Chapitre 20

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- Lundi 26 juillet -

Ses paupières s'ouvrirent au premier cri poussé par le coq de la basse cour. Le drap était jeté négligemment au pied du lit, chatouillant ses orteils. Encore une fois, la nuit avait été chaude. Même le tissu fin de son boxer, seul vêtement dont il était vêtu, lui donnait des sueurs. La météo annonçait des perturbations et il les attendait avec impatience. Juste pour que l'air se rafraîchisse et soit plus vivable.

Il était encore tôt, mais contrairement aux premiers matins passés ici, il ne chercha pas à se rendormir pour faire la grasse matinée. Il se leva, étira ses bras et ses jambes, puis ferma les volets avant que la chaleur ne s'infiltre dans la pièce.

Il enfila ensuite le tee-shirt déposé sur la chaise de bureau, puis quitta la piaule dans laquelle il avait élu domicile et où il se sentait bien. Là encore, ce point était surprenant.

Il vivait dans l'opulence.

Sa chambre était équipée des dernières technologies. Le dernier écran plat, toujours plus imposant que le précédent. Des hauts-parleurs qui vous plongeaient au cœur de l'action, le son vous donnant l'impression d'être encerclé par les bruits. Des lumières qui s'éteignaient ou se tamisaient à sa demande, des volets électriques, dont la télécommande était toujours à portée de main. Ce qu'il voulait, il l'obtenait. Louis était un enfant pourri gâté.

Il en avait conscience. Et si cette situation l'avait satisfait dans sa jeunesse, il avait depuis déchanté.

« L'argent ne fait pas le bonheur » disait le proverbe. Et c'était la triste réalité.

Même si l'argent ouvrait beaucoup de portes, il ne remplaçait pas l'affection des êtres aimés. Il ne vous réconfortait pas lors des orages, ne vous rassurait pas après un cauchemar, ne réparait pas votre corps cassé, ni ne recollait votre cœur brisé.

Le mobilier high-tech ne valait pas les choses simples de la vie, ne devenait pas vos amis à qui vous confier, qui vous épauleraient, vous soutiendraient. L'oseille ne se substituait pas au bonheur d'avoir une famille aimante et présente. Il l'avait compris. Mais cette évidence le frappait encore plus depuis qu'il vivait au milieu de la famille Guérin.

La dernière console de jeu n'était pas installée dans les chambres. Les montres connectées étaient inexistantes. Chaque membre de la famille n'avait pas une tablette, ni d'ordinateur. Seul Arthur en avait un, pour lui seul, mais uniquement parce qu'il était éloigné pour les études. Sinon, le vieil ordinateur « HP » passait entre les mains lorsqu'elles en avaient la nécessité.

Et pour autant, aucun d'eux n'étaient malheureux ou s'ennuyaient. Et Louis admettait, sans difficulté, que depuis qu'Arthur l'avait invité chez lui, il ne sentait pas le besoin de s'approcher du moindre objet technologique qui faisait son quotidien d'habitude, même s'il avait prétendu ne pas supporter la campagne et son absence d'agitation. Cette pièce, pourtant meublée du strict minimum, suffisait à son confort.

Oubliant son téléphone portable sur la table de chevet, il quitta la pièce. Louis traversa le couloir pour atteindre les escaliers puis la cuisine. Il était encore tôt, pourtant François était là en train de faire ses mots croisés matinaux, et il ne doutait pas que Jules était déjà en train de travailler.

— Bonjour.

— Bonjour, Louis. Bien dormi ?

Il acquiesça, puis la conversation s'engagea, fluide et légère.

François était régulièrement à la mairie, pour répondre à ses fonctions de maire de la commune. Malgré ses obligations, il faisait de son mieux pour être présent pour ses enfants. Louis avait compris que les relations avec ses deux benjamins étaient ouvertes et aimantes. Celles avec Jules étaient, parfois, plus tendues et rancunières - Louis en ignorait la raison, mais sa curiosité était piquée. Et il n'y avait pas qu'avec eux que François était attentif.

L'engrenage des champs | BxBWhere stories live. Discover now