Épisode 3 - « Make the money » - Partie 1

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La nuit fut extrêmement courte. Tracassée par les soucis financiers de mes parents et également par mon projet, je n'ai pas trouvé le sommeil facilement. Pour m'endormir, j'ai tenté de me répéter le discours que j'avais préparé pour la réunion. Rien n'y avait fait, je m'étais écroulée de fatigue en scrollant sur les réseaux sociaux.

Ce matin, l'ambiance n'est pas à la fête lorsque je prends mon petit-déjeuner avec ma famille. Milo, lui, au contraire, est de très bonne humeur. Il ne cesse de faire des blagues et amuse mes parents avec les premières anecdotes de lycée. Je crois que son histoire d'amour avec cette mystérieuse inconnue lui fait du bien. De mon côté, je reste silencieuse et ce n'est pas mon histoire d'amour qui peut me sauver... pour la simple et bonne raison que mon inconnue à moi est inexistante. Rien n'y fait, je n'arrive pas à manger mon bol de céréales. En plus d'avoir perdu ma langue ce matin, j'ai, également, l'estomac noué. Pendant que je regarde mes céréales ramollir dans mon lait, j'entends mes parents nous rappeler l'importance de bien travailler à l'école. Mon père ne se prive pas de rajouter que si nous ne voulons pas finir comme lui, il faudra travailler dur. J'ai envie de le secouer et de lui dire qu'il est le meilleur père dont je pouvais rêver et que je suis fière de lui. Pourtant, par pudeur, je me retiens. Un long moment de gêne s'installe et c'est Milo qui me sort de cette situation en me pressant pour ne pas arriver en retard au lycée. Comme un robot, je m'exécute.

Sur le trajet. Milo continue de faire le pitre et fait l'animation. Grâce à lui, je m'apaise peu à peu et je me détends avant la réunion de dix heures.

En arrivant au lycée, j'aperçois au loin Clémence discuter avec Mathis.

— Ils sont amis, maintenant ? me demande Milo.

J'entends une pointe de jalousie dans sa voix, je trouve ça étrange, mais je ne creuse pas plus. Milo a toujours eu ce côté protecteur avec Clémence, même s'il est plus jeune. Pour être honnête, je suis bien trop occupée ailleurs pour prêter attention à l'esprit de rivalité que ressent mon frère face à Mathis. Mes yeux se sont posés sur une des filles de terminale. Elle est grande, elle a de longs cheveux bruns qu'elle a attachés rapidement ce qui lui donne un côté coiffé/décoiffé qui la rend incroyablement belle et naturelle. Elle porte une veste en jean et un jean noir. Je la trouve magnifique et je reste bloquée sur elle. Je l'observe amuser son groupe d'amis. Elle dégage un charme fou et je sens des papillons dans mon ventre.

— Bon, tu réponds ou quoi ?

Milo est insistant et me sort de mes rêveries.

— Oui, ils sont amis. Viens, on va les voir.

Sans décrocher le regard de la terminale, j'avance vers Clémence et Mathis. Je tords mon cou dans tous les sens pour ne pas rater cette magnifique fille. Elle ne me voit pas et moi, je ne vois qu'elle. Une beauté à couper le souffle et quand j'arrive à la hauteur de Clem et Mathis, je ne respire plus... peut-être que j'exagère encore. Mon frère les salue et un malaise s'installe entre nous. Une tension dans l'atmosphère se répand, mais je suis trop intriguée par ma belle terminale pour m'en préoccuper. La sonnerie retentit et tous les élèves se dispersent. Mon frère et Mathis partent vers le gymnase pour leur entraînement quotidien et avec Clémence, nous nous dirigeons vers les salles de classe. La terminale en tête, j'essaye d'interroger Clémence sur elle, espérant qu'elle m'apporte des informations croustillantes :

— Tu sais qui c'est elle ? fais-je en indiquant de la tête la terminale.

— Tu parles de Noémie Berthot ? répond-elle en la pointant du doigt pour être sûre que nous parlons de la même personne.

— Putain, Clem ! Sois discrète. Oui, je parle d'elle.

