Chapitre 12

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Londres, dimanche 19 avril

Elsa avait mal dormi, hantée par des rêves sensuels. Au réveil, à neuf heures, les draps s'entortillaient autour de ses jambes telles de monstrueuses lianes et son oreiller gisait à terre, à côté des sous-vêtements, de la nuisette et des chaussures. Quant à son pyjama, il avait disparu. Elle le retrouva sous le lit. Elle avait dû s'en débarrasser durant ses ébats oniriques avec Adam. Parce qu'elle avait virtuellement passé une nuit torride avec son employeur et qu'elle était prête à recommencer. En vrai de préférence.

Une douche fraîche chassa ses fantasmes et lui remit la tête à l'endroit. Alors qu'elle s'attendait à un petit déjeuner aussi frugal que la veille, les saladiers de fruits frais et les corbeilles débordant de viennoiseries disposés sur la table l'informèrent que la course à pied n'était pas à l'ordre du jour. Tant mieux, car elle se sentait aussi gaillarde qu'une limace arthritique.

Une assiette couverte de miettes et une tasse sale lui indiquèrent qu'Adam avait déjà pris son petit déjeuner. Le silence ambiant et la porte de sa chambre, ouverte, confirmaient son absence. L'avait-elle donc tant dégoûté hier qu'il ne voulait plus partager son intimité avec elle ? Pour s'en assurer, elle alla glisser un regard dans la pièce. Sa valise trônait sur la banquette. Il était donc toujours là, en théorie. Elle regagna le séjour et prit place à table, refusant de se laisser abattre par cet étrange début de journée. Elle se servit une coupelle de fruits, tartina généreusement deux croissants de marmelade d'orange et arrosa le tout de Lapsang Souchong.

Le repas terminé, elle hésita. Que faire en l'attendant ? Pour autant qu'il réapparaisse, bien sûr. Ses doutes revinrent en force. Autant être prête à tout, songea-t-elle en rangeant ses vêtements et ses affaires de toilette dans sa valise. Dans le pire des cas, un chasseur frapperait bientôt à la porte pour l'emmener à l'aéroport et elle n'entendrait plus jamais parler d'Adam.

Quand son estomac se noua à cette pensée, elle envisagea de se donner une claque. Elle n'était là que pour le désintoxiquer. Hors de question d'éprouver quoi que ce soit pour lui. Parce que tomber amoureuse d'Adam la ferait davantage souffrir qu'une ascension de l'Everest ou une privation de chocolat.

Elsa se brossait les dents lorsqu'il l'appela depuis le salon. Manquant de s'étouffer avec le dentifrice, elle cracha un nuage de bulles baveuses et cria :

— Dans la salle de bain !

Lorsque Adam apparut dans le miroir, elle faillit se mettre à saliver. Son T-shirt humide moulait son torse, ses cheveux sombres effleuraient la serviette éponge passée autour de son cou. Il revenait visiblement d'une séance de sport intensive.

— Ça coule, déclara-t-il.

— Pardon ?

— Le dentifrice.

Elle rougit, essuya son menton d'un revers de main et se rinça la bouche.

— Vous êtes debout depuis longtemps ? demanda-t-elle.

— Depuis six heures.

— Mal dormi ?

— Autant que vous, si j'en crois les petits bruits que vous faisiez ce matin.

La rougeur d'Elsa s'accentua.

— Vous avez déjà préparé votre valise ? s'étonna-t-il.

— Heu... J'ignorais si nous repasserions par l'hôtel après notre sortie.

— Vous mentez.

— Par omission.

Il fronça les sourcils.

Addiction sensuelleWhere stories live. Discover now