CHAPITRE 14: Mots maudits

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— Comment t'as eu mon numéro salaud ?

— On s'en fout. Tu crois que c'était une gentille fille qui allait te donner de l'amour ? Regarde ta gueule, ta vieille barbe et ton bide. Au mieux elle t'aurait pris comme gros cuck pigeon. Elle a joué avec moi, comme toutes les autres connasses alors qu'elle savait très bien ce que je voulais. Tous les jours, TOUT LES PUTAINS DE JOURS. Je vois une quantité monstre de bonnasses se pavaner dans la rue tout en sachant pertinemment que je vais jamais en baiser une à cause de ma tronche. J'ai plus aucune pitié pour toutes ces chiennes. J'adore les voir chialer de peur. Tu peux pas savoir comment j'ai envie de les éclater la gueule avec mes bottes.

— T'es juste un gros cinglé sans âme. Je vais te retrouver et te fumer, je peux te le jurer.

— Je sens la haine en toi. Pourquoi tu la diriges pas vers nos ennemis ? Regarde-toi, t'as 30 ans et pas une seule fois t'as gouté au plaisir de te vider les couilles dans une jolie fille. Tu fais partie du fond du panier comme nous tous, ceux qui n'ont pas de jawline dessiné, de regard ténébreux. Mets-toi bien ça dans le crâne « JAMAIS UNE JOLIE FILLE NE T'AIMERA. AUCUNE NE VIENDRA TE SAUVER. TU ES CONDAMNÉ» « JAMAIS UNE JOLIE FILLE NE T'AIMERA. AUCUNE NE VIENDRA TE SAUVER. TU ES CONDAMNÉ» « JAMAIS UNE JOLIE FILLE NE T'AIMERA. AUCUNE NE VIENDRA TE SAUVER. TU ES CONDAMNÉ » « LE JEU EST TRUQUÉ ».

Range ton charabia de névrosé. Ta manipulation marche sur les clébards qui te servent de potes, mais pas sur moi.

— De toute façon dans quelques jours, le monde entier va brûler. On pourra baiser autant qu'on veut vu que personne ne sera là pour les sauver car ils seront tous en train de crever la gueule ouverte.

— Ouais ouais c'est ça.

— Je viens pas d'ici.

— Tu viens pas de Clarence OK, et qu'est-ce que ça peut me foutre ?

— Je viens pas d'ici, je viens de nulle part où t'as pu aller.

Edouard bloqua son numéro et dans un cri de rage, explosa son téléphone sur sa télévision.

Il voulait lui arracher les ongles un par un, lui briser une phalange par jour et puis au onzième, c'est sa tête qu'il briserait.

Alan n'avait aucune compassion, aucune limite, alors pourquoi il devrait en avoir envers lui ?

Un rayon de soleil perça la fine ouverture entre les stores de la cuisine et interrompu le sommeil de Gabrielle, toujours emmitouflée dans un rideau. À part Mariko, personne n'aurait eu ce genre d'idée, se dit-elle.

La fille aux chapeaux était assise à la table à manger. Ses yeux marrons dissimulés sous sa chevelure ébouriffée, feuilletaient encore le journal maudit tandis qu'elle tenait fermement dans sa main, la croix chrétienne qui pendait sur son hoodie pastel trop grand.

Aussitôt qu'elle se rendit compte que Gabrielle s'était réveillée. Elle se leva et s'approcha d'elle sans un mot. Son amie s'attendait à un doux massage du cuir chevelu quand elle posa sa main sur sa tête. Mais entre ses lèvres se chuchota à voix basse, une prière ou une incantation. Qu'elle ne pouvait comprendre même à quelques centimètres.

Puis elle l'enleva et colla sa tête contre sa poitrine pour la câliner. Il faisait un peu frais à 330 mètres d'altitude à cette heure-ci, rien de mieux que la chaleur réconfortante de Mariko. Mais c'est en serrant sa taille entre ses bras qu'elle remarqua sa température anormale.

— Le monde est bizarre Gabrielle.

— T'es sure que ça va ? Les mots de Mariko avaient une teinte mélancolique et égarée qui l'inquiétait.

Sinistres TropiquesWhere stories live. Discover now