Chapitre 6

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Je suis devant l'appartement de Newton. J'angoisse. J'entends Minho me répéter qu'il n'est qu'un adolescent s'affolant sur une guitare, qu'il n'a rien de plus que moi et qu'il me veut certainement comme amant. Enfin, c'est ce qu'il m'a assuré dans ses mots propres à lui. Mais je ne le crois pas, mon anxiété ne cesse de me dévorer. Je prends mon courage et toque timidement. J'entends ses pas s'avancer jusqu'à moi, la porte s'ouvre. Il apparaît, avec une chemise blanche et un pantalon beige. Il est à couper le souffle.

« Salut ! Comment tu vas ? »

Je me sens rougir et bredouille : « À merveille. Et toi ?

- Tout pareil, merci ! rit-il. Allez, entre ! »

Son appartement est immense, décoré d'instruments et d'affiches de dates de concerts, parfumé à la rose. Je m'assois sur le canapé alors qu'il me propose : « Souhaites-tu quelque chose à boire ?

- J'aimerais bien de l'eau, s'il te plait. »

Nous nous sourions, légèrement intimidés. Lorsqu'il m'apporte ma commande, il passe une main dans ses cheveux et me fixe. Ses yeux noirs luisent d'une lumière blanchâtre, envoûtante, hypnotisante. Ils protègent une infinité d'abysses. Ils sont beaux.

« Excuse-moi, pour Gally et ce stupide mot... commence-t-il. J'ai voulu te rencontrer moi-même, mais on me l'a interdit. Je n'ai pas eu le choix, mon producteur représente la moitié de ma carrière... J'espère ne pas t'avoir fait paniquer.

- J'avoue que j'ai été surpris, mais... rien de plus. mens-je.

- Voilà qui me rassure. sourit-il. Oh, et... je tiens à m'excuser, sincèrement. Toute cette histoire est de ma faute.

- Cela ne l'est pas. contredis-je. Personne n'aurait pu prédire une telle ampleur.

- J'aurais au moins dû te prévenir, qu'il y avait des fans intrusifs qui me tournaient autour... mais, je suis soulagé de voir que cela ne te perturbe pas davantage. Bien que toutes ces rumeurs ne s'éteindront pas avant un bon bout de temps...

- Ah oui ? rougis-je. Tu ne comptes pas y répondre par la confirmation de ton hétérosexualité ? Ou simplement en niant les faits ? »

Ses joues rosissent et je sais que j'ai dit ce qu'il ne fallait pas.

« Oui, alors... um... »

Il se gratte la nuque et balbutie : « Le truc, c'est que... Enfin, en réalité... » Il se mord la lèvre et soupire : « Je... suis gay. Personne ne le sait en dehors de mon équipe et de ma famille.

- Tu... Tu es... balbutie-je. Tu... en es certain ? dis-je au hasard.

- J'en suis extrêmement certain, oui... rit-il, le visage rouge. Et... cette rumeur a lancé des dizaines et des dizaines de demandes d'interviews et de collaborations. Ça ne fait que grandir ma carrière. Pour le moment, j'ai tout refusé, je ne me sens pas prêt à faire ça seul... mais... la production pense que tout ça ne sera que bénéfique. Ils m'ont demandé de ne rien répondre, d'attendre en silence... Je ne sais pas comment réagir. C'est égoïste, car à présent, tu es tout autant harcelé. Mais ma voix ne compte pas, et je ne peux pas prendre le risque de perdre mon équipe. J'ai besoin de tout cet argent, que ce soit pour mes études ou pour ma famille.

- Je comprends ta situation... Nous sommes tous égoïste pour notre propre bien. Et... tant que cela ne va pas plus loin, je ne m'inquiète pas pour ces paparazzis. J'aimerais simplement... savoir ce que tu comptes faire. avoue-je.

- Très bien, c'est ici que la partie cinglante arrive... souffle-t-il. Je ne sais pas du tout comment t'annoncer une telle chose... Avant tout... j'aimerais que tu saches que cette idée ne vient pas de moi, et que j'ai tout fait pour t'éviter le moindre problème.

