Chapitre 26

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- Dimanche 8 août -

Le corps courbaturé, Louis papillonna des yeux. Il tendit les bras au-dessus de sa tête, dans le but de s'étirer. Alors qu'il commençait son mouvement, bougeant son corps, la prise autour de sa taille se resserra. Il se retrouva plaqué contre un torse musclé et chaud, et un immense sourire étira ses lèvres. Le nez plongé au creux de son cou, il sentait le souffle de Jules sur son épiderme.

— Salut, murmura celui-ci en laissant ses lèvres effleurer la peau.

— Salut, répondit Louis sur le même ton.

Il inclina son visage, ainsi que son corps dans la direction de Jules. Face à face, leurs jambes emmêlées, il se regardèrent. Leurs lèvres étaient étirées dans un même sourire. Le bras de Jules était toujours autour de ses hanches, alors que Louis laissa la pulpe de ses doigts caresser la peau du plus vieux.

Il se perdit dans sa contemplation.

Le charme brut de Jules lui avait coupé les mots dès que ses pupilles, dissimulées derrière ses lunettes de soleil, s'étaient posées sur lui. Arthur était un beau garçon, mais ce n'était rien en comparaison de son aîné.

Il s'était senti attiré dès les premières secondes, comme un papillon de nuit était attiré par la lumière. Une attraction forte, puissante et désarmante. Un attrait qui lui avait déjà joué des tours dans le passé. Alors il avait freiné des quatre fers, s'était camouflé derrière sa carapace invisible, mais solide. Et, quoi de mieux, pour ne pas prendre le risque de s'attacher, que de se faire détester ?

Seulement, malgré sa volonté, il avait été incapable de ne pas prêter attention à Jules. Discrètement, il l'avait observé. Il était doué pour cela. Il avait d'abord été envoûté par son physique, mais il y avait plus que ça. Bien plus.

Il admirait sa force et sa volonté. L'acharnement dont il faisait preuve dans son travail, tant par amour pour son cheptel, que par nécessité pour tenir la ferme familiale à flot, et offrir à sa fratrie un toit, et tout ce dont elle pouvait avoir besoin. Louis était aussi charmé par l'attention, la protection et l'amour que Jules donnait sans réserve à Mélanie, Arthur, Maxime et la jolie petite Lilly. Et il était amusé par son caractère, parfois rustre, parfois doux comme un agneau.

Il avait frissonné lors de leur petite joute verbale, pleine de sous-entendu, suivie de ce petit jeu séducteur qui avait réveillé son corps, et plus particulièrement une partie précise de son anatomie. Puis il avait été déstabilisé par la jalousie qu'il avait ressenti lorsque celui dont il préférerait oublier le nom, Rémy, avait embrassé Jules sans aucune gêne devant eux, interrompant, par la même occasion, la tension qui s'installait.

Encore plus quand, le lendemain, Jules s'était préoccupé de son état et, sans qu'il ne fasse la moindre demande, lui avait donné deux cachets et un verre d'eau. Une petite attention simple, dénuée de toute arrière pensée, mais qui avait pourtant beaucoup compté pour lui. Elle lui avait réchauffé le cœur. Et c'est ces frissons, cette satisfaction que Jules lui ait porté attention, qui l'avait effrayé.

Malgré sa volonté à ne pas souffrir, sa carapace s'était effilochée sans même qu'il n'en ait conscience. Il flanchait, doucement, mais sûrement pour le trentenaire. Alors il avait fait ce qu'il connaissait le mieux. L'insupportable et l'ingrat. Pourtant, il ressentait toujours une attirance pour cet homme.

Et cette attraction n'avait fait que se renforcer jour après jour, malgré l'ignorance dont faisait preuve Jules après son comportement. Finalement, les jours passant, Louis avait pris conscience que cette inattention à son égard était déstabilisante, plus blessante que les coups qu'il avait pu recevoir. Et son départ, sur ce simple « salut », avait été déchirant.

L'engrenage des champs | BxBWhere stories live. Discover now