Chapitre 10

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- Dimanche 27 juin -

La porte claqua avec force lui arrachant un grognement. Le nez enfoui dans son oreiller, le fin drap recouvrait ses jambes et ses hanches, laissant son dos à l'air libre.

— Réveille-toi !

L'ordre fusa. La tête lourde, les vapeurs de l'alcool toujours présentes dans ses tripes, il hésita une seconde entre obéir ou l'ignorer. Ainsi, il pourrait se terrer dans la chambre, la tête enfoncée dans le coussin pour se désespérer à oublier le fiasco de la veille. Seulement, même s'il avait bien des défauts, il ne tenait pas à rester fâché avec son meilleur ami.

Louis n'avait pas encore croisé Arthur depuis leurs éclats de voix, mais il ne doutait pas que ce dernier lui tiendrait rigueur de son comportement et lui en voudrait. Énormément. Il savait pourtant que sa famille était importante pour lui. Arthur parlait toujours de son aîné avec admiration, les yeux pétillants de fierté. Il était son roc, son héros. Et lui n'avait rien trouvé de mieux que d'insulter le destinataire de son émerveillement. Alors non, il n'allait pas rester blotti dans son cocon.

Il grinça des dents en se redressant, la pièce tournant sur ses rétines. Il plissa les paupières, tandis qu'une expiration profonde s'échappa de sa cage thoracique. Les pieds posés au sol, il retrouva son équilibre après plusieurs dizaines de secondes à rester ainsi.

Lorsqu'il ouvrit enfin les yeux, il remarqua que la pièce composée uniquement du lit deux places dans lequel il dormait avec Raphaël, de deux tables de chevets et de placards intégrés dans le mur face au lit, était baignée de la lumière du soleil. La chaleur extérieure pénétrait dans les lieux à cause de la fenêtre ouverte et il n'avait aucun mal à deviner qu'il était pas loin de midi. Un regard sur son téléphone confirma son analyse. 12h07.

— Raphaël, je suis désolé.

Raphaël se tenait au pied du lit, debout les mains sur les hanches. Entièrement vêtu, il semblait dans un état plus réveillé que lui, sans pour autant être entièrement remis de sa cuite de la veille. Sa bouche était fermée en une ligne étroite, son regard ambré, d'une teinte plus foncée qu'à l'habitude, était fixé sur lui.

— Ce n'est pas à moi que tu dois faire des excuses, Louis.

— Je sais, mais je t'en fais quand même.

Raphaël soupira, faussement exaspéré, un sourire affectueux se dessinant sur ses lèvres. Louis était assis sur le lit, une moue contrite sur les lèvres, les yeux implorant. Le masque hautain qui habitait ses traits l'avait déserté, pour laisser apparaître sa bouille enfantine et blessée. Celle qu'il avait lorsque Arthur et Raphaël l'avaient trouvé, le visage tuméfié dans les toilettes de leur faculté. Ou encore lorsqu'ils étaient juste tous les trois, à l'abri des regards.

— Je peux avoir un câlin ?

Raphaël répondit en passant ses bras autour de la taille de Louis et en le serrant contre lui. Ce dernier nicha son nez dans le cou de son ami, et encercla ses membres autour des épaules de Raphaël.

Ils restèrent ainsi de longues minutes, à profiter de la présence rassurante de l'autre. Puis Louis se dégagea de l'étreinte, et quitta la chambre pour prendre la direction du rez-de-chaussée, sans prendre la peine de se vêtir. Seulement habillé de son boxer, il traversa le couloir, Raphaël sur les talons, pour atteindre l'escalier en colimaçon. Ses pieds nus entrèrent en contact avec le bois froid des marches, tandis que le bulbe de ses doigts caressait la rambarde en fer à mesure qu'il descendait.

Mélanie, occupée à découper des légumes sur le plan de travail, remarqua tout de suite son arrivée. Ses mains coupaient lentement, peu assurées, mais malgré son absence de confiance dans ses gestes, ses yeux quittèrent les aliments pour adresser un regard noir au jeune homme. Arthur ne l'entendit pas immédiatement, occupé à vider le lave-vaisselle. Lorsqu'il s'empara des derniers couverts présents dans celui-ci, puis qu'il se redressa pour les ranger, il constata la présence de Louis dans la pièce.

L'engrenage des champs | BxBWhere stories live. Discover now