Chapitre 58 : Confidences nocturnes ✔️

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Soulagée, je ferme les yeux.

Je n'avais pas réalisé à quel point je craignais sa réponse, à quel point je souhaitais qu'elle soit négative.

Et toi ? Regrettes-tu de m'avoir embrassé ? demande-t-il à son tour.

J'ouvre les paupières pour le regarder, n'hésitant qu'un bref instant.

Non.

Je tourne ma tête vers la fenêtre, regardant la lune briller parmi la pénombre de la nuit.

Les paroles de ma mère me reviennent alors à l'esprit, refusant de me laisser tranquille.

Je ne le serai jamais.

Une larme roule sur ma joue et je la laisse faire.

Parce que je suis fatiguée de devoir me cacher, de devoir jouer la fille forte.

Je ne le suis pas, malgré ce que je fais croire à tous, ce n'est qu'un autre de mes masques.

Tout n'est que masque chez moi.

Maintenant que nous avons mis les choses au clair et que tu sais que je m'intéresse à toi pour toi, veux-tu bien me dire ce qui ne va pas ?

Je me mords la lèvre, ne le regardant toujours pas.

Les secondes s'écoulent, les minutes passent, mais il ne me pousse pas.

Il me laisse faire, me laisse mettre de l'ordre dans mes idées, me préparer mentalement.

Je ne peux m'empêcher de lui être reconnaissante pour sa patience, celle-ci me rassurant.

Parce que je sais qu'il est là pour moi, il me prouve qu'il ne tient pas à me brusquer, à bien faire les choses.

Mes pensées se bousculent dans ma tête, alors que je ne sais pas par où commencer.

Je dois peser mes mots, ne pouvant pas trop lui en dévoiler, mais suffisamment pour qu'il puisse comprendre.

C'est mieux pour sa sécurité, mieux pour lui.

Il était tard, et par malheur, nous étions tous à la maison. Mon père était dans son bureau avec mon frère, Alessio, pendant que ma mère lisait un livre dans le salon. J'étais assise à côté d'elle, en train d'envoyer des textos à un ami quand, je m'arrête subitement, déglutissant, quand les balles s'étaient mises à pleuvoir. Nous étions les cibles d'une fusillade.

Je me tais un moment, laissant les souvenirs venir à moi, les laissant mener mon récit chaotique.

Malgré les nombreuses pratiques que mon père nous avait faites faire, j'avais paniqué. Je m'étais levée au lieu de me coucher contre sol, complètement envahie par le stress et la frayeur. Ma mère s'était elle aussi redressée, mais dans son cas, c'était pour venir me rassurer. Je me rappelle encore de son doux sourire, de son regard étincellant et chaleureux qui brillait malgré la folie qui nous entourait.

Mes lèvres s'haussent soudainement vers le haut, son magnifique visage me revenant en mémoire.

Mais mon sourire se résorbe aussi vite qu'il est apparu, lorsque je me rappelle d'elle lors de mon cauchemar, de ses paroles.

Je n'ose toujours pas le regarder, mes yeux étant rivés obstinément sur la lune.

Juste un coup d'œil vers elle était parvenu à me calmer et j'étais allée me réfugier dans ses bras, alors qu'elle tentait de me rassurer en me serrant très fort contre elle. Et à ce moment-là, j'ignorais encore que ce serait le dernier moment que je passerais avec elle.

Secret d'ÉtatWhere stories live. Discover now