Chapitre 8

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Le reste de la journée s'est déroulé dans une bonne ambiance, mais nous n'avons plus reparlé de ce qui s'est passé un peu plus tôt. Je suis rentré pour commencer ma "vie professionnelle", satisfait de mon avancée dans le dossier Dany.

Sérieusement, c'est fou comme les femmes peuvent être naïves. Rien qu'avec un regard assez charmeur, elle veut déjà porter votre enfant ! Je ne vais tout de même pas me faire prier. Les gars m'attendent pour notre livraison du soir. Ils m'ont envoyé un message pour me demander de les retrouver au parc.

Arrivé sur les lieux, je les retrouve facilement et Duchel nous demande de le suivre. Nous voici aux portes de ce qui ressemble apparemment à un hôtel. Nous sommes donc entrés et après avoir donné le nom de notre "employeur" à la réception, c'est un homme très soigné qui vient s'occuper de nous.

La livraison a été rapide et on est déjà sur le chemin du retour.

Yannick: Même dans les hôtels ils consomment des drogues?

Duchel: Max m'a expliqué qu'il y'a dans des hôtels des clients particuliers qui ont droit à ce genre de service.

Notre journée s'achevait ainsi.

Deux mois après :

Voilà plusieurs semaines que nous sommes au service de Bosco et tout se passe pour le mieux. On gagne grandement dans ce business et plus le temps passe plus on acquiert de l'expérience, ce qui rend l'activité plus fluide.

Maintenant, nous ne faisons plus une mais deux livraisons par jour, et souvent chez des particuliers plutôt nantis. En ces deux mois, grâce aux livraisons ordinaires, supplémentaires, aux pourboires et à l'argent qu'on a retranché à mon salaire, j'ai pu rembourser la totalité de ma dette auprès du boss, ce qui veut dire que dès cet instant je peux sortir de cette activité.

Pour ce qui est de Dany on se voit de temps à autre, on sort ou on mène des activités diverses et malheureusement pour elle, elle semblait s'attacher de plus en plus. Bref, le papillon était déjà presque pris dans la toile.

Je suis à présent dans le bureau de Max, attendant Bosco qui devrait venir nous rendre visite comme chaque samedi...je veux quitter de ce milieu, qui pour moi n'est pas assez légitime. Je ne pourrais jamais célébrer normalement ma victoire sur la vie si je continue à travailler dans la drogue.

Après quinze minutes d'attente, je le vois arriver dans le bureau avec deux autres gars qui sont allés remettre la livraison de la semaine à Max.

Bosco: Qu'est ce que tu fais là petit?

Moi: Je voulais te voir Bosco

- Tu ne m'appelles pas Bosco mais patron !

- Ok, je voulais te parler

- Vas y, parle moi

- Voilà plus de deux mois que je travaille pour toi. Je pense avoir remboursé ma dette envers toi et j'aimerais quitter le trafic pour aller me débrouiller dans le milieu légal

- Tu es sérieux ? Genre tu penses vraiment que tu as la moindre chance de t'en sortir dans le "milieu légal"?

- Tout ce que je sais, c'est que cette activité ne me correspond pas

- Sans problème petit, je ne vais pas faire comme si tu n'as pas rempli ta part du contrat. Si tu veux nous quitter, c'est ton choix!

Il me tend le reste de mon dû que je m'empresse de récupérer

Bosco: Tu pourras quitter la villa demain mais n'oublie pas qu'une fois la porte de cette maison franchie, tu devras oublier tout ce que tu as vu, entendu ou vécu dans cette baraque. Il en va de ta minable vie...

C'est sur ces derniers propos qu'il m'intime l'ordre de sortir de son bureau.

J'ai annoncé la décision de mon départ aux autres gars qui la trouvent inconsciente mais bon, rien à foutre!

Ma nuit était très courte, vu que je l'ai passée principalement à réfléchir. Je suis un jeune garçon africain qui a quitté son pays pour arriver de manière frauduleuse dans un pays où même en cas de régularité, les chances de réussite ne sont pas évidentes.

Je prends donc ceci pour un défi, car je me dois de réussir non seulement pour faire taire les critiques qui sûrement fusent actuellement dans ma famille ou pour donner un sens à ce risque que j'ai couru pour être ici, mais aussi pour déjouer cette satanée "loi" qui voudrait que les riches n'engendrent que les riches tandis que les pauvres ne se verront produire que des plus pauvres!

Cette nuit a été ma dernière nuit dans cette villa, ma dernière nuit à profiter d'un tel confort. Je me suis réveillé à diz heures passées et après m'être apprêté j'ai pris tout ce qui est à moi et me voilà à présent à l'extérieur de la villa. Avant de me lancer dans la rue, je jette un dernier regard vers ce lieu qui marque quand même ma première expérience réelle dans ce nouveau pays.

Moi: Bon, me revoilà à la case départ...

Amours Intéressées [En Pause]Where stories live. Discover now