Chapitre 2

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Des gens se dispersent dans tous les sens. Nous sommes donc sortis de nos tentes et naturellement, c'est le service de contrôle des immigrés. Ils ont engagé leurs actions sur une rue plus bas, ce qui a forcé les gens à fuir dans notre direction. C'est la deuxième fois que ça arrive en cinq jours.

Une fois nos affaires remballées le plus vite possible, nous avons rejoint les autres dans leurs pas de course salvateurs. Nous avons pénétré dans une ruelle plus grande et c'est là que nous avons passé la nuit, en petits groupes. Le lendemain, nous nous sommes rendus compte qu'on a perdu de vue Didier. On l'a cherché longtemps, sans succès et nous commençons à nous demander s'il n'a pas été emporté par le service des immigrés. En tout cas, ça m'importe peu, moi je veux évoluer.

Ça fait exactement une semaine que nous sommes en Europe et depuis deux jours, pas de nouvelle de Didier. Par contre, je me suis vraiment rapproché de Dany et on a une habitude elle et moi, celle de se retrouver dans le parc dans la soirée et de discuter pendant longtemps. Elle est à l'écoute et ne me juge pas, ce qui est parfait.

Je n'ai jamais eu de réelle relation amoureuse, pourtant je suis déjà sorti avec une bonne quinzaine de filles durant ma vie. C'est pas faute d'essayer, mais on dirait que cette maladie que les gens nomment "l'amour" n'a pas encore trouvé une bonne voie de contagion pour m'atteindre. À présent, je suis dans le parc et j'attends la belle européenne qui est en retard aujourd'hui. Je la vois justement arriver au loin.

- Hey

- Salut, je réponds

- Tu m'attends depuis longtemps ?

- Non ça fait juste quarante cinq minutes que je suis ici, c'est rien, tu aurais pu faire mieux, dis je en souriant

Elle éclate de rire et fond en excuses.

- Désolé Jordan. C'est qu'il y'a eu plusieurs clients aujourd'hui et j'ai donc dû finir un peu plus tard.

En fait, elle travaille dans le mini restaurant de la mère à son amie.

- C'est pas grave princesse

- Cesse de m'appeler princesse

- Pourquoi ça ? Ça te met mal à l'aise?

Je me rapproche un peu plus d'elle, la fixe droit dans les yeux et constate, pour ma plus grande satisfaction que sa respiration est irrégulière. Donc je lui fais clairement de l'effet.

- Jordan, arrête ça s'il te plaît

Je me suis mis à rire tandis qu'elle fuit mon regard

- Ça va, j'arrête mais tu es tellement mignonne quand tu es gênée

Nous nous sommes promenés un peu et elle m'a raconté sa journée.

Elle: Tu as une copine?

Moi: non. Je t'attendais

- Ahahhaaha. Tu ne t'arrêtes donc jamais

- Plus sérieusement, je suis célibataire et vu ma situation actuelle, c'est mieux que ça reste ainsi pour l'instant

- Tu dois avoir raison.

Arrivés devant le restau où elle travaille, j'ai constaté qu'elle est un peu gênée; comme si elle voulait me demander quelque chose.

- Mon anniversaire c'est dans deux jours et j'aimerais que tu sois là

- Tu es sûre que c'est une bonne idée ? Enfin, je veux dire que tu ne me connais pas assez et que je ne sais pas comment tes parents vont concevoir le fait que tu fréquentes un "délinquant" comme moi

- Ne te dérange pas, je vis avec une amie et j'ai pas beaucoup de connaissances. Donc ça me fera plaisir de te savoir présent ce jour.

- Eh bien, compte sur moi, je serai là. D'autant plus que je sais que tu ne peux pas te passer de moi

- C'est ça...à plus

- Aurevoir princesse.

Après avoir fini ma parade nuptiale, je suis rentré direct à la ruelle vu que j'ai reçu un message de Duchel qui voulait tous nous voir dans sa tente pour nous annoncer une nouvelle.

Je ne suis pas très rassuré de ce qu'il a à nous dire. Je me dis que peut être il nous a trouvé du boulot mais je pense aussi à Didier et me dis qu'il a une mauvaise nouvelle à son sujet. C'est vrai que Didier ne fait pas partie de mes priorités mais je ne suis pas assez monstrueux pour lui souhaiter le pire.

J'accélère donc le pas pour pouvoir atténuer mon retard le plus possible. J'arrive enfin à la tente de Duchel. À part Yannick, tous les autres étaient là et mangent des spaghettis. Ils me servent mon repas que je mange aussitôt. Personne ne parle, la seule ambiance est celle qui existe  entre la sauce pimentée et nos langues qui subissent sa douce torture.

Yannick vient de rentrer et il se met aussi à manger. Lui et moi avons fini presque au même moment (oui, c'est un gros bouffeur) et on s'est allongé pour méditer sur ce qui allait venir. Yannick et son frère Duchel parlent en lingala (langue maternelle parlée au Congo) et après quelques minutes, ils ont enfin décidé de nous adresser la parole.

Duchel: En fait les amis, j'ai quelque chose à vous dire

Alex: Accouche. Ça commence à nous stresser

Duchel: En fait je pense que depuis des jours, vous devez vous demander d'où nous provient toute cette nourriture qu'on consomme. Je sais que je ne vous ai pas répondu les premières fois, mais je vais le faire aujourd'hui.

Moi: Alors? Donc elle vient d'où ?

Yannick: En fait on a trouvé trouvé du travail

Moi: Sérieux ?

Yannick: Oui et en prime, il y'a aussi de la place pour vous tous.

Je crois que je suis en train de rêver. On a enfin l'occasion de voir le bout du tunnel! Je vais peut être commencer une nouvelle vie et me faire une place dans ce monde. J'ai là une occasion de me prouver enfin que tous ces efforts peuvent porter des fruits.

Arold: Dites nous de quoi est ce qu'il s'agit s'il vous plaît

Duchel: Nous pouvons nous faire beaucoup d'argent chaque jour et ainsi évoluer le plus vite possible mais il faudra être très, très courageux.

Amours Intéressées [En Pause]Where stories live. Discover now