Chapitre 15

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Un mois plus tard:

Le mariage a bel et bien eu lieu. Il ne regroupait que Cathérine, moi et nos témoins dont la femme du Maire qui nous a beaucoup aidés et un type de l'entreprise. Tout a été bref, discret et aussi incroyable que ça puisse paraître, Catherine a choisi comme régime matrimonial la communauté universelle des biens, soit disant comme preuve d'amour et de confiance envers moi.

En d'autres termes, tout ce que possède l'un des conjoints, même si c'est avant le mariage, appartient aussi à l'autre. La situation est donc revenue à la normale et je dirais même qu'elle est meilleure qu'avant vu que j'ai repris le travail à l'entreprise non plus comme employé mais comme deuxième patron.

Catherine travaille sur un nouveau projet: elle veut ouvrir une salle de jeux pour enfants, donc c'est un peu évident que ce soit moi qui gère l'entreprise maintenant vu qu'elle n'est plus disponible. Au fait, sous les recommandations de son beau-père (c'est à dire moi), Aline a été envoyée chez une de ses tantes dans une autre ville et c'est Dany qui gère la Cuisine Familiale (le restaurant) et ses cinq employées.

S'agissant de la proposition que m'a faite Bosco sur le fait qu'on devrait profiter de mes camions et l'aider à passer sa drogue en plus grande quantité, je lui ai déjà bien fait comprendre que je n'étais pas intéressé par cette offre, même comme il devient assez insistant sur le fait que je devrais reconsidérer mon offre. D'ailleurs, j'ai même coupé tous les ponts avec tous ces gens, y compris Duchel et son frère.

Pour ce qui est de Dany, la digestion de la nouvelle de mon mariage avec Catherine n'a pas été facile. On ne se parle plus que pour se saluer, même par téléphone il n'existe plus aucun contact entre nous. Ce n'est pas pour me déplaire par ce que de cette façon je peux consacrer mon énergie sur d'autres choses plus intéressantes et lucratives.

Ajustant le col de ma chemise à carreaux, je me lève de mon fauteuil, considérant ma journée de travail comme terminée et je vais directement chez la femme du Maire car je dois y travailler.  En fait, elle compte organiser, avec le soutien de Catherine et une autre de leurs amies un gala de charité regroupant des figures importantes de la ville et d'ailleurs pour la défense de la cause des enfants orphelins.

J'ai vite fait de récupérer la liste des invités et de noter quelques instructions de sa part et me voilà en marche vers le parc pour trouver de quoi manger. Là, je revois une fille dont le visage me paraissait connu. Oui, c'était cette fille, Eva, l'infirmière qui m'avait soigné après que Max m'ait battu à la villa. Elle avait toujours cet air sombre qui était accentué par l'ensemble en cuir noir ainsi que la casquette de la même couleur qu'elle portait.

Elle avait l'air dans les nuages; cigarette entre ses lèvres, elle rejetait la fumée translucide sans avoir l'air de se soucier de ce qui se passe autour d'elle. Je me rappelle bien que la dernière fois que j'ai tenté de lui adresser la parole, la seule réponse a été un vent à nul autre pareil, mais je ne me décourage pas.

Je l'approche, m'assois à ses côtés (sans qu'elle ne sorte pour autant de sa bulle) avant d'essayer une nouvelle fois :

Moi: Tu sais que c'est mal de fumer, surtout pour une femme?

Elle: ...

Moi: Eva? C'est bien ça n'est ce pas? Ça peut te rendre vraiment malade cette saleté

Elle: ...

Toujours pas de réponse... après près de cinq minutes sans parler, je me souviens d'un détail, un tatouage que j'avais vu sur sa cuisse lorsqu'elle me soignait: un tatouage d'une femme qui tenait dans ses bras un enfant. J'essaye alors une tout autre approche:

Moi: Ce qui est sûr c'est qu'avec toutes ces mauvaises manies, tu ne ferais pas une bonne mère

Elle fait une grimace avant de plonger son regard en plein dans le mien. Je reste impassible, je suis conscient du fait que je viens de toucher une corde sensible.

Elle: Tu ne sais rien de moi, n'essaie pas de me juger

Moi: Si, je sais que tu es une femme qui mène une vie dangereuse et qui n'a plus en elle que très peu d'humanité

Elle: C'est ton avis, moi je dirais juste que je suis une femme qui mène la seule vie qu'elle puisse mener

Moi: Ce genre de discours n'a pas de sens, on a toujours le choix de décider qui on est, d'être ce qu'on veut et de faire ce dont on a envie

Elle: Tu es tellement naïf que ça me donne des frissons. Quand tu t'es retrouvé à bosser pour Bosco était-ce par choix?

Là, elle marquait un point. Ça voudrait donc dire qu'elle est contrainte à travailler pour Bosco.

Moi: Je vois...tu as donc été enrôlée de force, comme moi. Mais je suis sorti. Qu'est ce qui te manque pour faire de même? Je pourrais peut-être t'aider

Elle fait un rire nerveux et détourne le regard avant de me dire:

<< Sache que lorsqu'on entre dans ce genre de milieu, on n'en ressort jamais vraiment. Merci de t'occuper de moi, mais tu devrais plutôt te demander si tu leur a vraiment échappé >>.

Après ces mots, elle jette sa clope, l'écrase de ses baskets noires, mets les mains dans les poches de son pantalon avant de se diriger vers sa voiture et de s'en aller dans regarder derrière.

On ne ressort jamais vraiment du milieu de la drogue? Ça voudrait donc dire que je n'ai pas encore totalement fermé la page Bosco. C'est pas très rassurant, mais ce gars ne sera jamais un frein à mon succès. On ne me manipule pas aussi facilement.

Amours Intéressées [En Pause]Where stories live. Discover now