— Et bien, voici Noémie Berthot, la terminale la plus drôle et la plus appréciée de sa promo. Je ne la connais pas personnellement, j'ai juste été à l'infirmerie en même temps qu'elle. Elle a lâché un maximum de vannes en un minimum de temps. C'est ma nouvelle déesse. Pourquoi tu me demandes ?

— Elle est super belle...

— Elisa aurait enfin un crush ? Après tant d'années ?

— Je ne l'avais jamais vue avant.

— Tu ne l'avais simplement pas regardé... répond-elle sur un ton mystérieux tout en faisant bouger ses sourcils.

Sur cette dernière phrase, je rejoins ma salle et j'attends patiemment que l'horloge tourne et pointe sur le chiffre dix. Les cours sont devenus le cadet de mes soucis et je ne peux me résoudre à oublier cette réunion avec l'équipe. Les minutes défilent très vite et je n'ai pas le temps de le voir venir que la sonnerie retentit déjà. Dans quelques secondes, je serai avec la Squad pour la première réunion. Le stress est à son maximum.

De leurs côtés, chaque membre est sur le qui-vive. Mathis quitte le gymnase à la hâte et est le premier à arriver en salle de permanence. Il s'installe tout au fond en plein milieu. Simon est le suivant, il choisit le premier rang et s'installe près de la porte. Romy, quant à elle, traîne les pieds jusqu'à la dernière place contre la fenêtre suivie par Clémence qui s'installe en plein milieu de la salle de permanence. Aucun surveillant, la salle est silencieuse et les quatre membres ne se regardent pas. Ils sont tous occupés à leurs petites affaires.

À 10h01, je pénètre dans la salle de permanence. Je regarde derrière moi, personne ne s'apprête à entrer. Je dois être brève et concise, car je sais que cette salle ne sera pas vide très longtemps et qu'un ou une surveillante ne va pas tarder à débarquer. Je prends la parole :

— Vous êtes tous là, je pense qu'il serait judicieux de tous nous réunir et prétendre à un travail de groupe au cas où quelqu'un demanderait, ça vous va ?

Romy, Simon et Mathis comprennent, alors, qu'ils font partie de la même équipe. Ce que je ne comprends pas, c'est que Clémence, déjà dans la confidence et au courant du projet, donne l'impression de découvrir les membres de la Squad en même temps qu'eux. Je lève les yeux au ciel et lui demande tout bas :

— Putain, Clem, tu sais que tu m'as aidée à choisir qui ferait partie de notre équipe ?

— Meuf, j'ai juste oublié. J'étais tellement stressée que quand je suis entrée en perm', je me suis installée et je n'ai pas fait attention à qui était là ou pas. J'ai essayé de ne pas attirer l'attention.

— Clémence, tu es un spécimen rare.

Les uns et autres s'observent et se toisent. Nous sommes désormais une équipe, spéciale, mais fonctionnelle. Tandis que nous déplaçons les tables pour pouvoir travailler efficacement, les regards se croisent parmi les membres. Silencieusement, tout le monde prend sa place. Je prends la parole et débute le speech que j'avais préparé la veille.

— Comme expliqué hier à chacun d'entre vous, bienvenue dans la Squad.

— C'est le nom définitif ? m'interrompt Mathis.

Prise au dépourvue, je bégaie :

— Euh, non, je ne sais pas, enfin, peut-être, tu as mieux à proposer ?

— Non, mais je vais peut-être y réfléchir. Il faut qu'on ait un nom qui claque.

— Pas des noms de capitales, ça existe déjà et il faut qu'on soit original, rétorque Romy.

Je sais qu'ils sont excités par cette nouvelle activité, mais j'ai besoin de l'attention de tous pour que notre projet soit mené à bien. J'essaye alors de faire preuve d'autorité :

— Est-ce qu'on peut se concentrer sur la réunion et sur le but de notre business ?

Le silence se fait dans la salle et je vais enfin pouvoir déballer le speech que j'ai préparé. La réunion peut enfin commencer et il est l'heure pour moi d'enfin montrer mes capacités de leader et de captiver mon auditoire. J'espère qu'ils seront aussi déterminés et motivés que moi. Peter Drucker a dit que « La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer. », à moi de créer l'avenir de cette entreprise. 

Mon€yWhere stories live. Discover now