- Quoi que tu dises, je ne porterai aucun jugement à ton égard. assure-je.

- On... soupire-t-il. On m'a suggéré... d'agir avec toi comme si la rumeur était vraie. Cela a un but de visibilité, d'attention, et de propositions.

-Co... Comment... fais-je, perdu.

- Nous... Nous devons agir... comme un véritable couple... uniquement en public, je te rassure. ajoute-t-il. Et... pendant un bout de temps. C'est-à-dire...quelques mois. Bien sûr, je ne ferai rien sans ton accord. Mais, je pense aussi que cette issue pourrait nous éviter autant d'harcèlement médiatique... je pense. insiste-t-il. Les médias sont imprévisibles, parfois...

- Agir... comme un couple ? relève-je. Si cela est une question de jeu de rôle... que sommes-nous censés faire en public ? »

Ses joues rougissent encore plus. Je le vois mordre l'intérieur de sa joue et triturer nerveusement ses doigts. Il répète : « C'est absurde, comme situation, mais... nous sommes supposés se tenir la main, passer du temps ensemble, parler entre nous, et... s'embrasser... déglutit-il. Évidemment, nous ne sommes pas forcés de le faire vraiment ! Si tu es mal à l'aise, je t'apprendrais comment embrasser au théâtre ! Si ce n'est pas le cas... je n'y vois personnellement aucun inconvénient... murmure-t-il timidement. » Je ne comprends pas. Je le regarde, une minute puis deux, abasourdi, surpris, sans voix. Je veux l'aider. Mais je doute. Et si notre couple se retournait contre moi ? L'homosexualité n'a jamais été entièrement tolérée. Je prendrai des risques en m'aventurant dans un tel contrat. Mais, d'un autre côté, j'aurai l'opportunité d'apprendre à connaître Newton, et même à le toucher. Il est certainement mon plus grand fantasme. Je devrais en profiter, ne croyez-vous pas ?

« S'em... S'embrasser... répète-je sans but.

- Uniquement devant les caméras ! précise-t-il. Ce serait... une relation uniquement médiatique. C'est drôle, généralement, les grandes personnalités masculines engagent des fausses petites amies pour cacher leur homosexualité, et moi... je fais tout l'inverse. rit-il un peu, rouge d'embarras.

- Es-tu... Es-tu d'accord, avec cette histoire de fausse relation ? ose-je finalement demander. Cela ne dérange-t-il pas ton petit ami ? »

Ses yeux grossissent et il balbutie : « Je... Je n'ai pas de petit ami... pas encore... » Je rougis à mon tour et lâche d'une faible voix : « Oh... Pardonne-moi, je... j'ai de suite assumé que... que tu étais pris... » Newton sourit et me répond enfin : « Tu es très beau garçon, tu es d'une gentillesse remarquable, forcément intelligent puisque tu étudies ici... Non, ça ne me pose pas de problème de faire semblant... Après tout, nous pourrions devenir très proches, qui sait ?

- Qui sait... dis-je timidement dans un petit sourire. »

Il rougit davantage si cela est faisable et s'excuse : « Désolé, je suis... embarrassant. C'est juste que... avec cette carrière et ces concerts, je n'ai jamais eu l'occasion de me faire des amis... Quand tu as du succès, tu ne sais jamais qui tient réellement à toi...

- Eh bien... je connaissais déjà ton succès, mais je ne me suis toujours qu'intéressé à toi pour ce que tu es. Nous pourrions très bien finir par être de très bons amis.

- Ah... Ah oui ? rosit-il. Ce serait vraiment sympa... sourit-il. Alors... tu acceptes ? »

Je le fixe un moment avant de dire : « J'accepte. » Et nous nous sourions sans mot, les yeux dans les yeux et les joues rouges.

𝔸 𝕤𝕥𝕒𝕣 𝕝𝕠𝕧𝕖  -ℕ𝕖𝕨𝕥𝕞𝕒𝕤Where stories live. Discover now