Chapitre 1 : Compte à rebours - Partie 1

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Papyrus n'était toujours pas certain que ce soit la bonne solution, mais il était un squelette d'honneur. Il aimait l'enfant, comme les autres, mais il se demandait parfois ce qu'ils allaient faire quand Frisk, plus grand, se rendrait compte qu'il était condamné à ne jamais pouvoir sortir sans l'un d'entre eux au risque de perdre la vie. Papyrus était bien placé pour savoir que ce ne serait pas bon pour son équilibre et qu'il allait se rebeller. Le squelette l'avait bien fait en s'engageant dans la garde royale malgré les avertissements répétés de Sans et le regrettait amèrement aujourd'hui. Il n'y avait plus aucune porte de sortie pour lui, prisonnier de son rôle de capitaine tyrannique. Il ne voulait pas que l'enfant devienne comme lui, et s'inquiétait de le voir le prendre comme modèle. Papyrus n'était pas sans faille, malgré ce qu'il cherchait à faire croire.

Une fois les jouets rangés, Papyrus décida qu'il valait mieux partir avant que quelqu'un ne se demande ce que les frères squelettes faisaient dans les ruines. La porte qui séparait la forêt de Snowdin et cette partie des Souterrains était censée être scellée, ce qui n'était plus le cas depuis que les protecteurs de l'enfants se relayaient pour lui rendre visite et lui donner l'impression qu'il voyait du monde. Tout pour éviter qu'il ait de nouveau des envies d'indépendance qui pourraient lui être fatales. Exceptionnellement, il pouvait sortir avec les frères squelettes ou Undyne de temps à autres, mais jamais plus de quelques heures pour ne pas alerter leurs rivaux respectifs. On ne s'attaquait pas à un capitaine de la garde royale, on le dénonçait aux autorités les plus hautes pour que quelqu'un le fasse à sa place.

Le squelette salua l'enfant une dernière fois, qui le serra dans ses petits bras comme à son habitude, puis Papyrus ramassa Sans qui n'avait pas bougé sur le sol. Il le plaça sur son épaule comme un sac à patates, puis fit une révérence à la reine comme exigeait le protocole, promettant de revenir d'ici quelques jours pour passer un peu de temps avec Frisk. Le squelette descendit au sous-sol et se dirigea vers l'entrée des Ruines, la seule porte de sortie de cette partie des Souterrains. Juste avant de l'ouvrir, il laissa tomber Sans au sol. Le squelette poussa un grognement douloureux et se redressa en se tenant le dos.

— C'était obligé, ça ? marmonna Sans. On n'est même pas dehors encore.

— La récréation est terminée, Sans. Tu retournes à ton poste, ordonna-t-il. J'ai rendez-vous avec Undyne.

— Ouais, ouais...

Papyrus ouvrit la porte. Sans se téléporta hors de sa vue immédiatement. Le capitaine de la garde royale referma derrière lui avec précaution, puis adressa un signe aux buissons les plus proches. Le signal. Pendant leurs visites, Alphys, la scientifique royale, coupait les caméras près des Ruines, et les remettaient en route quand quelqu'un entrait ou sortait. Personne ne devait savoir que la porte était ouverte, et surtout pas le Roi.

Le squelette prit le chemin du retour pour changer complètement de comportement. Le dos bien droit, le regard sévère, il avança à grandes enjambées sur l'unique sentier qui menait à la ville de Snowdin. Ici, il n'avait pas le droit d'être Papyrus. Il était le capitaine de la garde royale, le monstre à abattre, celui que tout le monde détestait. Il passa devant la station de Sans, sans même lui accorder un regard, tout comme lui-même l'ignora complètement. Dehors, ils limitaient les contacts au strict minimum. Il n'existait pas de liens familiaux dans les Souterrains, seulement des faiblesses à exploiter. Tuer ou être tué.

Papyrus avait eu le naïf espoir qu'après Frisk, qui leur avait ouvert les yeux sur leurs pratiques ridicules, les choses changeraient. Mais il savait au plus profond de lui-même que tant qu'Asgore serait en vie, personne n'oserait se rebeller. Les conséquences seraient trop importantes pour eux. Mortelles.

Il soupira. Pour l'instant, il devait maintenir la façade. Il n'avait pas le choix.

Bientôt, la ville apparut à l'horizon. Le squelette évita les nombreux pièges et barrières de gardes sur la route, cria sur une ou deux sentinelles endormies à leur poste, et s'assura qu'aucun bandit ne l'attendait au coin d'une rue pour lui tendre une embuscade. Depuis qu'il avait démantelé une partie du réseau la semaine précédente, cependant, ils se faisaient rare. Aujourd'hui n'y fit pas exception et il atteignit Snowdin sans l'ombre d'un problème.

Plusieurs de ses gardes en patrouille le saluèrent chaleureusement, les seuls qui pouvaient encore se le permettre, protégés par son ombre. Papyrus était un capitaine dur, mais il s'assurait toujours que ses hommes soient traités correctement et se sentent assez bien dans son équipe pour venir se confier à lui en cas de problème. Ils n'en étaient pas au point de se faire confiance, mais il leur assurait une immunité relative ainsi qu'à leurs familles, un cadeau précieux dans des caves où une vie pouvait disparaître à tout moment.

Le soldat s'arrêta devant chez lui, la posture droite, et regarda autour de lui, surpris. Comme tous les jours, il avait rendez-vous avec Undyne, la capitaine de la garde de Waterfall, pour un rapport de situation. Cependant, aujourd'hui, Undyne n'était pas là. En quinze ans de service, il ne l'avait jamais vue arriver une seule fois en retard, ou tout du moins, pas sans un mot d'excuse lorsqu'elle avait un rendez-vous urgent avec le roi. Papyrus frissonna involontairement. Un garde qui manquait à l'appel était rare, et la plupart du temps synonyme de m... Il chassa la pensée. Undyne était la plus coriace d'entre eux, même si cela faisait mal à l'égo du guerrier de l'admettre.

Tâchant de garder son sang-froid, il ignora les regards curieux des passants pour sortir son téléphone de sous son armure, tout en ne les quittant pas du regard. Un mot. Un seul mot serait tout ce qui prendrait pour qu'ils l'attaquent tous si quelque chose était arrivé à Undyne. Réputée increvable, Papyrus savait que si le peuple comprenait que ce n'était pas le cas, il ne ferait aucun cadeau. Les Souterrains étaient proches de la guerre civile depuis des années, et la mort d'un capitaine de la garde royale pourrait être l'événement qui mettrait le feu aux poudres. 

Sans faiblesse | Fanfiction UnderfellWhere stories live. Discover now