Chapitre 2

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Nos quatre premières heures se sont bien déroulées. Malgré la foule qui inonde le campus, je n'ai pas eu l'occasion de croiser Newton. J'en viens à me demander si Teresa s'est bien renseignée. Malgré ce doute, j'ai tout de même perçu certaines conversations, où des lycéens discutaient de cette fameuse nouvelle recrue dans des rires gras. Il ne me reste plus qu'à patienter, je suppose. Je suis assis sur un banc, éloigné de la cour, sous un somptueux arbre. Ce petit coin calme est mon endroit de repos. Je m'y rends durant mes heures de pause, pour lire, réviser, ou simplement réfléchir. Teresa et Minho ne sont pas à mes côtés, ils ont tous deux pris une matière qui ne figure pas dans mes options. Je suis seul, mon téléphone en main, mes lunettes sur le nez, mon bonnet fétiche sur la tête. Je me balade sur plusieurs réseaux sociaux, bien que je n'y poste rien. J'entends les pas des autres élèves autour de moi, les bruitages de leur conversation, le vent qui frôle avec délicatesse mon visage et les feuilles qu'il berce. Cela a le don de me détendre. Je suis tranquillement assis là, dans mon coin, sans personne pour me remarquer et me juger. Du moins, c'est ce que je pensais.

« Salut, pourrais-tu me montrer où se trouve la cafétéria, s'il te plait ? »

Cette voix et cet accent, je ne les connais que trop bien. Je sursaute immédiatement et manque de tomber. J'entends le nouvel arrivant s'excuser de m'avoir surpris ainsi alors que mes joues se pourprent. Devant moi se tient l'objet de mes multiples rêves et fantasmes. Il est juste ici, vêtu d'un simple haut blanc et d'un pantalon beige, une chaîne en or suspend à son cou. Son sac à dos n'est que soulevé par une lanière, l'autre pend dans le vide. Je le scrute de haut en bas. Il est davantage splendide que sur mon cellulaire. Je porte une main à mon bonnet qui a glissé pendant mon sursaut et le replace correctement. Je ne sais plus comment parler. Newton me sourit, comme amusé par mon mutisme. Son regard me brûle la peau et je le sens se rapprocher de moi. Je formule une phrase de réponse dans mon esprit et tente de la sortir convenablement, mais le regard insistant du garçon me fait bêtement bégayer : « Euh... la... cafétéria ? » Décidément, mes répétitions n'ont pas été d'une très grande utilité. Newton rit doucement.

« Oui, je suis nouveau et un peu paumé ! J'ai fait au moins trois fois le tour des bâtiments, et je n'ai toujours pas mis la main dessus ! »

Je perds le contrôle de tous mes muscles et balbutie comme réponse : « Oui, oui, je... je peux te montrer où... où elle est. » Ma voix rauque me surprend.

« Merci beaucoup ! Tu me sauves ! me sourit-il dans un rire. »

Et je reste là, stoïque, à bredouiller : « P-Pas de soucis... » Newton rit à nouveau et finit par me tendre poliment sa main.

« Je m'appelle Newton. Et toi ? »

Sa modestie ne fait que me charmer davantage. Était-il si parfait ? J'hésite un instant puis finis par la serrer, agrandissant son sourire.

« Thomas. »

Je crois bien avoir perdu le total contrôle de mon corps et de mes actes.

« Eh bien, enchanté ! »

Il me sourit et retire sa main de la mienne, la chaleur qu'il y a laissé me quitte aussitôt. J'hoche la tête, n'arrivant pas à répondre autre chose. Je me lève avant de prendre mon sac à dos en main et de réajuster mes lunettes. Je tremble de tout mon corps. Il faut avouer que je n'ai pas l'habitude que l'on s'adresse à moi, en dehors des professeurs, de Minho et de Teresa. Je commence à marcher, suivi de près par le blond, et défile à travers la cour. Beaucoup d'élèves se retournent vers nous. Certains prennent des photos, d'autres nous pointent vulgairement du doigt, et je vois un groupe de lycéenne glousser. Toutes les jeunes filles présentes bavent devant Newton. Cette vision fait serrer mon cœur.

« J'aime beaucoup ton style. »

Son compliment soudain me soutire d'innombrables rougeurs.

« M-Merci... »

Un doux rire me répond et me fait délicieusement frissonner. Je me mets inconsciemment à accélérer le pas lorsque que nous pénétrons dans le gigantesque parc qui conduit à la cafétéria. Nous marchons dans le plus pieux de tous les silences. Je ne cesse de fixer mes pieds, de peur de trop regarder le blond à ma droite, ou de croiser son regard ténébreux. Mon cœur continue toujours autant de s'affoler dans ma cage thoracique, mes mains tremblent étrangement beaucoup, je crains de paraître ridicule devant Newton. Ce dernier ne me lâche pas des yeux. Je panique. Heureusement pour moi, j'aperçois au loin l'entrée de la cafétéria. Nous nous y rendons en quelques secondes, je conduis le blond jusqu'à la file d'attente. Tous les lycéens se retournent en nous voyant approcher. Newton a l'air habitué par toute cette attention, il l'ignore facilement. Mais alors que nous entrons dans le bâtiment, un grand châtain musclé et habillé de noir nous stoppe en posant une main sur mon torse.

« Qui t'es, toi ? »

Il me fusille de son regard froid. Newton soupire : « Calme, Gally. Je lui ai simplement demandé de m'accompagner jusqu'à la cafétéria. Je me suis paumé.

- Voilà pourquoi je t'ai demandé de rester avec moi ! Je peux perdre mon boulot, si je te perds de vue !

- Désolé, je n'avais pas envie d'être aperçu comme une grande star incapable et dépendante qui a besoin d'être protégé h 24 par un garde du corps...

- C'est pourtant ce que tu es, une grande star. On ne peut pas te laisser tout seul comme ça. Trop risqué. »

Newton souffle avant d'acquiescer de la tête. Gally l'attrape par le bras et ordonne : « Bon, maintenant, tu viens. Et toi, l'intello, tu dégages. »  J'hoche frénétiquement la tête comme unique réponse, trop intimidé pour prononcer une syllabe. Gally s'éloigne, non sans rappeler Newton à l'ordre quand il me sourit : « Excuse-moi. J'espère qu'on se reverra, Tommy ! » Il me fait un clin d'œil et disparaît dans les immenses couloirs du réfectoire. Je me sens rougir.

"Tommy"

𝔸 𝕤𝕥𝕒𝕣 𝕝𝕠𝕧𝕖  -ℕ𝕖𝕨𝕥𝕞𝕒𝕤Where stories live. Discover now