CHAPITRE 13: La lune est belle non ?

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— Je sais pas quoi te dire...

Gabrielle imaginait le pire. Elle lui avait fait du mal en l'abandonnant et si elle la rejetait, ce serait amplement mérité.

— Mes pensées sont trop floues, justement à cause de ce que tu as vu dans mes commentaires. Quelque chose est cassé en moi je le sens. C'est impossible de comprendre mes émotions, elles sont incompréhensibles.

...

Mais je suis surement contente que tu sois revenue...

Une notification s'afficha sur son écran. Étant l'administratrice, Mariko l'avait remise dans la conversation Instagram qu'elle avait quittée la veille.

En dessous elle vit plusieurs messages de Jérôme et Khaled qu'elle n'avait pas ouverts et qu'elle avait ignorés toute la journée. Ils s'excusaient d'avoir passé leur colère sur elle, qu'ils étaient rongés par le chagrin et qu'ils ne pensaient pas ce qu'ils disaient. Leurs formules sentaient le réchauffé, mais bon, Gabrielle essayait de ne plus être rancunière.

Elle ouvrit la conversation de groupe et sans même remonter les messages à la recherche de possibles critiques sur elle, elle commença à s'excuser. Elle en avait assez d'être soumise et écrasée plus bas que terre par ses instincts paranoïaques et sa peur de l'abandon.

KhaledMontana : T'as pas à t'excuser. Moi aussi je veux trouver ce gars et le fumer. Ce soir j'ai de sales émotions qui remontent je veux qu'on le choppe et qu'on lui fasse sa fête a ce fils de pute. Noémie c'était ma pote depuis le collège et j'ai jamais autant eu la haine. Najma, Jérôme et Mariko j'en sais rien, mais moi je suis avec toi.

Jerhum : De même et je suis déso pour hier Gaby, j'ai juste l'impression que t'as plus aucune émotion et ça m'a cassé les couilles.

Camaronnades : C'est pas de ma faute, depuis que je me suis fait enlever, mon système émotionnel n'a plus aucun sens. J'ai du mal à ressentir des choses dans des moments où tout le monde chialerait alors que je pourrais péter les plombs pour des trucs stupides. Moi aussi je me comprends plus et surtout je me sens coupable. J'ai pas pleuré à l'enterrement de mon pépé ni à celui de Noémie... Tout s'est concentré le soir où je l'ai trouvée, puis le néant, juste de la colère, j'ai l'impression de tout voir comme un enchainement de points A et des points B, comme un robot.

Najmaosn : J'ai vu ça en squattant les cours de mon copain à la fac. C'est un mécanisme de protection psychologique, t'as pas à te sentir coupable, ça viendra. T'es juste bloquée parce que t'as pas accompli ce que tu t'étais juré de faire. Ouais c'est chelou. Tu ressens rien parce que t'es pas en paix.

Camaronnades : Surement...

Jerhum : Je rejoins Khaled, ptet que je la connaissais pas tant que ça mais j'estime que c'est notre devoir de mettre la main sur cette ordure. Les policiers sont pour la plupart des gros débiles qui voient que leur bide et Tako n'en parlons pas. Si t'as la moindre info ou je sais pas quoi, tu nous le dis.

Gabrielle demanda à Mariko si elle pouvait ajouter sa nouvelle amie motarde pour qu'elle puisse expliquer tout ce qu'ils avaient découvert durant la journée. Car ils devaient impérativement rentrer dans cette médiathèque. Elle ne s'attendait pas à ce qu'ils acceptent, surtout après leur récente dispute, mais plus nombreux ils seraient, mieux ce serait.

Le lendemain soir

21 heures sonna. Gabrielle enfila son vieux hoodie Santa Cruz Vacation au noir terni, une antiquité remontant à son époque de poseuse au skatepark de la Trinité. Perdue au fond d'un tiroir de commode, celui-ci avait prit l'odeur du bois.
Dehors, l'air était quand même agité, en témoignait la danse des jacarandas . Elle rajouta alors sa grosse veste en denim marron par dessus et boucla la jugulaire de son casque

Sinistres TropiquesWhere stories live. Discover now