Chapitre 1

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- Vendredi 18 juin -

A mesure que les minutes s'égrenaient, les rayons du soleil s'amenuisaient pour laisser place à sa consœur, la lune. Aucun nuage à l'horizon. La nuit s'annonçait calme et belle, promesse d'une journée ensoleillée le lendemain.

Ses dernières tâches de la journée réalisées, Jules ferma la porte des écuries. Il traversa le parking, puis parcourut les quelques mètres le séparant de la demeure familiale. Lorsqu'il se retrouva dans l'entrée, il profita de la fraîcheur des lieux.

La bâtisse avait été rénovée, mais l'ossature ancienne et l'épaisseur des murs de cette dernière maintenaient la chaleur éloignée. Le mois de juin était chaud, signe que l'été s'installait. Cette année encore, la canicule était annoncée. Alors, cette source d'air frais était bienvenue, après sa journée harassante et chaude.

Il ôta ses bottes, qu'il rangea dans le meuble prévu à cet effet, puis prit la direction de la cuisine. La pièce était ouverte sur le salon, seulement séparée de celui-ci par un îlot central, servant tant de plan de travail que de table pour se restaurer.

Il commençait seulement à sortir les ingrédients dont il avait besoin pour faire le repas qu'Arthur pénétrait dans la pièce, Louis et Raphaël sur ses talons.

— Le repas n'est pas encore prêt ? J'ai faim, moi ! s'exclama Louis en se laissant tomber sur le canapé.

Il s'empara de la télécommande et, rapidement, le bruit de la télévision se fit entendre dans la pièce.

— Estomac sur pattes, se moqua Raphaël qui, lui, vint prendre place sur un des tabourets hauts disposés autour de l'îlot.

A son tour, Arthur s'assoit sur l'un de ces derniers, aux côtés de Raphaël. Il ignora Louis, son attention totalement focalisée sur les gestes de son frère.

Jules, désireux de ne pas perdre patience dès ce premier soir, même s'il n'appréciait guère la réflexion, extirpa un saucisson du réfrigérateur, puis un paquet de chips d'un tiroir. Il versa le contenu de ce dernier dans un bol, sortit une planche à découper en bois et tailla de fines tranches du sauciflard. Celui-ci préparé, il alla déposer ce petit apéro sur la table basse, placée entre le canapé et le meuble télévision.

A peine les mets furent-ils posés sur la table, que Louis piocha dedans, sans un merci, ni même un regard pour Jules. Ce nouveau manque de savoir vivre accentua l'agacement de Jules, mais, encore une fois, il ne fit aucune remarque.

Sa place attitrée derrière les fourneaux retrouvée, Jules détailla la viande de bœuf, puis de poulet qu'il fit revenir dans des poêles différentes. Cuisiner pour la famille n'était pas une corvée, bien au contraire. Seulement, cuisiner pour deux inconnus s'avérait plus compliqué. Il ignorait si l'un ou l'autre avait un aliment en horreur ou des allergies. Il avait donc opté pour un plat simple, rapide et efficace : des fajitas, à garnir comme chacun le voulait.

— Papa n'est pas encore là ?

Arthur n'avait pas quitté sa place, toujours concentré sur la gestuelle de son frère. Au plus loin de ses souvenirs, il avait toujours tenu cette place pendant qu'Arthur s'occupait des repas. Des instants privilégiés. Il aimait ces moments, tantôt bruyants de leur discussion, tantôt silencieux. L'occasion de parler calmement, de se chamailler, de se confier, de se réconcilier.

— Comme tu as pu le constater, non, répondit Jules sur un ton taquin.

Face à sa moquerie, Arthur lui tira la langue.

— Il avait un conseil en fin de journée, il ne devrait plus tarder.

François, leur père, était le maire de cette petite ville. Son rôle d'agriculteur avait énormément joué dans la balance lors des élections. Il avait une connaissance parfaite des alentours et, surtout, il ne dirait pas amen à des projets de grandes envergures, dénaturant les environs. La ville de Groisy, dans laquelle ils étaient établis depuis plusieurs générations, s'était développée à mesure que les années passaient, mais demeurait à taille humaine.

L'engrenage des champs | BxBWhere stories live. Discover now