Chapitre 1

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Je me réveille encore aujourd'hui dans mon nouveau chez moi; cette fois, comme depuis 4 jours, pas question de chants de coqs. Après avoir passé en revue les étapes du périple que j'ai effectué pour me retrouver enfin ici sous cette tente cachée dans cette ruelle, je me lève, sors et salue mes "voisins".

On est tous solidaires ici, de toute façon on n'a pas vraiment le choix, vu qu'il faut s'allier contre les divers programmes de rapatriement des immigrants clandestins. Pour ceux que ça intéresserait, je me prénomme Jordan. Mon plus haut niveau d'étude est le baccalauréat et vu que dans mon cher pays, le simple fait d'avoir un bon emploi est considéré comme un Graal, j'ai décidé de tenter une aventure du côté de l'Europe.

Je suis du genre à ne penser qu'à moi et j'aime user de tous les moyens que j'ais pour atteindre mes objectifs. Voilà, vous en savez assez sur moi. Concernant mes voisins de rue, ils sont au total cinq. Duchel c'est le plus âgé ; il est accompagné de son petit frère Yannick. Tous deux sont originaires du Congo. Ensuite vient Arold, un gabonais. Il est en fait franco-gabonais et c'est le plus malchanceux de nous tous vu que bien que son père soit un français, il est né et a grandi au Gabon.

Pour finir, Didier et Alex sont les autres camerounais du groupe.
Nous nous sommes tous rencontrés lors de notre aventure vers ce pays qui pour nous, représente un ballot d'opportunités pour des jeunes comme nous qui ne cherchent qu'à faire leurs preuves dans ce monde ma foi un peu trop sélectif.

Ça fait donc exactement 5 jours que nous avons fait la traversée
de divers déserts et cours d'eau pour arriver là où nous sommes.
Je me lève et tout comme les autres, je vais directement chercher un petit boulot. Je me mets en route et commence à descendre une allée qui mène à un carrefour et de là, je cherche tous les établissements qui offriraient n'importe quel emploi à des jeunes.

On essaye chacun de notre côté de trouver dans le meilleur des cas de l'emploi pour tout le monde, le pire étant de trouver un job pour soi même. J'atteinds ainsi l'entrée d'une entreprise de déménagement devant laquelle j'essaie de me convaincre que j'ai une chance d'y être accepté.

Ajustant ma démarche dès l'entrée, je me bats pour être le plus charismatique possible. Je me retrouve bien vite devant un agent de la sécurité qui me demande de me présenter. Je lui réponds juste que je suis là pour chercher du boulot, ce qui ne le convainc pas plus que ça. Heureusement, une dame intervint en ma faveur, sûrement la secrétaire:

- Jules, laisse le passer, je t'en prie. Nous sommes justement en manque de personnel et tu le sais.

J'arrive donc devant elle, qui ne cesse de me fixer.

- Salut Madame...

- Cathérine, madame Cathérine

- Ok madame Cathérine, moi c'est Jordan et j'aimerais beaucoup travailler pour votre entreprise

Tout en me souriant, elle reprend:

- Parlez moi de vous Jordan

- J'ai 29 ans madame, je viens du Cameroun et j'aimerais réussir à gagner ma vie honnêtement

- Aviez-vous un emploi qui vous occupait avant?

Je ne sais vraiment pas quoi répondre pour conserver la crédibilité que j'ai depuis le début. Si je lui dis que je suis un voyageur clandestin, c'est perdu d'avance. Par ailleurs, elle est toujours là à me regarder étrangement, attendant que je bouge mes lèvres pour lui donner enfin une réponse.

- C'est assez compliqué madame. En fait je suis là ça fait pas longtemps et j'ai quitté mon pays de manière...euh...disons illégale

- Vous n'avez pas de papiers?

- C'est ça

- C'est vraiment compliqué et vous savez très clairement qu'il est impossible pour nous de vous accueillir ici

- Je comprends

- Je suis vraiment désolée pour vous monsieur Jordan.

Je sors et vais dans plusieurs autres entreprises, où j'enchaîne des échecs. L'une d'entre elles a même appelé le service de rapatriement, mais heureusement pour moi, j'étais parti avant leur arrivée. Donc, après 4 heures et demi de recherche, toujours pas de boulot et déjà la famine menaçait de nuire à mes sens.

Je décide donc de faire une pause et d'aller me promener dans un parc. Assis sur un banc, je regarde l'insouciance de ces enfants qui ne savent pas encore le combat qu'ils vont mener pour arracher leur place dans cette vie, qui profitent de cet instant où leurs parents endossent tout.

- Salut

C'est une jeune fille élancée, aux cheveux longs et bouclés qui m'avait interpellé. Elle a des traits fins et un visage doux. Elle porte un pantalon jean, des vans et au dessus un haut qui laisse transparaître la générosité de ses seins.

- Salut

- Je peux te tenir compagnie ?

- Comment refuser? C'est pas tous les jours qu'une telle chance nous tend les bras, dis-je.

Elle sourit

- Moi c'est Dany et toi?

- Jordan, enchanté

- De même. Alors, tu es là pourquoi? Tu accompagnes ton petit frère ?

- Non. Je voulais juste essayer de passer un instant sans penser à mes problèmes

- Je vois, j'espère que je ne te dérange pas.

- Non non d'autant plus que tu es vraiment belle.

Eh oui! J'ai toujours été un fin flatteur, et sans vouloir me vanter, j'ai assez de succès chez la gente féminine.

- Merci beaucoup, dit-elle

- Ce n'est que la vérité. Alors qu'est-ce qui t'emmène ici?

- À peu près la même chose que toi, juste que moi c'est ma pause, alors j'en profite pour me refaire les idées.

On a causé pendant un bon moment et je lui ai expliqué ma situation. Elle est plutôt sympa, même comme je la vois comme toutes les autres filles, c'est à dire de façon ordinaire. Après, on a échangé nos numéros (ça peut être utile) et je suis retourné dans ma ruelle.

De retour, je trouve les gars en train de manger comme des goinfres et sans me poser de questions, je me joins à eux pour me remplir l'estomac. Y'avait des burgers, des coca cola, des frites et plein d'autres choses, que du bonheur.

A la fin du repas, une question évidente me parvient enfin à l'esprit qui a sans doute récupéré :

Moi: D'où vient ce repas?

Didier : c'est Duchel qui l'a ramené

Moi: Comment tu l'as eu?

Arold: Ne perds pas ton temps, nous le lui avons demandé avant toi, mais il n'a rien dit.

Je n'insiste pas plus que ça, de toute façon je ne vais pas mourir de faim par ce que je ne sais pas la provenance de cette nourriture. Maintenant, faut penser à l'avenir.

On a passé tout le reste de la soirée à s'entretenir de divers. On parlait de tout et de rien, faisait des blagues, bref une fin de soirée plutôt animée quand tout d'un coup, nous avons entendu des gens courir dans tous les sens à l'extérieur de nos tentes...

Amours Intéressées [En Pause]Where stories live. Discover now