Mon€y

Épisode 7 - « For the love of money » - Partie 2

Simon et Romy entrent silencieusement dans la classe. J'observe mes deux amis en cherchant à obtenir des explications. Je vois Romy prendre ses affaires et changer de place. Je me demande ce qu'il a bien pu se passer dans ce bureau et Romy me fait signe qu'elle m'expliquera ça après les cours.

Après ce remue-ménage, le temps de la pause déjeuner a sonné. Je me dirige vers mon spot habituel, mais cette fois, sans l'espoir d'y croiser Clémence. Je ne cherche plus à la comprendre et j'attends qu'elle revienne vers moi pour enfin s'expliquer. Pour le moment, je me concentre sur notre entreprise. Noémie choisit ce moment pour faire irruption, deux sandwichs à la main. Elle me le dépose à côté de moi. Je lève la tête vers elle et la remercie froidement. Je ne sais pas ce qu'il me prend, mais mon excès de colère et toutes mes tensions s'accumulent et s'apprêtent à sortir contre elle. Je sais d'avance que je vais regretter cette discussion, pourtant, elle paraît essentielle à mes yeux. Depuis notre café, Noémie n'a montré aucun signe d'intérêt. Nous avons à peine discuté par message et je me demande à quoi elle joue. Je l'aime bien, mais je doute que cela soit réciproque. Pour éviter de continuer à être frustrée et en colère, je décide d'en avoir le cœur net :

— Bon, tu m'expliques ? demande-je.

— Hein ? fait Noémie visiblement dans l'incompréhension.

— Je ne sais pas. Un jour, tu me parles comme si on était les meilleures amies du monde, le lendemain, c'est à peine si tu me calcules. On dirait une clim' réversible et crois-moi, ça ne m'intéresse pas. Donc qu'est-ce que tu me veux ?

— Alors, dans un premier temps, j'aimerais que tu redescendes un peu. Dans un second temps, j'aimerais que tu me parles autrement et dans un troisième et dernier temps, je ne comprends absolument pas tes reproches.

— Ce n'est absolument pas un reproche, c'est une question. Qu'est-ce que tu attends de moi ?

— Déjà, tu vas arrêter d'être aussi agressive.

Je ne sais pas pour qui je me prends, mais j'y vais à fond. Dans une scène digne des meilleures télénovelas, je me prête au jeu de l'amoureuse transie qui attend qu'on la rattrape et qu'on l'embrasse devant tout le monde en lui disant que c'est elle qu'on veut. Rien ne se passe comme prévu. Noémie lève les yeux au ciel, souffle et finit par partir en me disant que les reproches de gamines, ce n'est pas pour elle. Moi qui voulais être retenue, je me retrouve dans la position de celle qui reste et je ne fais rien pour la retenir. Moi, une gamine ? Mais pour qui elle se prend ? Je voulais avoir une discussion d'adulte... alors oui, le ton était peut-être excessif, mais quand même. Je la regarde partir et je croque dans le sandwich qu'elle m'a pris. Je le recrache immédiatement en me rendant compte qu'elle a demandé un supplément oignon alors que je déteste ça. Cette journée risque d'être longue et compliquée.

*

Dans une autre partie de l'établissement, Milo et Clémence sont en pleine dispute. C'est entouré de toilettes et de savons jaunes accrochés au mur, que les deux amoureux se prennent la tête.

— Milo, je n'en peux plus. Il faut tout lui dire. Je ne continuerai pas à mentir à ma meilleure amie. J'ai atteint la limite, là !

— Juste une semaine de plus, je t'en supplie, dit Milo.

— Mais pourquoi attendre ? Elle va déjà très mal prendre le fait que je lui ai caché autant de temps dont autant arracher la bande maintenant.

Avant même que Milo ne réponde, la porte d'une des toilettes s'ouvre. Romy, qui a pris l'habitude de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, sort.

— Faites comme si je n'étais pas là, fait-elle innocemment.

— T'es là depuis longtemps ? demande Milo.