Pourquoi la vie ne pourrait-elle pas être simple, pour une fois ?

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Après les cours, on attend de voir que Milo rentre chez lui et on se dirige vers la bibliothèque. On pense un instant à le suivre, mais on a déjà fait tellement peu preuve de brio avec notre surveillance du jour qu'aucun de nous ne pense qu'il s'agit d'une bonne idée. Quand on arrive, Anna nous accueille avec un air interrogateur, et il me semble déceler un air suspicieux quand on lui demande les numéros de 1996 à 1999, les années où ma mère finissait sa scolarité ici.
— Qu'est-ce que vous faites, au juste? demande-t-elle alors qu'on les étudie depuis trente bonnes minutes.
— C'est bientôt l'anniversaire de ma mère, je mens. J'essaie de lui préparer une surprise, et Charlotte et Victor m'ont gentiment proposé leur aide.
Mon mensonge est sorti avec bien trop d'assurance. Qui suis-je en train de devenir?
— Oh, comme c'est gentil à vous! s'exclame-t-elle avec un sourire rayonnant qui se répercute dans son regard clair. Tu as de la chance d'avoir des amis comme ça, Jo. N'hésitez pas à m'appeler si je peux vous aider d'une quelconque manière.
Puis, avant de nous laisser seuls, elle me chuchote:
— Je suis très contente de te voir avec des amis.
Je me sens rayonner de l'intérieur. La rendre fière me donne un étrange sentiment d'accomplissement. Puis je me renfrogne aussitôt. Pourquoi Anna ne peut-elle pas être ma mère? Je me suis toujours mieux entendue avec elle qu'avec cette dernière, qui me ment et me cache des choses. Anna a toujours été là pour moi depuis que je la connais, bien plus que comme une bibliothécaire et, si je n'arrive pas à me résoudre à lui parler de mon don, je me sens vraiment proche d'elle.
C'est pourquoi je n'ai aucune peine à prendre les devants un peu plus tard, quand l'heure commence à tourner, pour aller lui demander les albums de promotion de ma mère. Le mensonge a déjà été raconté, de toute manière, le reste est aisé. Pourtant, je me sens honteuse. Lui mentir fait mal à une partie de moi dont je ne soupçonnais même pas l'existence.
— Je t'apporte ça de suite, dit-elle après avoir relevé la tête de son catalogage, qui a l'air de lui prendre un temps fou.
— Merci, je dis avant de retourner vers Charlotte et Victor, qui n'ont pas bougé de la table où on se trouve, la même que la dernière fois.
En dehors de nous, la bibliothèque est déserte. Quand je disais que c'était la planque parfaite. Parfois, je me demande pourquoi on en a une, puisque je semble être la seule à l'utiliser de manière régulière.
Je me rassieds en soupirant.
— Rien?
— Pas dans les trente secondes où tu es partie, me répond Charlotte.
Au ton qu'elle a utilisé, j'en déduis que je pose un peu trop souvent la question. Mais on a écumé les trois ans – un chacun – sans succès. Le journal de l'école ne fait mention d'aucun meurtre ni de rien sortant de l'ordinaire durant les années où ma mère a fréquenté l'école du cercle de Corsier. Peut-être que je paranoïe trop. Peut-être qu'elle n'a rien à voir avec ce qui s'est passé il y a une vingtaine d'années, contrairement à ce que Milo m'a dit.
Anna pose trois ouvrages sur notre table.
— Dites-moi si je peux faire quoi que ce soit, propose-t-elle encore.
— Ça va aller, merci.
J'ai répondu avec un sourire dans la voix. Je n'ai pas envie qu'elle ait l'impression qu'on la chasse, même si c'est un peu ce qu'on fait dès qu'elle approche.
— Oh, attendez! je l'apostrophe en vitesse. Vous savez dans quelle classe elle était?
— La DP1, répond-t-elle aussitôt, puis elle s'explique avec amusement devant mon air étonné. Si ta mère est prof, même remplaçante, c'est qu'elle était en prégymnasiale. Il n'y avait que deux classes, à l'époque, et la DP2 était celle des scientifiques.
— Oh.
Elle nous quitte sur ces mots, et on s'empare tous d'un album de promo.
— DP1, DP1, DP1, commence Victor. Ah! 8DP1! C'est elle, ta mère, Jo?
Il me pointe une jeune fille souriante à l'improbable tignasse rousse.
— Bingo.
— Tu es son portrait craché, s'exclame Charlotte. Elle était vraiment très belle. Enfin, elle l'est toujours. Toi aussi. Je veux dire...
Je rigole et lève une main pour couper court à son malaise.
— Merci, Championne.
Elle me sourit étrangement, comme si le malaise ne l'avait pas entièrement quittée, et plonge à son tour le nez dans son album. Je l'imite, et je ne tarde pas à trouver la classe de ma mère. 9DP1. J'ai la dernière année, 1999. Puis je m'esclaffe comme une belette.
— Quoi? demande Victor alors que les larmes me coulent des yeux.
— Grimaldi, je parviens à répondre avant de leur pousser l'album pour qu'ils puissent voir le casque de boucles qui lui tenait lieu de cheveux.
Ils rient de bon coeur eux aussi. Il faut dire qu'il est tellement chauve et grisonnant aujourd'hui qu'on a de la peine à croire qu'il s'agit du même homme. Pourtant, on reconnaît encore plus Milo dans son visage. Il est grand, fin, et ses yeux bleus, même s'ils sont moins dévastateurs que ceux de son fils, ne sont pas moins perçants. Je me demande si Milo perdra aussi de sa superbe, dans quelques années. Enfin, peut-être que son père n'a jamais eu la moitié de son charme et que Milo tient tout de sa mère.
— Owww...
— Quoi? je demande dans un semi-sursaut à Victor, qui a produit ce son étrange.
Pour toute réponse, il me pousse son album devant les yeux.
C'est une série de collages. Je remarque aussitôt ma mère sur plusieurs photos, immanquable avec sa choucroute couleur feu. Mais c'est la photo en bas à gauche qui attire le plus mon attention. Elle est dans les bras d'un garçon que je ne reconnais pas et qui n'est définitivement pas mon père. À côté d'eux, un jeune Grimaldi sourit. Je me serais amusée du concours de choucroutes entre ceux deux-là dans d'autres circonstances.
— Claire, Flavio et Jean-Marc.
La légende n'ajoute rien.
— Tu as trouvé quelque chose d'intéressant?
Je sursaute à nouveau quand Anna revient. Charlotte a dû suivre des cours de marche silencieuse avec elle.
— Non, je lui mens à nouveau, à part que ma mère avait un autre copain à l'époque du collège. J'avais toujours cru qu'elle était avec mon père depuis le début. Vous le connaissez?
Je lui pointe Flavio du doigt, et je la vois froncer les sourcils presque aussitôt.
— Je... Non, dit-elle en se recomposant.
Pourquoi Anna me mentirait-elle? J'ai bon dos de me demander ça, alors que je viens de passer la dernière demi-heure à lui mentir comme une arracheuse de dents.
— Anna?
Elle semble hésiter un instant, mais me répond avec un sourire triste.
— Je ne le connais pas, mais j'ai entendu parler de lui, oui. Tout le monde en a entendu parler.
On se penche tous les trois dans sa direction comme si on s'était donné le mot. Elle soupire, puis tire la chaise libre et s'y assied.
— C'est un petit village, commence-t-elle. Les choses étranges qui arrivent parfois ne passent pas inaperçues. Flavio était élève quelques années avant que j'étudie ici. Un jour, il a disparu. Plus personne n'en a jamais entendu parler. Les légendes qui courent à son sujet sont légion. Certains racontent qu'il est parti à Hollywood, d'autres que son fantôme hante toujours l'école.
On se regarde comme si on avait été pris la main dans le sac.
— Je pense que ta mère en saura davantage, continue Anna qui n'a pas remarqué nos airs entendus. Elle le connaissait visiblement... assez bien.
Ça... on peut le dire. Elle sortait définitivement avec lui. L'étau se resserre.
— Autre chose? demande Anna avant de se relever quand on secoue la tête. À toute, alors.
Dès qu'elle a mis les voiles, on se met à chuchoter comme des forcenés. Les conclusions auxquelles on arrive sont que ma mère est bel et bien très louche, que Flavio est forcément le sixième, le disparu dont le père de Victor parlait, et que tout ça est forcément lié.
— Vous croyez qu'un fantôme aurait pu faire ça? demande Victor après un instant de silence, quand on a vidé nos sacs.
J'ai envie de répondre que je ne crois pas trop aux fantômes. Mais qui croirait en une fille qui peut voir la mort des gens?
— Ça me paraît capillotracté.
— T'aimes bien ce mot, Championne.
Elle me sourit timidement, et elle est sur le point d'ajouter quelque chose quand ma montre bipe.
— Mince! C'est mon batsignal! Je dois filer chez moi avant que mon père ne rentre.
— File, m'enjoint Charlotte tandis que je me lève. On continue à chercher ici.
— Euh...
On tourne la tête vers Victor. Il louche sur la photo qu'on était en train d'observer avant.
— Ta mère t'a déjà dit qu'elle connaissait M. Martin?
— Comment ça? je lui demande en lui arrachant littéralement l'album des mains.
Mais j'ai beau chercher, je ne vois pas ce dont il veut parler. Il faut qu'il se lève à son tour pour tapoter un endroit trouble de la photo pour que ma mâchoire tombe d'un cran. Derrière l'ex couple, à moitié dans l'ombre et de profil, une jeune version de M. Martin se tient, la veste en tweed en moins et des cheveux en plus.
