Chapitre 10

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Quand Adam la rejoignit à la salle à manger, il respirait une sérénité retrouvée. Elle se garda bien d'imaginer quels stratagèmes il avait employés pour y parvenir. Son pull vert sombre mettait en valeur ses iris, son jean noir moulait ses cuisses, ses cheveux encore humides encadraient son visage rasé de près. Il était juste... appétissant. Elle-même se sentait plus à l'aise. De manière surprenante, le voir aussi sensible à sa présence la satisfaisait.

Le petit déjeuner qui les attendait aurait pu nourrir une famille de six personnes. Si elle apprécia à leur juste valeur les scones, fruits exotiques et mini-sandwiches arrosés de Lapsang Souchong, elle ressentit une culpabilité certaine devant le monceau de nourriture intacte.

— Comme j'ignorais ce que vous appréciez au petit déjeuner, j'ai commandé un peu de tout, déclara Adam, contrit. Je vous promets une sélection plus raisonnable demain.

— Votre basset artésien n'a pas réussi à percer le secret de mes poubelles ? le provoqua-t-elle.

— Monsieur Fradival, détective privé reconnu sur la place de Genève, sera ravi de savoir que vous le comparez à un chien de chasse, répliqua-t-il en la menaçant de sa cuillère.

— Avouez qu'il en a le regard et la babine.

Adam sourit.

— Je m'interdis de discuter de mes employés, sauf absolue nécessité.

— Donc je peux être tranquille : vous ne parlerez de moi à personne.

Il secoua la tête.

— Vous êtes un cas à part, Elsa.

— Laissez-moi deviner. Sont dans la confidence : votre avocat, Fradival le basset, Eduardo, la direction du Belle-Rive. Ça s'arrête là ?

— Presque. Sachez que tous ont signé un accord de confidentialité. Quant à vous, je devine que la clause du secret de fonction n'est pas applicable à votre amie Marion ?

— Touché, fit-elle en le saluant de sa tasse. Mais elle ne révélera rien à personne.

— J'en suis persuadé.

Il avait raison de l'être. Jamais Marion ne trahirait sa confiance, même sous la torture. La réciproque était bien sûr vraie.

Adam posa sa serviette à côté de son assiette vide et se leva.

— Nous partons dans une demi-heure. Cela vous suffit-il pour vous préparer ?

— Ça dépend de ce que vous attendez de moi. Je suis entièrement à votre service.

Il se pencha vers elle.

— Méfiez-vous, Elsa. Vous pourriez regretter vos paroles.

— Pas ce week-end. Seuls vos yeux m'approcheront. Mais je conserve votre avertissement en tête pour le prochain.

— Vous faites bien, murmura-t-il avec un sourire de loup qui la fit frissonner.

— Ce qui ne me dit pas ce que je dois porter.

Il détailla son pull en coton et son jean légèrement usé.

— Restez comme vous êtes.

***

À dix heures trente, Trafalgar Square fourmillait déjà de touristes et de Londoniens en promenade. Mais Adam ne regardait ni les lions gigantesques entourant la colonne Nelson ni l'impressionnante façade de la National Gallery. Non. Il observait Elsa qui découvrait ces trésors architecturaux pour la première fois. Elle dévorait des yeux les moindres détails et son visage rayonnait de plaisir. Il la laissa avancer à son rythme entre les fontaines, insensible aux splendeurs de Londres qu'il côtoyait depuis trop longtemps. En revanche, il ne se lassait pas de sa blondeur.

Addiction sensuelleWhere stories live. Discover now