Chapitre 19

Depuis le début
                                    

Emma lâche un rire embarrassé. 

— Je te raconterai. 

Luke s'éloigne en entourant ses épaules de son bras. J'ai hâte d'entendre ça... 

Je poursuis mon chemin en essayant d'ignorer ce que je viens de voir, et atteint ma salle de classe avec quelques minutes d'avance. Adam est déjà là aussi, assis par terre le dos contre le mur, il écrit dans un petit cahier, les sourcils froncés de concentration. 

— C'est pas toi qui m'avait dit que ça ne se faisait pas la dernière fois que tu m'as vue assise par terre ?

Il lève à peine les yeux vers moi. 

— Peut-être... Je ne m'en souviens pas. 

Je m'assois à côté de lui. Il fait des calculs, encore. 

— Ça va mieux ton problème avec les maths ? Je demande. 

— Non, c'est de pire en pire. 

Je garde le silence un moment, et l'observe distraitement alors qu'il se concentre. 

— Tu sais, j'ai appris à factoriser pendant ma première année de lycée, je souffle. J'ai même eu une très bonne note à une interro là dessus. Mais tu me demandes de le refaire maintenant, j'en serais incapable. 

Il soupire. 

— Oui, je sais, c'est normal ! Ce qui serait pas normal c'est que tu ait oublié en quelque jours et pas quelques années, et que tu soit obligé de recommencer à zéro à chaque fois que tu réapprends, comme si tu n'avais aucune base ! 

Il laisse tomber son cahier et son stylo pour passer une main excédée dans ses cheveux. 

— Bon, écoute, si c'est vraiment pas normal tu devrais peut-être voir quelqu'un pour ça, je suggère. 

— C'est déjà fait. 

— Et alors, c'est lié à quoi ? 

— Ça ne te regarde pas. 

C'est à mon tour de soupirer. Toutes nos conversations se terminent exactement de la même manière. Il ramasse ses affaires pour les ranger dans son sac et se relève, mettant assez de distance entre nous pour me faire comprendre qu'il ne veut plus en parler. 

Je n'ai pas envie de laisser Kally gagner notre pari. Il faut que je trouve un moyen de le réveiller, de le faire voir enfin au travers du vernis. Mon regard tombe par hasard sur une petite boule noir fixée au plafond. Une caméra, les mêmes que dans les dortoirs. Ça me donne une idée.

Pour convaincre Adam, je vais avoir besoin de preuves. Des preuves tangibles. Je pose une main sur mon portable, toujours cachée dans ma ceinture. Tout ce que voient ces caméras, tout ce qu’elles laissent passer pour préserver l’image du pensionnat, je n’aurais qu’à l'enregistrer aussi pour lui montrer. 

Cette idée bien en tête, j'attends la fin de journée pour essayer de trouver Simon, le petit génie qui occupe le haut du classement. Je vais avoir besoin de lui. Comme je ne le vois nulle part, je passe à mon dortoir pour enfiler un pantalon à la place de ma jupe, et attache mes cheveux en une queue de cheval basse que je dissimule dans mon col. Je me rends comme ça au dortoir des garçons, la tête baissée, fuyant tous contacts visuels avec les tuteurs que je croise sur mon chemin, et souffle de soulagement lorsque j’atteins la chambre 17. Celle de Simon selon mes renseignements. 

Je frappe, et fronce les sourcils en me retrouvant face à Noah. 

— Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant