Chapitre 15

456 54 8
                                    

  La musique résonnait dans les sous-sols, la fumée des cigarettes donnant une atmosphère assez mystérieuse au casino.

C'était la première fois que Maël emmenait Oleg dans ce casino en particulier, ce qui étonnait encore plus le Russe du nombre important de ces lieux de perdition. Malgré les fois où Oleg avait accompagné le brun, il ne s'habituait toujours pas à cette ambiance particulière, d'excitation, de colère et d'enivrement. Les joueurs extériorisaient leurs victoires autant que leurs défaites de façon bruyante.

Maël jouait à la roulette, ses doigts tapotant sur ses cuisses avec excitation et ferveur. Ses yeux fixaient avec avidité la bille, sa cage thoracique se gonflant et se dégonflant au rythme effréné de la musique. Son corps entier était happé par le jeu.

Oleg regardait le visage du bouclé avec un goût amer dans la bouche. Il avait vu cette expression à de trop nombreuses reprises sur le visage de son père. C'était l'addiction à l'état pur, l'état de folie sans nom qui gagnait de plus en plus de terrain. Un pincement apparut dans la poitrine du Russe alors qu'il observait avec un air désolé le jeune homme. Il voulait attraper Maël et l'emmener le plus loin possible des tables de jeux, il voulait l'empêcher de tomber dans ce genre de vice, de le sauver de ses envies destructrices.

Cependant il ne fit rien, continuant de regarder le garçon avec impuissance.

Alors que Maël était en pleine victoire, son visage se tordit tout à coup de mécontentement. Il sortit son téléphone de sa poche et grommela avant de répondre d'un ton hargneux et désagréable.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Oleg ignorait l'identité de la personne qui se trouvait à l'autre bout du fil. Il n'arriva d'ailleurs pas à saisir toute la conversation à cause de la musique et des cris des joueurs. Pourtant il pouvait détailler les expressions sur le visage du garçon aux cheveux mi longs, colériques et pleines de dégout.

- Je n'en ai rien à faire. Fais ce que tu veux. Vois ça avec ta femme.

La voix de Maël augmentait de plus en plus, venant presque jusqu'à crier. Et ce fut à ce moment que le Russe puis reconnaitre l'identité de l'appelant comme étant le père de Maël.

- Papa je m'en fiche. Donne-le-moi ou pas j'en ai rien à faire.

Un silence.

- Oui je joue, qu'est-ce que ça peut te foutre.

Un autre silence, puis son visage s'adoucit lentement pour un affiché un air hautain et sûr de lui.

- Plus que ça, au moins 500.

Oleg ne savait pas de quoi parlait Maël avec son père, mais ce dont il était sûr c'était que cette expression qui dansait sur le visage du bouclé n'était pas agréable à regarder.

Le Russe tiqua en voyant les traits du brun se déformer de la sorte, il voyait une partie du jeune homme qu'il ne connaissait pas. Une personne quelque peu mauvaise avec son père, qui jouait et s'emportait rapidement de façon enfantine et pourrie.

Cependant Oleg essaya de ne pas trop porter d'importance à la situation, il ne connaissait rien de la relation que Maël entretenait avec son père, ni l'étendu des problèmes que les deux pouvaient rencontrer en communiquant. Mais cette scène resta dans son esprit en même temps que ses sourcils se froncèrent.

Pourtant le jeune dut mettre ses pensées de côté quand Maël raccrocha avec son père. Il grommela puis se tourna vers le Russe pour lui adresser quelques mots.

- Je commence à en avoir marre, je veux bouger de casino. C'est de la merde ici.

Alors que le souffle du brun effleurait le nez d'Oleg, ce dernier comprit à quel point le garçon était alcoolisé. Il n'avait pas vraiment fait attention aux verres qu'il avait commandé, les autres joueurs semblant apporter un peu trop d'attention au garçon.

All inOù les histoires vivent. Découvrez maintenant