— Nom d'une petite bouilloire électrique, je m'exclame un peu trop fort avant de me tourner pour voir si Anna a remarqué quelque chose.
Ce n'est fort heureusement pas le cas.
Lorsque ma montre bipe à nouveau, je repose l'album à contrecoeur.
— Ça va, Jo? me demande Charlotte d'une petite voix.
— Ouais ouais, je mens pour la troisième fois de la journée. Je file. À demain!
— Demain, c'est samedi, me fait remarquer Victor. Tu es sûre que ça va?
J'ouvre la bouche pour mentir à nouveau, mais rien ne sort, alors je hausse les épaules. Je ne sais pas trop comment je vais, à vrai dire. Ma mère me ment, elle connaissait M. Martin, sortait avec le disparu, était à l'école ici quand les meurtres ont eu lieu... ça fait beaucoup trop à absorber pour mon petit coeur. Je veux dire, j'aime ma mère, mais, en ce moment, je trouve qu'elle a l'air vraiment coupable, et je n'en voudrais pas à Charlotte et Victor de tirer la même conclusion. Mais coupable de quoi? Ça, c'est la question à un million. Parce qu'il est clair qu'elle n'a tué ni M. Martin ni les cinq victimes de l'époque. Pourtant, j'en suis persuadée, elle a quelque chose à voir dans tout ça.
Je leur adresse un petit signe triste de la main et sors de la bibliothèque. Le soleil me déchire pratiquement les yeux, que j'ai déjà trop utilisés à chercher des détails dans des articles et des photos pendant la dernière heure. Je sens la migraine poindre. Malheureusement, ce n'est pas la seule chose qui point, je remarque deux silhouettes que je ne connais que trop bien à la sortie du bahut.
Pourquoi ma vie ne pourrait-elle pas être simple, pour une fois ?
— Je crois que t'as pas bien eu le message, louseuse, m'accueille Emmalou avant de faire signe à Caroline de la tête.
— J'ai pas le temps pour vos âneries, là, je dis fort peu sympathiquement. Je me fiche du nouveau, il est à vous, amusez-vous bien. Et laissez-moi passer.
Mais Caroline se tient devant le passage, et elle pourrait tenir une batte de base-ball que son expression ne serait pas différente. Je ne réfléchis pas et je m'élance pour la dépasser avant qu'elles aient le temps de comprendre ce qui m'est passé par la tête. Malheureusement, Caroline est rapide. Elle m'attrape par la manche, ce qui me fait décrire un dangereux arc de cercle durant lequel mes lunettes giclent Dieu sait où. La surprise me fait hoqueter, et la force centrifuge pousse Caroline à me lâcher. Si j'avais cru un jour que des notions de physiques me seraient utiles.
Je fonce droit devant moi, à l'aveuglette, d'abord sur le chemin que je prends d'habitude, puis je bifurque, toujours à l'aveuglette. Je cours et cours encore, reconnaissant à peine les lieux où je me trouve.
Finalement, je m'arrête et me poste dans un coin de mur, respirant à tout rompre, le sang battant à mes tempes comme un forcené. J'attends quelques minutes. Rien. Je soupire de soulagement en me disant que, si j'ai perdu mes lunettes et que je vais avoir de la peine à expliquer ça à mon père, au moins, j'ai semé les deux pimbêches. Tout ça, c'est la faute du nouveau. Comme si j'avais besoin de ce genre de complication en plus de tout le reste en ce moment.
Après avoir produit un effort oculaire de dimension exceptionnelle, plissant, déplissant, agrandissant et louchant pour tenter de faire le point, il me semble que j'ai identifié la rue dans laquelle je me trouve. Bon, la fontaine qui se trouve pile à côté de moi a aidé. C'est un coin du village un peu paumé, mais je devrais réussir à rentrer chez moi sans souci.
Je me mets en route, sur mes gardes, et tout se passe relativement bien les premières minutes. Jusqu'à ce que j'entende un craquement.
Je me retourne, résistant à l'envie de demander qui est là, comme dans les films d'horreur. Sauf qu'on est en plein jour dans un petit village pittoresque, et que je ne risque pas vraiment de croiser Jason ou Freddy. Puis j'ai des sueurs froides en repensant à ce qui est arrivé à M. Martin.
Je ne vois rien. Ce n'était probablement que mon imagination débordante. Je recommence à marcher.
Et j'entends un nouveau craquement.
Je me retourne en sursaut cette fois-ci, prête à voir un monstre jaillir. Sauf que je suis pratiquement aveugle sans mes lunettes, donc je ne vois absolument rien. Mais dans les troubles formes qui composent le paysage, aucune ombre noire et menaçante ne se détache. Il doit s'agir d'un chat, tout bêtement.
