en faisant leur blague de mauvais goût, mais il ne fallait pas que je perde espoir.

L'homme ouvre en grand la porte avant de me jeter dans la fosse au lion, cependant, par manque de force, je retombe sur le sol, cette fois-ci, mes mains m'empêchèrent de me cogner la tête la première. Je ne les remercierais jamais assez de m'avoir épargné cette ridicule chute. Je pouvais les entendre parler de moi comme une vulgaire marchandise derrière mon dos. "Fuis" ce mot résonnait en vain dans ma tête "Trouve une "Échappe toi", "Regarde autour de toi". Je me repliais sur moi, n'osant même pas regarder où j'étais. Soudain, j'entendis la porte se refermer laissant une voix  retentir dans la pièce. Son accent me parvint jusqu'à mes oreilles néanmoins, je n'arrivais pas à poser un mot sur son origine. Mon cerveau avait cessé de fonctionner au mauvais moment, malgré tout, je reconnus la voix d'un fumeur, cette même voix m'ordonnant de me lever. Refuser ne serait pas une bonne idée, alors malgré les plaintes de mon corps, j'obéis, lui tournant le dos. Toutes les odeurs parasites envahissant mes narines me donnaient mal à la tête. Le t-shirt encore sensible à toute déchirure, mes bras se replièrent sous ma poitrine voulant couvrir l'espace visible de mes seins. Je ne voyais plus très bien au loin, je replace instinctivement mes lunettes sur mes yeux sauf que mon doigt touche directement mon nez... Quand est-ce que j'ai perdu mes lunettes ?

— Quel joli cadeau, on vient de me faire. Ricana-t-il, allais retourne toi.

Réticente, j'exécute son ordre, beaucoup trop lentement à son goût, car il m'attrape par le bras. Son geste inattendu me fait pousser un cri de stupeur et il finit par me gifler, je retombe au sol avec ma joue qui me brûle. Lorsque je posai enfin un regard sur cet homme, je pouvais voir son regard pervers me fixer de haut en bas, ce gros homme, qui devait sûrement avoir dans la cinquantaine, se tenait devant moi, avec pour unique vêtement son caleçon.

— Regardez là, elle tremble de peur. J'aime quand tu me regardes comme ça.

J'ai toujours respecté les plus âgés... Ma mère me disait toujours qu'ils nous enseignaient le respect, qu'il fallait s'inspirer de leur sagesse. Où est-elle, maintenant ? L'odeur du cigare remplissait la pièce à m'en faire tourner la tête et l'état de ce dortoir n'arrangeait pas les choses : des vêtements sales majoritairement des caleçons traînaient sur le par terre et des taches de sang... Des taches de sang ! Quelle horreur, je ne veux pas rester une seule seconde de plus dans cette pièce ! Dans un élan auquel je ne soupçonnais pas, je fonce vers la porte, soudainement, je ne touchais plus le sol, ce vieillard m'avait soulevé par la taille avec ses mains répugnantes me plaquant de force sur le lit. J'ai réellement essayé de me débattre, oui, je ne devais pas abandonner, pourtant les cris que je poussais depuis tout ce temps et les griffes que je lui infligeais ne semblait en aucun cas l'arrêter, au contraire, il s'en amusait, ses rires le prouvaient. Il se mit en califourchon sur moi, son énorme ventre posé sur le mien alors qu'on était seulement qu'à quelques misérables centimètres, je pouvais sentir sa respiration. Ses yeux perçants me dévisageant avec son sourire des plus malveillants. 

Il descend lentement vers moi avant de se jeter sur mon cou ! Il laissa échapper des coulées de bave sur ma nuque, me donnant des remontée. "Je veux disparaître !" , il prit en main mes deux poignets sachant sans doute ce qui se tramait dans ma tête. Impuissante face à la scène qui se produit devant mes yeux, mes larmes ne tardèrent pas à couler, il descendit plus bas embrassant chaque zone de mon corps, je le supplie d'arrêter... Mais en vain. Il libère une de ses mains pour écarter mes jambes plantant littéralement ses ongles dans ma peau, me faisant horriblement, mal au passage, mais il faut que je résiste, il ne faut pas qu'il me touche une seule seconde de plus, c'est ce qu'il faut que je fasse, pour me sauver. Le voyant pousser un cri d'énervement, je ne tardais plus à tenter ma chance, ni une ni deux, je lui assène un coup de genou en pleine figure. Sa tête ayant propulsé en arrière, il lâche brusquement mes poignets, mais je n'ai eu le temps de faire quoi que ce soit que deux secondes à peine, il revient à la charge plus énervé que jamais m'agrippant fortement la nuque.

— Alors c'est ça ! Tu veux m'énerver ! Tu veux jouer à ce petit jeu ? J'ai ta vie entre mes mains, c'est moi qui décide si oui ou non, tu peux respirer !

Il serra de plus en plus son emprise sur ma gorge, je ne veux pas mourir ! J'ai encore tellement de choses à accomplir, j'ai à peine 18 ans, je veux me marier, fonder une grande famille et... vivre ! Je veux vivre ! Il est plus fort que moi, et je sens ma fin s'approcher, je me laisse petit à petit tomber et je peux voir son sourire satisfait. Il enlève ses sales pattes de moi et s'apprête à m'embrasser quand tout d'un coup, une envie de vomir me tiraille l'esprit et sans plus attendre, je lui vomis dessus.


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Je ne suis pas vraiment très fière de ce chapitre, je sais que j'aurais pu l'écrire d'une autre façon. J'espère au moins que vous comprenez les sentiments d'Oddyce dans ce chapitre, c'est le plus important.


OddyceWhere stories live. Discover now