Mon€y

Épisode 6 - « Money changes everything » - Partie 2

À la pause déjeuner, Simon n'a pas bougé de sa chaise. Tandis que les élèves sortent déjeuner, Romy et moi, nous avançons vers lui. Romy demande des explications et Simon les lui fournit sur un ton monotone. Il n'en faut pas plus à Romy pour entrer dans une colère noire.

— Ok, je vais te venger.

— Doucement, Batman ! Je n'ai pas besoin d'être défendu. Laissez-moi digérer tout ça et ça ira mieux. Honnêtement, j'ai l'habitude. Ça n'excuse rien, mais j'ai juste besoin de quelques minutes, répond Simon.

Avec Romy, nous décidons de nous transformer en clown pour tenter de le faire rire. Peu à peu, Simon se débride. Il sourit et finit par nous assurer que tout va bien. C'est ce moment que choisit Mathis pour débarquer en trombe dans notre classe.

— Putain mec, je suis sincèrement désolé. C'est la dernière fois qu'un gars de mon équipe te causera des problèmes, tu peux me croire. Je lui ai réglé son affaire et toi, tu peux te sentir tranquille.

Simon a du mal à répondre. Puis au bout de quelques secondes, il se lance :

— Je te remercie, Mathis. Désolé d'être parti tout à l'heure, mais je préférais ne pas envenimer les choses. Tout va bien, ne t'inquiète pas pour moi.

— Bordel, vraiment, mec ! Je suis désolé. Tu sais, ils ne sont pas méchants... ils n'ont juste pas de cerveau dans mon équipe...

— Bah, justement...

Les deux garçons se serrent dans les bras et j'observe Romy les regarder avec tendresse. Une nouvelle histoire d'amour est sur le point de débuter.

— Bon, ce n'est pas que ça ne m'émeut pas vos embrassades, mais j'ai des trucs à faire, moi, dis-je au trio.

Je profite de l'accalmie pour me rendre à mon spot habituel. J'espère enfin voir Clémence pour pouvoir discuter avec elle. En arrivant à la table de ping-pong, je la trouve étonnamment vide. Je m'assois et j'envoie une dizaine de messages à Clémence. Je commence par des messages d'inquiétude, puis viennent très vite les messages de pitié et de supplication. Je me demande si je lui ai fait quelque chose de mal et j'essaie de repasser le film des dernières semaines dans ma tête. Je suis interrompue par Noémie qui se poste devant moi, deux gobelets à la main. Elle m'en tend un.

— Tiens, je me dis que le moment est bien choisi pour notre café.

Des papillons se font sentir dans mon ventre. Je la regarde avec des yeux en cœur et je ne suis à rien de lui demander de m'épouser. Je réfrène mes pulsions et lui propose de s'asseoir à côté de moi, demande bien plus raisonnable.

— Merci. Pour le café, lui dis-je en faisant un clin d'œil. Ça va ?

— Ça va comme une fin de matinée de cours... je suis épuisée. Mais, je reprends des forces depuis que je suis à côté de toi.

— Non, franchement ? Tu pensais vraiment m'avoir avec cette disquette ?

— Peut-être bien...

Nous continuons notre discussion et je remarque que je me livre facilement à une presque inconnue. De son côté, Noémie m'explique qu'elle est impatiente de terminer le lycée pour pouvoir commencer ses études supérieures à la fac. Elle a choisi l'université de Paris pour faire du droit. Elle a toujours eu envie d'être avocate... c'est ce qu'elle me dit avant de rectifier en expliquant que depuis qu'elle a vu Murder, elle n'a qu'une idée en tête : devenir Annalise Keating. Je l'écoute me parler de sa famille et je me mets à rire à chacune de ses blagues. Noémie me pose ensuite des questions sur moi, sur ma famille, sur mes projets. Quand sonne la reprise des cours, je n'ai qu'une envie : arrêter le temps pour continuer de discuter avec elle. Je me sens si bien à ses côtés. En partant, elle me dépose un bisou légèrement proche de la commissure de mes lèvres. Je me mets à rougir et à lui sourire.