Je recommence à avancer et, cette fois-ci, je n'ai pas le temps de me retourner quand j'entends à nouveau du bruit. Ma tête va directement percuter le mur qui se trouve sur ma gauche et la douleur irradie ma boîte crânienne. Je gémis, prête à crier à Emmalou et Caroline que trop, c'est trop, mais je ne vois qu'une silhouette, grise de la tête aux pieds, tendre ce qui ressemble à un bras en direction de ma gorge. Puis elle me touche, et la vision m'aspire.
Je ne vois que des ténèbres, partout autour de moi, et je me sens tomber. Tomber et tomber encore. Le vertige me liquéfie les trippes tandis que je hurle et hurle encore à m'en déchirer les cordes vocales. Puis le feu m'avale et tout devient noir.
Lorsque je reviens à moi, je crie également, mais le son qui sort de ma bouche n'est qu'un borborygme inaudible, car on me serre à la gorge. Je me sens partir. Je manque d'air. Ce n'est ni Caroline ni Emmalou, et cette pensée me terrifie. Je devais être à l'abri tant que je n'avais pas retrouvé ma mère agonisante, mais peut-être que je me suis trop raccrochée à cette idée. Peut-être que mes visions ne sont pas si finales que ça, en fin de compte. Peut-être que je vais mourir là, seule, dans une ruelle de mon village natal, en plein jour. Peut-être que c'est la fin, je songe alors que ma vision s'emplit de noir.
— Hé! Lâchez-la!
La personne qui m'étouffe ne s'attendait pas à ça. Sa main tressaille, ce qui me permet juste de prendre une bouffée d'air salvateur. Mais sa main reprend rapidement de la contenance.
— Lâchez-la! répète la voix, plus proche cette fois-ci.
Puis le miracle se produit et mon assaillant me lâche. Je m'écrase au sol comme un pantin désarticulé. Je ne vois même pas l'ombre s'enfuir. Tout ce que je vois, même s'il est tellement trouble que je ne l'aurais jamais reconnu si je n'avais pas reconnu le son de sa voix, c'est Milo qui s'approche de moi.
— Joséphine! Tu vas bien?
Je toussote tout en acquiesçant. Ma gorge est trop douloureuse pour parler en ce moment, mais ça va. Ça ira. Je m'en suis sortie. Milo m'a sauvée.
Milo qui caresse mes cheveux avant d'attraper ma tête de manière à pouvoir examiner mon cou sans toucher ma peau. Heureusement que ma tignasse est abondante.
— Tu m'as fait une peur d'enfer!
— Hé, j'ai rien fait, moi, je réponds d'une voix tellement rauque qu'on dirait que j'ai passé ces seize dernières années à fumer. Merci de m'avoir sauvée.
— C'était qui?
— Alors là, aucune idée. Tu as dû mieux voir que moi. Je suis pratiquement aveugle, là.
— Ah oui, tiens, dit-il avant de porter une main à ce qui doit être la poche de son blouson pour en extraire quelque chose. Je les ai trouvées par terre devant l'école.
Incroyable!
Je lui arrache pratiquement mes lunettes des mains et, lorsque je les enfile, les yeux les plus bleus de la création me sourient d'une manière presque gênée.
— Tu as vu sa tête?
Il secoue la tête.
— La personne portait un hoodie. Je ne pourrais même pas te dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
Voilà qui n'est pas pour me rassurer. Pourquoi quelqu'un portant un hoodie essayerait-il de m'étrangler? Pourquoi quelqu'un essayerait-il de m'étrangler, tout court? Qu'est-ce qui est en train de se passer, bon sang? Est-ce que ça a un lien avec le meurtre de M. Martin? Avec celui de ma mère?
— Ça va?
Je regarde Milo, son demi sourire contrit, et je hoche la tête.
— Joséphine, commence-t-il avant de marquer une pause, comme s'il cherchait ses mots. Je sais que je t'ai fait peur, je sais que tout ça n'a pas beaucoup de sens pour l'instant, mais je crois vraiment qu'il faut qu'on parle, tous les deux. Est-ce que tu serais d'accord?
Sans bien m'en rendre compte, je hoche la tête. C'est peut-être quelque chose dans son ton, dans son changement de tactique, ou le fait qu'il vient de me sauver, mais j'ai envie de lui faire confiance.
— J'ai juste besoin d'un peu de temps pour faire le tri dans mes pensées. D'accord?
Il me sourit entièrement pour la première fois.
— D'accord, Joséphine. Allez, viens, dit-il en me tendant la main pour m'aider à me relever. Je te raccompagne chez toi.
Je saisis sa main et, pour une raison qui me dépasse, entendre mon prénom dans sa bouche me plaît énormément.

TOUCH [TERMINÉ]Where stories live. Discover now