Chapitre 51 : Rancune inutile ✔️

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Mon souffle se coupe à l'entente de sa phrase, alors que je reste sous le choc.

Elle avait une fille.

Mathilda avait une fille.

Je la fixe en silence, ne trouvant pas les mots.

Elle m'a laissée sans voix.

Je regarde sa main posée sur ma cuisse et n'hésite qu'un moment avant de la saisir, la pressant doucement.

Elle lève un regard peiné vers moi et me sourit gentiment.

Maintenant, je comprends mieux son côté si prévenant, si attentionné.

Elle était mère.

Une mère qui s'est faite arrachée son enfant.

Elle s'appelait Rose, dit-elle d'un ton nostalgique, le regard perdu dans le vide. Je suis sûre que tu te serais bien entendue avec elle, ajoute-t-elle avec un petit sourire.

Je ne dis rien, me contentant de tenir sa main et de l'écouter.

C'est ce dont elle semble avoir besoin en ce moment.

Elle qui est toujours là pour tout le monde, c'est à mon tour d'être présente pour elle, de la soutenir et de lui prêter une oreille attentive.

Elle avait cette attraction sur les gens, la même que tu possèdes, dit-elle en affichant une mine attendrie. Tous les regards se tournaient vers elle, où qu'elle aille. Mais elle détestait ça. Elle préférait être seule dans son coin, dit-elle en secouant doucement la tête à ce souvenir.

Elle était une solitaire, tout comme moi.

Un discret sourire étire mes lèvres, alors qu'elle se perd dans ses pensées, ressassant probablement de vieux et douloureux souvenirs.

Je me racle la gorge pour la sortir de sa transe, ne sachant que trop bien ce que cela fait que d'être piégé dans sa propre tête.

Elle pose aussitôt les yeux sur moi, attendant patiemment la question qui me brûle les lèvres.

Comment... comment est-elle morte ? demandais-je d'un ton hésitant.

Elle prend une grande inspiration, son regard se posant sur nos mains.

Seul le silence est audible à cet instant, rien ne parvenant à le troubler jusqu'à ce que sa voix tremblante le fasse.

C'était un jour d'été comme un autre, chaud et ensoleillé. Nous n'aurions jamais pu soupçonner ce qu'une si belle journée allait nous réserver. Rose avait décidé de passer la journée avec Noah et, malgré sa réticence, il avait finalement cédé à sa demande. Il n'a jamais réussi à lui résister, m'avoue-t-elle avec un petit sourire.

Elle baisse une seconde ses yeux sur nos mains, sa prise se resserrant quelque peu sur mes doigts.

Ils sortaient d'une crèmerie lorsq-, elle se tait subitement, comme si la suite était beaucoup trop douloureuse à énoncer, lorsqu'on les a bombardés de balles. Noah avait tenté de la protéger en servant de rempart entre elle et la menace, mais il était trop tard. Elle avait déjà été touchée. Ils ont atteint mon petit trésor. À l'époque, elle n'avait encore que 16 ans, dit-elle péniblement, sa voix s'étranglant davantage à chaque mot prononcé.

Une larme coule sur sa joue et elle s'empresse de l'effacer du revers de la main.

Ça me fend le cœur de la voir ainsi, elle ne mérite pas ça.

Sa fille n'aurait jamais dû lui être enlevée, encore moins à un si jeune âge.

Pourquoi lui tiré dessus ? Pour quel motif ? Ce n'était encore qu'une enfant, dis-je, un peu perdue.

Secret d'ÉtatWhere stories live. Discover now